Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« The Wendy project » : se projeter, pour avancer…
Drôle de comics alternatif que ce récit intimiste flirtant avec l’univers de James Matthew Barrie. Un petit roman graphique agréable, abordant le thème du deuil par le regard d’une adolescente.
Wendy à seize ans. Elle ramène ses deux frères, plus jeunes, un soir, en voiture (nous sommes aux États-Unis). Mais le chahut à l’arrière la déconcentre et c’est l’accident. Leur voiture s’abîme dans la rivière. Seuls Wendy et John en réchappent, Michael disparaissant sous leurs yeux. Wendy et son frère sont traumatisés par cet événement et si John se réfugie dans le mutisme, sa sÅ“ur projette le manque dans un univers fantasmagorique, qu’elle écrit et dessine dans son carnet intime. Michael lui apparait dans ce que le médecins qui la suivent considèrent comme des hallucinations. Elle va pourtant un soir partir le retrouver avec John…pour toujours ?
Dans ce joli album cartonné où le dessin, au style jeunesse semi-réaliste et léger, réalisé au feutre fin, pourrait être celui d’un carnet d’adolescente, les couleurs sont rares et posées au feutre dans une technique proche de l’aquarelle. Un effet bien vu qui se manifeste à son paroxysme lorsque Wendy et son frère « voyagent » ensemble au pays de nulle part. Une manière assez classique mais bien amenée, et flirtant avec, on le devine, une expérience sûrement réelle, qui apporte tout son charme à cette publication.
Melissa Jane Osborne est actrice, scénariste et créatrice américaine. Elle a réalisé le court-métrage « Oma » sur l’interview d’une rescapée des camps de concentration (interprétée par Lynn Cohen : « Munich », « The Hunger games » ) et son long premier métrage « Always Remember Me » traite de l’anniversaire d’un enfant de 7 ans dont un des parents, meilleur ami(e) du personnage principal, est mort depuis 18 ans. Il semble que ce thème, basé sur des faits réels, ronge l’autrice. Pour son premier comics, paru sous forme de quatre fascicules entre 2015 et 2016 chez Emet comics (1), elle s’est associée à la jeune Veronica Fish, déjà vue en France sur les titres Marvel « La Guèpe » et « Howard the Duck » (Panini 2017 et 2018) ainsi que sur le titre « Riverdale présente Archie » (Glénat 2018).
« The Wendy projet » est un bel album que l’on pourra à la fois conseiller aux adolescents et aux adultes, tant il traite avec sincérité, force et poésie le thème de la mort et du deuil. Recommandé pour tous les publics.
Franck GUIGUE
(1) Ankama a choisi de présenter l’histoire sans chapitrage (et sans les couvertures originales), tel un roman graphique.
Emet comics, fondé en 2015, est une jeune maison d’édition qui « souhaite apporter davantage de diversité dans le mondes des comics. Leur credo est d’ « autonomiser les femmes et les filles par le biais de la narration », que les auteurs soient du sexe masculin ou féminin. http://www.emetcomics.com/
« The Wendy project » par Veronica Fisher et Melissa Jane Osborne.
Éditions Ankama (14,90 €) – ISBN : 9791033509738