Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Olivier Berlion : Le 9e art et l’art du crime…
Que de chemin parcouru depuis ses premiers pas en 1991 dans la collection Génération Dargaud (rapidement abandonnée), où il animait « Le Cadet des Soupetard » avec un autre débutant, Éric Corbeyran. Olivier Berlion propose en ce début d’année deux albums édités par Glénat, le neuvième et dernier volume de « L’Art du crime », série dont il est l’instigateur, et le premier chapitre prometteur d’« Agata ». Deux aventures éditoriales qui ont un point commun : le crime !
Réalisé en collaboration avec Marc Omeyer « L’Art du crime » propose des intrigues criminelles indépendantes liées aux neufs arts majeurs. Rudi Boyd Fletcher, un serial killer condamné à perpétuité, du fond de sa cellule de Ryker’sIsland, conduit un projet insensé ayant pour points communs 7 arts majeurs, 7 crimes, 7 histoires. Olivier Berlion co-écrit l’ensemble des scénarios avec Marc Omeyer, dessine le premier et le dernier. Lancé en 2016, les autres épisodes de la série sont signés Éric Stalner (la Peinture), Pedro Mauro (l’Architecture), Éric Liberge (la Sculpture), Karl T. (le Cinéma), Fabrice Druet (la Littérature), Marc Bourgne (la Musique), Steven Lejeune (le Théâtre). Rudi, qui recherche toujours les cinq dernières pages de la bande dessinée qui a marqué sa jeunesse poursuit un ultime objectif : venger la mort de Curtis Lowell, l’auteur de « La Piste de Mesa Verde », assassiné par un producteur de télévision.
Après avoir mis en avant la BD dans le premier volume, Olivier Berlion conclut de belle manière cette série unique en son genre avec un ultime album (parution le 13 février) plongeant ses lecteurs dans l’univers de la télévision. Un projet artistique ambitieux rondement mené, réalisé en trois ans, dont il faut saluer la qualité constante.
L’Amérique du début des années 30 sert de cadre à la nouvelle création d’Olivier Berlion, seul maître à bord. En 1929, à New York, le jeune et ambitieux  Charlie « Lucky » Luciano fait le vide autour de lui et devient le chef de la mafia italienne, le parrain des parrains. Rien ne doit lui résister, pas même Césary Adamski, un petit maçon d’origine polonaise de Chicago qui ose le défier en refusant de renoncer à un projet de construction d’une digue. Arrivée à New York en avril 1931, la jeune et blonde polonaise Agata Lietewski fuit la police de son pays natal, accusée d’avoir avorté.
À son arrivée, elle est recueillie par son oncle Césary Adamski. Hébergée par James, tenancier d’un bar, elle se produit, jouant du piano en compagnie de Pete, son jeune neveu. La vie est belle jusqu’au jour où les hommes de Luciano enlèvent Agata et Pete…
Au fil de planches soignées, Olivier Berlion illustre avec nostalgie l’Amérique des années de dépression et plus particulièrement New York au temps de la prohibition. L’histoire d’Agata l’innocente jeune femme, se mêle à celle de Lucky Luciano le mafieux. Renouant avec les films qui ont inspiré des générations de créateurs, Olivier Berlion construit une histoire à la fois rude et émouvante, aux personnages attachants. Un cahier graphique est proposé dans la première édition de cet ouvrage de 88 pages.
Auteur de ces deux albums qui sentent la poudre, Olivier Berlion est né à Lyon en 1969. Après avoir suivi les cours de l’école Émile Cohl dont il sort diplômé en 1990, il passe un DEUG de Culture et Communication. On le trouve au sommaire d’Amis Coop  dès 1986, mais son premier album paraît en 1991 chez Dargaud. Infatigable, il signe une cinquantaine d’albums chez Dargaud (« Lie-de-vin », « Coeur Tam-Tam », « Tony Corso », « Garrigue », « Le Juge », « La Guerre des boutons »…), Casterman (« Sales mioches », « Le Kid de l’Oklahoma »), Glénat (« Histoires d’en ville », « Destin »). Très à l’aise pour adapter son trait réaliste aux divers univers qu’il dessine, il compte parmi les meilleurs créateurs de sa génération.
Henri FILIPPINI
« Agata T1 : Le Syndicat du crime » par Olivier Berlion
Éditions Glénat (15,50 €) – ISBN : 9 78244025338
« L’Art du crime T9 : Rudi » par Marc Omeyer et Olivier Berlion
Éditions Glénat (13,90 €)  - ISBN : 9782344007846