Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Lanfeust Mag : le «Mag» qui s’arrête !
« Messieurs Arleston, Tarquin et la famille Gottferdom ont la tristesse de vous faire part du décès de Lanfeust Mag (mai 1998/février 2019). Les funérailles auront lieu chez tous les marchands de journaux début février 2019, ne ratez pas le dernier numéro…et Youpi ». C’est par ce triste message que les lecteurs de Lanfeust Mag de janvier dernier ont appris la disparition prochaine de leur cher mensuel de tous les imaginaires. Promesse tenue, le numéro 226 est arrivé en kiosque. Et c’est bien le dernier !
En réponse à un lecteur, Christophe Arleston confiait dans le numéro 225 : « On ne l’a pas trop ébruité, mais la décision a été prise l’hiver dernier par des gens qui savent se servir de tableurs excel, donc les saltimbanques que nous sommes vont replier le chapiteau. » Une phrase qui rappelle celle de Jean-Pierre Dionnet qui dans un édito évoquait les « hommes en gris » qui déjà menaçaient la parution de Métal Hurlant. Aujourd’hui l’humain est remplacé par le virtuel, mais le résultat est le même, question de tuer les journaux les comptables sont les rois.
Les lecteurs les plus attentifs sentaient depuis quelques temps déjà que l’ambiance n’était plus la même qu’au bon vieux temps où les éditions Soleil étaient gérées par le bouillant et passionné Mourad Boudjellal. Lui n’aurait pas décidé de tuer l’enfant mis au monde dans l’enthousiasme avec son ami Arleston, quitte à y laisser sa chemise. Guy Delcourt, nouveau propriétaire de Soleil ne fait pas de sentiment. Comme il a mis à mort Pavillon Rouge, il récidive. Le plus triste c’est que pour ne pas mettre en péril l’ensemble de l’édifice Delcourt sa décision n’est pas contestable. Pour un comptable ça passe, pour un fan c’est duraille !
Revenons à ce numéro 227 (132 pages, 5,40 €) dont la couverture est un clin d’oeil à celle du premier numéro sorti voici bientôt 21 ans. Numéro 1 qui proposait « Lanfeust de Troy » d’Arleston et Tarquin, « Marlysa » de Gaudin et Danard, « Le Chant d’Excalibur » d’Arleston et Hübsch, « Kookaburra » de Crisse, les « Gnomes de Troy » d’Arleston et Tarquin, « Sidney & Howell » de Marazano et Moraës, « UW1 » de Bajram… bientôt rejoints par une flopée d’auteurs qu’il serait fastidieux de citer, tant Christophe Arleston a fait preuve de pif pour découvrir les oiseaux rares tout au long de l’histoire du journal. Bien que collectorcette ultime livraison n’est pas aussi riche en découvertes. Courtes BD, dessins et textes émouvants disent tout le plaisir que les auteurs avaient à travailler avec ferveur pour le « Mag » comme ils disaient. L’atelier Gottferdom reste ouvert à Aix-en-Provence, mais privé de son support presse on peut se demander si l’activé de ses membres y sera aussi productive. Arleston n’y conserve qu’un pied, l’autre étant à Macon où il tente de reconstruire le jouet dont il est privé avec le label Drakoo au sein des éditions Bamboo.
Il nous reste  espérer que les éditions Soleil ne connaîtront pas la lente érosion que subit le label Vents d’Ouest au sein des éditions Glénat. Destin funeste hélas souvent réservé au petit qui se fait croquer par le gros.
Henri FILIPPINI