Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Diner de Gala sur la Volga ?
La première et la quatrième de couvertures réunies forment un doux paysage d’automne russe. A l’arrière-plan, une maison de bois aux encadrements de fenêtres joliment sculptés et colorés ; au premier plan, un groupe de personnes attendant au bout d’un quai. Les hommes observent tranquillement le fleuve et deux femmes, assises derrière eux, papotent près de leurs paniers. Tous habitent cette « Ile sur la Volga » où tout est si agréable. Gala, qui arrive de Moscou, se rend vite compte que tout n’est pas si calme qu’il y parait…
Gala Andreievna est moscovite, mais elle fut enseignante, là , dans cette île où son fils Maksim est venu s’installer avec Tania, son épouse, pour tenter une exploitation agricole, entre maraichage et maison d’hôtes. Gala y croise des élèves qu’elle a eus petits et découvre enfin ce que le jeune couple a réalisé. Gala, qui n’a pas vu son petit-fils depuis très longtemps, n’a jamais été très convaincue par leur choix de quitter Moscou pour réussir à la campagne.
Mais Gala est venue là pour écrire, alors ce coin de tranquillité loin de tout devrait suffire à son bonheur, bien que sa belle-fille ne l’aime guère. Or, Gala va s’impliquer dans la vie de son fils sur un terrain qu’elle n’avait sans doute jamais imaginé : la lutte anti-corruption ! Alors que son fils est prêt à se laisser embarquer dans de louches arrangements avec des individus proches du maire, Gala n’a pas du tout la même vision des choses. Contre l’avis de son fils, elle fait front, résiste et dénonce publiquement ce qui se passe. Dans ce petit monde où les malfrats ont fait leur trou et où de jeunes désœuvrés font la loi, se dresse une femme qui n’a pas froid aux yeux ! Dès lors, la situation devient incontrôlable…
Iwan Lépingle dresse un portrait sans ambiguïté de la société russe qui, même très loin de Moscou – ou peut-être parce que très loin de Moscou ! -, joue la carte de la corruption, obligeant ceux qui investissent à payer un faux « passeport local de sécurité » pour ne pas être ennuyé par l’administration, des individus inventant les règles évidemment inexistantes. A la clé, chantages, intimidations, rançon…
Avec des couleurs pastel et une belle dose de blanc, Iwan Lépingle réalise un album tout en douceurs, très agréable à l’œil,  dont la forme contraste finalement avec le propos. A noter que l’auteur a déjà signé aux éditions Sarbacane « Akkinen zone toxique », un thriller nordique et engagé à la réalisation bicolore (rouge et gris). Iwan Lépingle installe autour d’une entreprise d’exploitation des sables bitumineux exploitée par le frère du narrateur, la présence de Pekko, personnage écologiste et contestataire. Autre personne mémorable : Aslak, un jeune homme à la stature imposante, mais mutique qui passe son temps à créer d’étranges statues de ferraille…
 Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
 « Une île sur la Volga » par Iwan Lépingle
Editions Sarbacane (19, 50 €) – ISBN : 978-2-3773-1200-9