Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Sasmira T3 : Rien » par Anaïs Bernabé et Laurent Vicomte
Après un deuxième épisode dessiné par Claude Pellet et publié en 2011, voici enfin le troisième (et pas dernier) épisode de ce récit envoûtant, dessiné par Anaïs Bernabé, qui s’attache aux origines de l’énigmatique héroïne créée par Laurent Vicomte en 2002.
Lorsqu’une mystérieuse vieille femme meurt dans ses bras, Stanislas, jeune pianiste romantique, ne se doute pas qu’il s’apprête à vivre une aventure fantastique ! La photo jaunie d’une dame à la beauté fascinante (découverte dans l’une des poches de la défunte), et une bague ornée d’un scarabée d’or (remise au jeune homme avant d’expirer) sont alors les seuls indices qu’il possède pour en savoir plus sur l’inconnue.
Accompagné par sa fiancée Bertille, Stanislas retrouve la villa abandonnée où la photo a été prise et se trouve étrangement transporté au début du XXe siècle. Ils sont alors accueillis par Prudence, ancienne archéologue d’un certain âge, et par Sasmira, la somptueuse jeune femme figurant sur la photo. Bertille, victime d’un vieillissement aussi rapide que régulier, inquiète Stanislas qui presse Prudence de lui parler des secrets que dissimule Sasmira. L’archéologue lui raconte alors que celle-ci, vieille de 4 300 ans, serait en fait la fille du pharaon Pépi II, née d’une relation amoureuse adultère avec une inconnue ! Reniant l’existence des dieux, après avoir été piquée par une guêpe qui l’avait plongée dans une mort apparente, Sasmira est condamnée à ne jamais mourir. Malheureusement, elle ne lui a jamais donné d’explication sur les raisons de cette éternelle jeunesse. Stanislas pense que le secret réside dans la bague au scarabée, mais aussi dans l’acte d’amour, qui condamnerait Sasmira à ne jamais vieillir. Peut-être la seule chance de sauver Bertille…
Diplômée de l’École Émile Cohl de Lyon, et après avoir travaillé pour Ubisoft comme character designer sur « Assassin’s Creed », Anaïs Barbabé (dont la vocation de devenir auteure de bande dessinée est venue après avoir observé Laurent Vicomte dans son atelier) prend donc en charge la mise en images de ce troisième « Sasmira ». Son trait délicat, ses couleurs chaudes et ses images audacieuses conservent une harmonie stupéfiante avec les deux premiers volumes. Mieux, ils permettent de retrouver le charme impalpable des planches de Laurent Vicomte que Claude Pellet avait eu du mal à saisir. Ce premier album mature est impressionnant de maîtrise. Notons, par ailleurs, que la jeune femme, peintre et sculptrice à ses heures, travaille sur « La Pluie des corps » : une histoire plus adulte annoncée pour janvier 2017.
Henri FILIPPINI
« Sasmira T3 : Rien » par Anaïs Bernabé et Laurent Vicomte
Éditions Glénat (14,95 euros) – ISBN : 978-2-7234-9737-4
L’album prévu chez Sandawe s’appelle « La pluie DES corps » (et c’est ce qui fait – notamment – son originalité et son attrait). La sortie est prévue le 01/02.
C’est corrigé : merci pour cette précision !
La rédaction