Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Dragonball détrône Houellebecq pendant que l’on assiste à la réincarnation de Yamcha.
Avec près de vingt mille ventes au compteur en une seule semaine de commercialisation, le sixième tome de la suite de « Dragon Ball », sobrement intitulée « Dragon Ball Super », s’impose comme la meilleure vente de livres tous genres confondus. Ce volume se paye même le luxe de détrôner le nouveau Michel Houellebecq, « Sérotonine », qui en est quand même à sa sixième semaine de présence dans le classement, dont cinq en tête. Bref, le succès de la création d’Akira Toriyama ne se dément pas et traverse même les générations trente-cinq ans après sa création. L’actualité des aventures de Sangoku continue également sur grand écran avec la sortie du long métrage « Dragon Ball Super : Broly » qui revisite le film de 1993 « Dragon Ball Z : Broly, le super guerrier ». Plus inattendu, débarque dans les bacs des libraires un curieux et loufoque spin off consacré à un héros secondaire de la saga  : « Dragon Ball Extra – comment je me suis réincarné en Yamcha ».
L’histoire débute banalement, comme le fait remarquer le personnage principal : « Un héros victime d’un accident et qui revient à la vie dans un autre monde, c’est un scénario vu et revu… ». Ki-oon a déjà sorti un titre similaire en ce début d’année 2019 se déroulant dans l’univers d’un autre pilier du magazine Jump  : « City Hunter Rebirth ». Là où Sokura Nishiki et Tsukasa Hojo ont lancé une série, pour Yamcha, il s’agit ici d’un volume unique parodique. L’histoire débute donc par la mort dans une chute d’escalier d’un jeune collégien banal qui passe plus de temps à jouer et draguer qu’à étudier. Comme vous l’avez compris, du moins je l’espère avec un titre aussi explicite, il s’est réincarné dans le corps de Yamcha, un des personnages secondaires de la saga « Dragon Ball ». L’avantage, c’est qu’en tant que fan, il connaît la série par cœur. Il peut donc déjouer les attaques des ennemis, s’entraîner à bon escient, mais il sait également lorsqu’il risque de mourir. De tout de façon, on ne meurt pas longtemps dans un univers où des boules de cristal peuvent ramener chaque personne à la vie.
Même s’il est maintenant projeté dans l’univers de son manga favori, l’ambition du jeune homme ne change pas trop, il veut réussir là ou Yamacha a échoué  : être le plus fort et conquérir durablement Bulma. Persuadé d’être réellement décédé, il passe ainsi des années dans cet univers fictif en peaufinant sa technique de combat grâce aux connaissances qu’il a emmagasinées en lisant la saga originale de « Dragon Ball ». Bien évidemment, les lecteurs à qui s’adresse ce titre sont également supposés connaître tous les déroulements qui sont ici évoqués. Cette recherche de similitude rend la lecture encore plus amusante et il est intéressant de noter à quel moment l’histoire dévie pour mieux se retrouver finalement face aux mêmes dilemmes. De ce point de vue, le contrat est parfaitement rempli et amusera assurément les fans. Les quelques histoires bonus insérées en fin de volume continuent agréablement cette suite de parodie. Même si ce volume est moins épais qu’un manga traditionnel, l’histoire se tient bien et surtout le twist de fin plaira indéniablement aux vrais connaisseurs de « Dragon Ball ».
Bien sûr, ces mêmes connaisseurs verront immédiatement que ce manga n’est pas l’œuvre du maître Akira Toriyama. Il débute par quelques pages réalistes dans le plus pur style des mangas m’étant en scène des furyo, ces jeunes voyous japonais. Puis, dès la cinquième page, on bascule dans l’univers connu de Dragon Ball. Les décors sont bien ceux que l’on rencontre au début de la saga. Yamcha est totalement crédible, comme le sont Goku, Bulma, Oolong, etc. L’artiste Dragon Garow Lee remplit parfaitement son contrat en se calant au plus proche des visuels de Toriyama. Il profite également de ce que l’histoire avance pour coller au mieux au dessin qui évolue en fil des épisodes originaux. De très clair et rond au départ, le trait devient plus anguleux et parsemé de hachure et autres lignes de vitesse au fil des pages.
Le succès de DragonBall ne se dément donc pas au fil de ces nouveaux épisodes et les fans de la première heure comme les nouveaux venus peuvent même apprécier à un niveau différent ce volume unique particulièrement amusant et assurément divertissant après les combats incessants qui émaillent l’univers de DragonBall. Voilà de quoi alimenter des discussions endiablées entre certains quadragénaires et les jeunes lecteurs d’aujourd’hui.
« Dragon Ball – Extra – Comment je me suis réincarné en Yamcha  ! » par Dragon Garow Lee
Éditons Glénat (6,90 €) – ISBN  : 9782344032930
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