Apparue pour la première fois dans le mensuel Tchô ! en 2003, Lou est devenue un best-seller de l’édition, avec plus de trois millions d’albums vendus, une série d’animation, un long métrage, des traductions dans le monde entier… Un tel succès méritait bien cet ouvrage anniversaire, qui nous propose — en plus de 300 pages — de revenir sur l’histoire de l’héroïne qui a grandi avec ses lecteurs. Tout en ouvrant généreusement ses carnets de croquis, Julien Neel évoque — au cours d’un long entretien — son propre destin, lié depuis 20 ans à celui de la petite fille blonde devenue grande.
Lire la suite...« Adivasis meurtris » par Matthieu Berthod et Eddy Simon
Inde, état du Chhattisgarh, un état méconnu parce que créé en 2000, comptant tout de même 25 millions d’habitants. Mais l’essentiel tient en partie à sa population, les Adivasis, des aborigènes, autrement dit des natifs qui ont longtemps vécu en marge, reconnus cependant comme « tribus répertoriées » par l’État Indien. Leur sort est depuis une quinzaine d’années pitoyable, et c’est ce que raconte cet album…
L’Inde est géante et complexe et même à s’en approcher au plus près, elle reste incroyablement complexe, sinon insaisissable, et c’est tout à l’honneur de ce récit que d’essayer de nous aider à y voir plus clair sur la réalité d’un peuple autochtone pacifique, quasiment autarcique et pratiquant essentiellement une agriculture vivrière. Les Adivasis sont malheureusement soumis à des intérêts qui les dépassent, pris entre deux feux : d’un côté la lutte de militants maoïstes extrémistes, les Naxalites ; de l’autre, l’Etat indien qui veut faciliter l’exploitation du sous-sol riche en minerais au prix de déforestations et d’expropriations inhumaines.
Eddy Simon qui connait bien l’Inde pour y avoir vécu, joue la carte du reportage : chaque parti prend la parole et raconte de son point de vue les événements tandis que des témoins ou spécialistes apportent leurs commentaires. Mais la chose est claire : on pille les terres des Adivasis, on les spolie, on les massacre, bref on les fait disparaitre parce qu’ils dérangent l’exploitation des sous-sols ou qu’ils ne veulent pas participer à la rébellion des Naxalites. Bien qu’ils affirment représenter ces derniers, tout les oppose et les Adivasis le paient de leur vie.
Matthieu Berthod illustre efficacement et d’un trait souvent sec et élégant à la fois ce sujet d’actualité documenté et édité en collaboration avec Amnesty International qui signe d’ailleurs une postface soulignant « le tour de force de cet album ».
Rappelons qu’Eddy Simon a notamment publié les très bons « Rouge Karma » (voir notre chronique ici-même) ou « Confidences à Allah » (présenté également sur BDzoom).
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
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« Adivasis meurtris » par Matthieu Berthod et Eddy Simon
Éditions La Boite à bulles (16 €) – ISBN : 978-2-84953-233-1