Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« Brink » : encore plus près des étoiles ?
Il aurait fallu être lecteur de la revue anglaise 2000AD pour avoir pu découvrir ce récit de science-fiction (What Else ?), débuté en 2016 dans le prog 1978. Mais, oh joie, les éditions Akileos offrent au lectorat français, en un seul gros volume, les trois tomes édités en Angleterre par Reflexion, de ce qu’il est convenu d’appeler un chef-d’œuvre.
Nous sommes à la fin du 21e siècle. Ce qu’il reste de l’humanité, après une destruction de la Terre inévitable, vit entassée dans de géantes stations spatiales surpeuplées (le Brink) où la population, traumatisée et anxiogène, doit être surveillée par une force de sécurité : la DSH, qui a fort à faire. En effet, si quelques sectes de moindre importance ont été repérées sur différentes stations, elles ne sont pas sensées se connaitre. Aussi, comment expliquer qu’une même croyance ait pu atteindre l’ensemble de la population, annonçant la venue d’une divinité cosmique : le cœur de lépreux ? Bridget Kyrtis, enquêtrice pour la DSH, va se trouver au cœur d’une affaire mêlant politique, forts enjeux économiques, et avenir de l’humanité.
Dan Abnett est un auteur anglais travaillant entre autre pour 2000AD et Marvel. Il a débuté sa carrière comme romancier et à écrit plus de 50 livres. Dans l’univers BD, il peut s’enorgueillir de réussites sur des titres comme « Judge Dredd », « Légion » (avec un jeune Olivier Coipel), « Nova », le run des « Gardiens de la galaxie » ayant servi de base au premier film, et bien d’autres grosses licences… bref, la science-fiction et le Space Opera, il connaît. Il livre ici, avec « Brink » (le nom du principe de station spatiale, mais aussi la contraction du nom de Brinkman, l’ami-collègue masculin de l’agent Kyrtis), un récit réussissant le pari de l’épique dans un milieu oppressant et confiné.
Ian Culbard, quant à lui, est surtout connu en France pour des adaptations d’histoires de HP Lovecraft, chez le même éditeur, mais on aimerait pouvoir aussi l’apprécier sur ses titres « Dark Ages » (avec Brennan Thome, chez Dark Horse, 2014, « Brass Sun », avec Ian Edginton (2014 chez 2000AD), ou encore « Wild’s End » avec Dan Abnett, chez Boom studios 2014-2015). Je ne peux pas dire que jusqu’à présent, malgré le réel intérêt de ces albums français, son dessin m’ait transcendé au point de franchir le pas de l’achat. Et pourtant, le dessinateur parvient ici, au long d’environ 270 pages, avec un traitement d’encrage souple aux couleurs chaudes très agréables, à nous embarquer, dès les premières cases, dans le maelstrom d’un récit riche aux nombreux rebondissements. Un style graphique que l’on pourrait d’ailleurs associer à ceux de Chris Lamquet ou Philippe Berthet, toute mesure gardée.
Intelligence et acuité du propos et des dialogues, originalité d’un scénario science-fictionnel rarement lu, maintenant d’ailleurs un attrait pour l’univers Lovecraftien, empathie des principaux protagonistes, et diversité des personnages abordés, on a du mal à trouver un quelconque défaut à une œuvre si ambitieuse et réussie. « Brink » fait non seulement preuve d’une grande modernité dans son sujet, abordant l’échec de l’homme sur terre, et sa propension à la survie, tout en introduisant deux alternatives (trois ?) à une situation quelque peu transitoire d’une vie peu confortable, tout du moins pour les classes sociales défavorisées. En cela il rejoindra les grands classiques du genre, dont « Elysium » abordait récemment le propos au cinéma, mais « Alita : Battle Angel » (adapté du Manga « Gunm ») aussi, y apportant en plus une touche thriller, voire policière, par le biais de l’enquête poussée, rappelant le plus ancien film « Outland » (1981), avec Sean Connery.
Politique, société ultra libérale conspuant le droit humain, sectarisme, croyances ancestrales recyclées pour un avenir « meilleur »…« Brink » est tout cela, et bien plus. Cet album, augmenté des couvertures couleur originales et de quelques recherches encrées se suffit à lui-même, mais on adorerait lire une suite tant on ressort transi de cette histoire.
Un comics qui rejoint directement l’étagère des indispensables « UW1 », « Tropique des étoiles »,
« Aldebaran », « Le Complexe du chimpanzé », « Aama »…
Coup de cœur !
Franck GUIGUE
« Brink » : par Dan Abnett et Ian Culbard
Éditions Akiléos, (29,90 €) – ISBN : 9782355744440
Petit mot d’humeur : quand on met des références, eh bien… Ce doit être des références ( donc des BD à succès, ou très connues, ou ayant eu un impact profond dans la BD) ; à part Aldébaran, ce n’est pas le cas ici ; si tu veux nous dire tes coups de cœur, il suffit de faire un article « Mes coups de cœur » ! Mais polluer cet article avec le chimpanzé de l’agressif Marazano, qui n’a rien à voir avec Brink, c’est un manque de rigueur.
Peut-être aurais-je trouvé meilleures grâces à vos yeux Patydoc, en parlant de choses que vous connaissez par cœur ?? Mes goûts, je les cultive, les revendique et les partage depuis plus de 35 ans, et c’est ce qui me permet d’être apprécié par de nombreux professionnels, (et un site comme BDzoom ?!). Je ne vois qu’une seule faute de goût, et un seul « agressif » ici, …c’est vous.
Bien désolé pour vous.