Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
Lire la suite...DoggyBags n° 10 : des scénarios qui sentent la mort, le sexe, le sang… la vie !

Ce dixième numéro (120 pages en couleurs pour 13,90 €), parrainé par Valérie Mangin (laquelle signe un édito de groupie), réunit trois histoires d’une trentaine de pages où les calibres crachent l’hémoglobine, où la violence graphique est omniprésente… Bien entendu dans la joie et la bonne humeur.
« Unlucky » marque les premiers pas dans la revue des talentueux Bartosz Sztybor et Ivan Shavrin, deux auteurs venus de l’Est, « Phalanga » de Mojo et Simon « Hutt » T. raconte une sombre histoire de vengeance,
enfin « Motor City » évoque le quotidien tragique d’une ville fantôme (Détroit) imaginé par Valérie Mangin et Thomas Rouzière.
Le tout est parsemé d’un rédactionnel discret et agréable, à savourer pour souffler entre deux histoires.
C’est en février 2011 que DoggyBags apparaît en librairies, bien avant La Revue dessinée et Aaarg ! qui opteront, eux aussi, pour une formule entre la revue et l’album. Lancé dans le cadre du Label 619, c’est l’un des premiers titres des éditions Ankama. « Suspense, frisson & horreur !! », c’est ce que promet à la Une son équipe de rédacteurs, conduite par Run (le directeur de collection).
Hommage vibrant aux défunts EC comics des années cinquante, aux comics pulp de papa, voire de grand-papa, chassés par le diabolique Comics Code, ou encore aux films de Tarentino, DoggyBags propose trois longs récits qui décoiffent, violents, bruts de décoffrage, implacables. Une cohorte d’auteurs, en devenir ou déjà connus des lecteurs, se sont succédé aux riches sommaires des neuf numéros déjà proposés. Des histoires, sans aucune concession, remplies de monstres hideux, de filles dénudées et pulpeuses, d’engins de fer et d’acier crachant leur puissance… ont peuplé des scénarios qui sentent la mort, le sexe, le sang… la vie !
Attention ! Comme dès la publication du premier numéro, Run avait annoncé que DoggyBags ce serait treize numéros et pas un de plus ! Si vous souhaitez rejoindre ses inconditionnels, il est plus que temps.
Henri FILIPPINI