Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Shônan Seven » T1 par Shinsuke Takahashi et Toru Fujisawa
Après « Great Teacher Onizuka » et ses nombreux spin-offs : « Young GTO », « GTO Paradise Lost », « Ino-Head Gargoyle », Toru Fujisawa nous revient avec une nouvelle série se déroulant dans l’univers de GTO, mais sans le charismatique Onizuka. « Cette fois-ci, l’auteur de « Shonen Seven », n’est qu’en charge du scénario. C’est le jeune Shinsuke Takahashi, déjà connu pour son manga « Duel Masters Revolution » (Tonkam) qui s’occupe de la partie graphique. De plus, ce n’est pas Pika qui édite ce nouveau spin-off, mais Kurokawa. Petit plongeon dans les bas-fonds et l’ultra-violence des collèges japonais.
Iki Kurokami se prend pour une racaille. Il a une haute considération de lui-même et de ses capacités physiques. Son but dans la vie, à part coucher avec des filles, c’est de devenir le champion des Shônan Seven : un tournoi non officiel organisé entre les meilleurs bastonneurs des écoles du secteur de Shônan. Seuls sept combattants seront habilités à participer à cet affrontement. Mais avant d’être à ce niveau-là , il va falloir qu’il décime les autres prétendants au sein de son propre lycée. Et contrairement à ce qu’il pense, cette rentrée ne sera pas de tout repos pour lui. Il va devoir faire ses preuves.
La castagne entre loubards est le thème de prédilection de Toru Fujisawa. Avec « GTO », il avait réussi à intégrer un voyou au sein de l’éducation nationale. Ses méthodes, peux orthodoxes, avaient séduit le public, que ce soit au japon où en France. Avec « Shônan Seven », il reprend le même univers, les mêmes gangs des Blue Rose ou de Joey, mais avec de nouveaux personnages tout aussi charismatiques et intrigants. Le héros est également un jeune prétentieux sûr de lui. Mais cette foi-ci, il ne devient pas prof. À part ses rêves de baston, il fantasme également sur l’idole du lycée : Madoka Kiryûin, une mannequin débutante qui n’ont pas froid aux yeux en acceptant de poser en maillot de bain dans les revues un peu chaudes. De quoi donner une bonne dose de fan service, de situation burlesque et un peu de piment à l’histoire. Ce personnage à la plastique affriolante n’étant pas là que pour embellir les pages du manga. Elle va se révéler être une stratège sachant manipuler les hommes.
Toru Fujisawa se contentant d’écrire le scénario, il a laissé le talent graphique de Shinsuke Takahashi s’exprimer. Et celui-ci sait mettre en valeur ses personnages féminins, comme on vient de le voir. Il en est de même pour ses personnages masculins. Si son dessin est réaliste, ses coupes de cheveux gominés et la carrure des colosses qui sont loin de faire trembler Iki, sont elles surréalistes. Tout comme le coup de poing rageur de l’amie d’enfance du héros, qui n’hésite pas à détruire un simple mur pour se faire entendre. Elle a clairement du tempérament et contraste avec le reste des filles bien sages et affolées au moindre écart de conduite.
Au milieu de toute cette bande de vauriens, au look en adéquation avec leur passe-temps, se cache un jeune homme bien propre sur lui. Avec son allure de premier de la classe, Haku Kamijô est un calculateur. Surnommé le Diable Blanc, il connaît tout de ses adversaires potentiels et sait quand intervenir. Lorsque c’est le moment, il n’hésite pas à les prendre par lot de trois. Il est également sûr de lui, mais ses capacités physiques semblent en adéquation avec ses prétentions. Jusqu’au jour où il a sous-estimé Iki et que celui-ci va devenir un chalengeur intéressant à surveiller de près.
Avec son rythme endiablé et ses successions de combats, « Shônan Seven » est un manga efficace. Le lecteur en a clairement pour son argent. Rien ne traîne, l’action est rondement menée et l’intrigue n’est vraiment pas compliquée à suivre. Le graphisme est extrêmement dynamique et d’une clarté exemplaire. Un excellent divertissement plein de testostérone où des beaux gosses se bourre le pif sous prétexte d’une compétition-interécole.
Gwenaël JACQUET
« Shônan Seven » T1 par Shinsuke Takahashi et Toru Fujisawa
Éditions Kurokawa ( 6,80 €) – ISBN : 978-2-368-5264-9
SHONAN SEVEN © 2014 Toru Fujisawa / Shinsuke Takahashi (AKITASHOTEN JAPAN)