« Druuna » : double retour !

« Druuna » nous revient, avec deux albums coédités en Italie par Edizioni d’Arte Lo Scarabeo et en France par Glénat ! L’impression est parfaite, la maquette élégante, les couvertures superbes et le prix de vente raisonnable. Bien entendu, ces deux ouvrages s’adressent à un lectorat averti…

Née au milieu des années 1980 sous le crayon de Paolo Eleuteri Serpieri, alors qu’une première vague de dessinateurs italiens commence à travailler pour la France (Massimo Rotundo, Franco Saudelli, Vittorio Giardino, Rudolfo Torti, Giancarlo Alessandrini…), Druuna promène son plantureux corps dénudé dès 1985, dans les pages de Charlie mensuel en France et de L’Eternauta en Italie.

Paolo Eleuteri Serpieri, né en 1944, est jusqu’alors connu en France pour sa participation à L’Histoire du Far West, puis à Découvrir la Bible chez Larousse. Il est l’auteur, en Italie, de nombreux westerns dessinés pour beaucoup sur scénarios de Raffaele Ambrosio (pour en savoir plus, lire notre « Coin du patrimoine » consacré à cet auteur : Les westerns de Paolo Eleuteri Serpieri). Il change radicalement d’univers avec « Druuna », mettant en scène une belle jeune femme au corps dénudé errant dans un futur apocalyptique. C’est sur la Cité, astéroïde artificiel à l’abandon contrôlé par l’ordinateur Delta, qu’elle cherche à échapper aux humanoïdes victimes de mutations qui les transforment en monstres avides de sang. Seul un sérum artificiel et rare peut provisoirement stopper la mutation.

Extrait de « Morbus gravis ».

La jolie brune, étrangement pétante de santé, doit se prostituer afin de se procurer le sérum qui protégera son amant Shastar, lui aussi victime du mal. Seul contact avec l’extérieur : Lewis, ancien maître de la cité dont le cerveau est conservé depuis des siècles, avec lequel elle entretient de curieux rapports télépathiques. Ce thème simple, mais efficace, a permis à Serpieri de signer huit albums jusqu’en 2003 : d’abord chez Dargaud sous le titre « Morbus gravis », puis aux éditions Bagheera sous le nom de la voluptueuse héroïne. Trois portfolios (« Croquis », « Parfums de femmes » et « Esquisses ») et quatre albums (« Obsession », « Druuna X » T1 & 2 et « Excès & extase ») permettent de savourer les formes généreuses de ce personnage de référence.

Curieusement, ce n’est pas la vague de pudeur des années 1990 (les libraires ne classaient pas Serpieri parmi les auteurs érotiques), mais la disparition des éditions Bagheera qui a mis un terme (provisoire) à la série pour des questions de droits.

« Anima » (88 pages en couleurs, 15,50 €), épisode 0 de la saga, permet de revenir aux origines du personnage. Dotée d’une tignasse blonde, mais aussi de formes tout aussi épanouies (on respire !), Druuna enfourche un puissant destrier volant (clin d’œil à Moebius) et explore un monde peuplé de bêtes sauvages, dont la plus féroce se révèle être l’homme. Totalement muet (autre clin d’œil à « Arzack »), ce récit de 66 planches terminé en 2012 prend fin avec la naissance de celle qui hantera les labyrinthes de la Cité.

Par ailleurs, les deux premiers épisodes de la saga, « Morbus gravis » et « Delta », sont proposés dans le premier tome d’une édition intégrale (144 pages en couleurs, 19,50 €) prévue en quatre volumes.

Les albums sont superbes, accompagnés de dossiers de 32 pages qui proposent planches inédites, illustrations, esquisses…

Un seul regret : l’option d’un petit format 21,5 x 23,9 cm, alors que les sublimes images de Serpieri auraient mérité un 24 x 32 cm accordé à des œuvres bien moins prestigieuses.

Une bonne nouvelle pour conclure, le Maître italien travaille sur un neuvième épisode à paraître prochainement. 

 Henri FILIPPINI

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Une réponse à « Druuna » : double retour !

  1. BARRE dit :

    Retrouver Druuna en plein hiver, c’est un peu le printemps qui revient avant l’heure, la montée de la sève (dans les arbres), les rayons du soleil qui réchauffent nos vieux corps engourdis… oui enfin c’est presque çà, je note cependant que les filles de la bd qui m’ont « traumatisé » ont toutes un nom en « a », Druuna, Azura, Natacha, et même la princesse Narda! – mais çà c’est une autre histoire!_

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