Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Agent 212 T29 : Agent tous risques » et « Les Femmes en blanc T38 : Potes de chambre »
Avec ces deux séries à succès chez Dupuis, et quelques autres, Raoul Cauvin a lancé l’humour à thèmes qui, plus tard, sera exploité par d’autres éditeurs comme Vents d’Ouest, Bamboo, Jungle… Mais, comme ont dit, la copie est souvent moins bonne que l’original. Savourons donc ces deux nouveaux ouvrages à leur juste valeur, en attendant le trentième « Cédric » (« Silence, je tourne »), annoncé pour le mois prochain.
1981 : Un passage à l’hôpital donne l’idée à Raoul Cauvin de raconter, avec humour, le quotidien des médecins, chirurgiens, infirmières, malades et autres quidams y séjournant. Si les femmes en blancs demeurent les protagonistes incontournables des courtes histoires proposées dans cet album, que seraient-elles sans les patients et leurs multiples problèmes de santé, les infirmiers, les brancardiers, les ambulanciers, les policiers, les femmes de ménage, les visiteurs… qui hantent les couloirs, les chambres, les bâtiments de l’établissement où, jour et nuit, tout peut arriver… même le pire (et avec Cauvin, le pire, c’est pas triste…). Sans oublier les familles de nos braves infirmières qui, même au repos chez elles, diagnostiquent les plus graves maladies à leurs proches. Pour Raoul Cauvin, les situations les plus dramatiques sont une mine de gags qu’il exploite avec une habileté… chirurgicale. Philippe Bercovici, au dessin, propose une étonnante galerie de personnages, après plus de 35 ans de service dans l’hôpital du docteur Minet. Et, croyez-moi, il en est passé du monde en plus de 600 histoires ! Son trait efficace et dynamique restitue avec justesse l’ambiance, l’odeur, l’effervescence de ce monde à la fois fermé et ouvert à tous qu’est l’hôpital.
1975 : La silhouette rondouillarde (un peu moins qu’aujourd’hui) de l’agent 212 fait son entrée dans les pages du journal Spirou. Pas très malin, encore moins fonceur, il partage son temps entre le commissariat de quartier, où il travaille sous les ordres de l’irascible commissaire Lebrun, et le foyer conjugal, où il file droit face à sa femme Louise (aussi enveloppée que lui), sans oublier sa mégère de belle-mère. Expert en catastrophes qu’il provoque avec une belle obstination à la chaîne, 212 qui rêve de calme et de campagne, collectionne plaies et bosses. Alors qu’il a dépassé lui aussi les 600 histoires, Raoul Cauvin prouve, dans ce nouvel album, que les idées ne manquent pas et que son policier a encore de beaux jours devant lui. Le dessin appliqué et soigné de Daniel Kox fait mouche, accentuant encore le ridicule des situations où son scénariste place, bien malgré eux, ses personnages.
« Les Femmes en blanc T38 : Potes de chambre » par Philippe Bercovici et Raoul Cauvin Éditions Dupuis (10,60 €) — ISBN : 9 782 800 165 875
 « Agent 212 T29 : Agent tous risques » par Daniel Kox et Raoul Cauvin
Éditions Dupuis (10,60 €) — ISBN : 9 782 800 159 928