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« Hellboy T16 : Le Cirque de minuit » par Duncan Fregedo, Gary Gianni et Mike Mignola

06/01/2018
Par Franck Guigue

Les aventures du démon rouge cornu se sont achevées dans les enfers, avec deux volumes dont le second a paru en novembre 2016 chez Delcourt. Cela n’empêche pas leur auteur Mike Mignola, en dehors des autres albums issus de l’univers étendu (« BPRD », « Abe Sapiens »…), de nous proposer des histoires parallèles du héros. Celles-ci se déroulent, en l’occurrence, dans son enfance ou entre deux épisodes connus.

On avait déjà eu l’occasion de lire une histoire d’« Hellboy » se déroulant dans sa jeunesse. Il s’agissait d’un récit issu du recueil : « Histoires bizarres » T1, paru en 2004. Eric Powell avait alors mis en scène le petit diablotin dans un flash back se déroulant en 1997, sur une base militaire, en proie à un chien contaminé. L’épisode, non seulement se déroulait un an seulement avant celui proposé dans ce tome, mais s’intitulait (aussi) : « Midnight Cowboy ». Il datait de 2003. « Midnight Circus », comme un écho à ce travail, propose de retrouver le petit être rouge innocent dans un récit de 2013, illustré par le très bon Duncan Fregedo, sur 49 planches.

Le garçon est alors au BPRD mais, trop jeune pour des missions, est laissé de côté. Tentant l’aventure malgré tout, il fait le mur un soir et part visiter un cirque qui semble s’être arrêté non loin de là, aux abords de la forêt. « Hellboy » va cependant découvrir bien autre chose qu’un simple enchantement sous le chapiteau de ce cirque fantôme, car sa curiosité va servir à Gamori, prêtresse démoniaque, pour tenter de le tuer. La fin n’est cependant pas encore venue pour le garçon des enfers. On notera l’effet de style intéressant utilisé par le dessinateur, proposant un traitement différent entre l’univers réel de Hellboy, et la partie fantastique « révée » de notre héros cornu. Un conte magique et charmant, basé sur l’histoire du « Pinocchio » de Carlo Collodi, dont Mike Mignola use avec beaucoup de référence et de savoir faire pour délivrer l’une des plus belles histoires de notre (jeune) héros.

En seconde partie : « Dans le silence des abysses », récit de 2017 illustré par l’excellent Garry Gianni, dont on a pu découvrir cette année le superbe recueil des histoires de « Corpus Monstrum », paru aux éditions Mosquito et chroniqué ici-même dès cet été en version originale. Dans cette histoire, se déroulant chronologiquement après le récit « Le Troisième souhait », situé en Afrique et dans le milieu marin, on retrouve Hellboy au bord d’un cimetière marin fait de vieux gréements.

Dans une ambiance onirique, sans repère de temps ni de lieu, celui-ci affrète une barque et tente de gagner le large, pour fuir on ne sait quoi.Il est pris dans une tempête puis fait prisonnier dans un navire daté du dix-neuvième siècle, dont l’équipage, très superstitieux, souhaite le mettre à mort. Leur capitaine n’est pas de cet avis et abat un marin trop excité. Il abrite aussi au sein du navire une femme en noir inquiétante, qui s’avère être plus dangereuse que l’équipage entier. Celle-ci va déclencher l’apocalypse en tentant de faire remonter des fonds une créature antédiluvienne.

Mike Mignola rend hommage aux auteurs Herman Melville et William Hope Hogdson, ainsi qu’au poète Samuel Taylor Coleridge, dont il cite abondamment la « Complainte du vieux marin », pour ce récit brillamment mis en image par Garry Gianni. Cet illustrateur italien maîtrise en effet un dessin éminemment classique, dans la définition la plus positive du terme, pouvant rappeler les plus grands artistes du début du vingtième siècle. Aucun hasard donc dans le fait qu’il ait été choisi et ait illustré aussi des pages entières de « Prince Valiant » aux États-Unis en 2008. Deux très bons récits, indispensables pour tout amateur du personnage.

À noter que « Into The Silent Sea » de Garry Gianni a fait l’objet de deux tirages de luxe en noir et blanc grand format, à paraître début 2018 aux États-Unis aux éditions Flesk, et édités via un financement participatif (terminé) sur Kickstarter. Un bijou d’édition pour happy few , qui fait cependant très envie.