Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« En attendant Bojangles » par Carole Morel et Ingrid Chabbert
Lauréat du Grand Prix RTL/Lire, du Prix Roman des étudiants France-Culture/Télérama, du Prix France Télévision, du Prix Emmanuel Roblès, le roman phénomène d’Olivier Bourdeaut, publié en janvier 2016, devient aujourd’hui une bande dessinée. Une adaptation subtile et délicate par deux auteures inspirées.
Georges Singer et sa jolie femme, qui se vouvoient, forment un couple étrange qu’observe avec admiration leur jeune fils, que rien ne semble étonner. Leur amour est magique, féerique, extravagant : une fête qui ne prend jamais fin. Ils vivent dans un appartement où tout est fait pour le plaisir, en compagnie de Mademoiselle Superfétatoire, un oiseau exotique ramené d’un voyage lointain. L’enfant, dont on ignore le prénom, fréquente l’école selon l’humeur imprévisible de ses parents. Le père fantasque, qui baptise sa femme, au gré de ses humeurs, Antoinette, Hermine, Pauline, Églantine ou encore Madeleine, écrit un roman entre deux pas de danse.
C’est pour faire revenir Monsieur Bojangles, qui jadis vivait à la Nouvelle-Orléans et qui ne s’est jamais remis de la mort de son chien (le thème d’un air de Nina Simone), que la jeune femme danse dans un tourbillon sans fin. Un jour, l’épouse adorée va trop loin dans sa folie et finit à l’hôpital psychiatrique chez « les dérangés du ciboulot », comme dit l’enfant curieux et facétieux. Inconsolables, Georges et son fils vont tout faire pour que la fête se poursuive coûte que coûte. Hélas, l’amour fou peut parfois se terminer en tragédie…
Hymne à la joie et à l’amour sans limite, ce premier roman d’Olivier Bourdeaut, né en 1980 à Nantes, compte 160 pages écrites en sept semaines. L’ouvrage a été publié en 2016 par une petite maison d’édition bordelaise : Finitude. Le succès est immédiat, les récompenses pleuvent, les ventes sont au rendez-vous. Aujourd’hui, deux jeunes auteures talentueuses en proposent une version BD de 136 pages, particulièrement réussie, loufoque, drôle, poétique…
Ingrid Chabbert a signé une soixantaine de romans pour la jeunesse, écrit la bande dessinée « Lulu et son dragon » chez Jungle puis « Miss Potimary » et enfin « Écumes » chez Steinkis. Elle signe une adaptation qu’Olivier Bourdeaut juge avec enthousiasme dans sa préface élogieuse en écrivant « Ce qui est occulté ne manque pas, ce qui est ajouté ne jure pas, bien au contraire, cela correspond aux couleurs et aux reliefs de mon imagination ». Carole Maurel, diplômée de l’école des Gobelins, débute dans le cinéma d’animation avant de se tourner vers la bande dessinée en 2013. On lui doit « Comme chez toi » chez KSTR, « L’Apocalypse selon Magda » et « Collaboration horizontale » chez Delcourt. Son dessin vivant et enjoué aux couleurs délicates épouse avec justesse l’ambiance décalée de cette bande dessinée, entre comédie et drame. Ceux qui ont apprécié le roman ne seront pas déçus.
Henri FILIPPINI
« En attendant Bojangles » par Carole Maurel et Ingrid Chabbert, d’après Olivier Bourdeaut
Éditions Steinkis (18€) – IBSN : 9782368461099