Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Fluide glacial fête les pionniers…
Une superbe couverture signée Daniel Goossens, qui sent bon le Far West, est à la Une de ce n° 60 du trimestriel Série or de Fluide glacial (100 pages, 6,50 € en kiosque à partir du 23 septembre) consacré aux pionniers. Lorsqu’on y regarde de plus près, ces pionniers ont les visages de Gotlib, Solé, Alexis, Binet… et Diament, les pères fondateurs du magazine : « Ensemble, ils allaient créer le plus grand journal de tous les temps » !
Consacré à la décade qui a vu naître Fluide glacial en mai 1975, ce numéro conçu par l’excellent Gérard (Gégé) Viry-Babel (chercheur et historien du journal depuis quelques années) mêle harmonieusement entretiens, reprises de pages anciennes et animations assurées par les dessins savoureux de Romain Dutreix, Gotlib, Loup, Alexis, Solé, Forest, Druillet, Hugot, Reiser, Fred, Cabu, Masse, Bretécher, Léandri, Moebius, Jannin, Franquin, Hermann, Goossens, Binet, Boucq, Cabanes, Gibrat, Lucques, Coucho…
Jacques Diament est également de la fête. Ce copain de classe de Gotlib depuis la troisième, embarqué malgré lui par son pote Marcel dans l’aventure Fluide glacial, a longtemps été le grand argentier du journal, mais aussi le rempart entre le timide Gotlib et ses collaborateurs. Au fil des entretiens, nombreux sont les auteurs qui ne le ménagent pas, allant jusqu’à évoquer un conflit jusqu’à présent ignoré des lecteurs, où il a dû affronter le courroux de quelques pointures du crayon. Ce conflit explique d’ailleurs les départs du journal, jusqu’alors inexpliqués, de Gibrat, Lucques, Boucq et Cabanes. Ce « tournant » est évoqué avec humour par Dutreix dans une superbe illustration double page commentée par Martial Cavatz.
Chapeau à Diament qui, malgré ce règlement de compte tardif, répond aux questions de Yan Lindingre et Gérard Viry-Babel ! Sinon, on peut regretter l’absence dans ce numéro d’Yves Frémion (rapidement cité), créateur dès la sixième livraison de la fameuse « Gazette » et de ses marges, auteur de l’encyclopédique « T’ar talacrèm’ » et de bien d’autres rubriques. Son point de vue aurait été précieux.
Plus qu’un simple recueil de planches déjà (trop) vues, ce hors série est un remarquable témoignage sur l’histoire de Fluide glacial, qui publiera son n° 500 en janvier prochain.
Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la bande dessinée se doivent de lire ce numéro, le premier d’une série qui se propose de revenir sur le passé du « Magazine d’umour et bandessinées » décade après décade.
Henri FILIPPINI
Cher Henri, merci pour cette critique élogieuse. Je tiens à préciser qu’Yves Frémion sera largement évoqué dans la version album (enrichie de 100 P°) qui paraîtra en mars 2018. Yves était prévu initialement dans les pages de ce hors série, ainsi qu’Edika, Carali et quelques autres. Nous avons fait des choix par manque de place. Sachant que Frémion, comme Edika, sera largement évoqué dans le second opus qui traitera de nos années 80. Yves Frémion à l’instar de Léandri est la mémoire vivante du magazine et comme je lui ai déjà dit « plus chez lui que chez moi à Fluide Glacial ». Il faut rendre hommage à nos ainés car ils sont méritants. J’assure pour ma part avoir définitivmeent enterré la hache de guerre avec Yves.
Votre travail sur le nouveau Fluide Glacial est tout à fait remarquable et les anciens pionniers lecteurs (dès le n°1) comme moi reviennent même avec plaisir. Mais alors pourquoi se faire inviter sur France Info hier, et intervenir aussi faiblement sur les dossiers d’actualité ( manifestement vous n’aviez pas préparé vos dossiers) et surtout , sans humour , dérision, éclairage différent? Vous ne rendez pas service à l’image de votre journal auprès du grand public, ni à celui de la BD
En complément, pour l’histoire de ce magazine, je conseille la lecture de Nous nous sommes tant marrés, de Léandri, sorti l’année dernière, où on comprend aussi qu’il ne porte pas Diament dans son cÅ“ur.