ZOOM SUR LES MEILLEURES VENTES DE BD N°127– 11 avril 2007

A peine débarqué à Honk-Kong et … dans toutes les bonnes librairies, Largo Winch, le milliardaire en blue-jean de Jean Van Hamme et Philippe Francq, s’empare de la première place de ventes de livres, bandes dessinées évidemment comprises.

Rien ne résiste à Largo ! Comme prévu la semaine dernière, le tome 15 des aventures autour du monde du héros milliardaire créé par Jean Van Hamme et Philippe Francq, tiré à 450 000 exemplaires, s’empare de la 1^ère place du “Top 15 BD” (hors manga) ; mais aussi du “Top 20” des meilleures ventes de livres, tous genres confondus ! Ce très bon épisode (l’un des meilleurs de la série), premier volet d’un diptyque où « Largo Winch » est piégé à Hongkong dans les arcanes des triades et de la bureaucratie post-maoïste, s’impose très largement devant les records obtenus par les livres de, ou sur, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Bayrou. Il semble même que la politique se soit quelque peu évaporée, du moins en en ce qui concerne les ventes de livres, puisque, même en BD, « La face karchée de Sarkozy«   ne fait plus recette : elle perd encore 3 places dans le “Top 15 BD” ! Pendant ce temps-là, dans le “Top 20” général, le 4^ème et dernier épisode de la tétralogie du « Sommeil du monstre » (« Quatre ? Dernier acte« ), de Bilal, gagne 1 place et devient 4^ème, alors que le 28^ème volume du « Naruto » de Masashi Kishimoto (chez Kana) et le 11^ème opus du « Fullmetal Alchemist » de Hiromu Arakawa (chez Kurokawa) reculent encore, respectivement, à la 7^ème et 11^ème place. N’en cherchez pas d’autres, ce sont les seules bandes dessinées présentes dans ce classement des meilleures ventes de tous les livres ! Donc, pour l’instant, pas plus « Largo Winch » que Bilal la semaine dernière, ne favorise une émulation du secteur.

D’ailleurs, si on en croit notre hebdomadaire professionnel favori (Livres Hebdo), l’activité aurait encore reculé en février. Pour l’occasion, dans leur n° 684 du 6 avril, le rédacteur en chef adjoint (Fabrice Piault) et la responsable des rubriques sur les meilleures ventes (Catherine Andreucci) ont interrogé 4 diffuseurs, ceci afin d’analyser ce marché qui se durcit de plus en plus sérieusement. La bande dessinée était représentée par Eric de Montlivault, directeur général du diffuseur DDL (Dargaud Dupuis Lombard) et directeur général adjoint du groupe Dargaud. Ce dernier a tenté de fustiger la désorganisation de la production et la surproduction, mais ses confrères se sont gardés de s’aventurer sur ce terrain miné. On lui doit tout de même quelques belles déclarations qui méritent réflexions, à l’instar des 2 que nous vous rapportons ici :

- «Nous avons beaucoup de mal à concilier la nécessité de la modernité commerciale de nos métiers et leur singularité culturelle, qui justifiait le traitement équilibré de tous les types d’éditeurs et de points de vente. L’affaissement de la trésorerie des petites librairies est plus lié à un problème de surproduction qu’à la concurrence. De très bons libraires, intelligents, cultivés, bons commerçants, se trouvent en difficulté car on leur impose un mode de gestion intenable…»

- «Nous nous demandons comment élargir notre travail au-delà des réseaux traditionnels, sans pour autant faire face à des taux de retours de 50 ou 60%… Aujourd’hui, le principal enjeu est que les livres placés soient effectivement revendus 2 mois plus tard… Si les taux de retours sont très importants dans certains réseaux, c’est aussi parce qu’ils n’ont pas suffisamment de temps pour écouler les livres commandés. Aussi, je crains qu’il n’y ait pas d’autres issues qu’un crash de la production.»

 Qu’en pensent les autres principaux acteurs et producteurs du secteur ? Qu’elles sont les positions soutenues par Glénat, Flammarion, Delcourt, Hachette et bien sûr par Soleil, lequel doit être en train de se demander comment gérer la marque L’Echo des Savanes qu’il vient de s’approprier, alors qu’il s’apprête à fêter ses 18 ans d’existence (voir notre chronique «L’Echo des Savanes prend un coup de Soleil») : 18 ans, l’âge de raison ?

Tout ce que l’on peut vous dire, c’est qu’en ce moment, l’écart se creuse de plus en plus entre les 3 premières places du “Top 15 BD” (hors manga) et le reste du palmarès. Donc, à l’exception du 37^ème recueil des gags de « Léonard« , qui se stabilise en 3^ème position, et du 1^er tome de « Castaka« , qui s’inclue dans le cycle des « Méta-Barons » et qui grimpe de la 9^ème à la 8^ème place, tous les autres “best-sellers” actuels perdent du terrain : que ce soient « Titeuf« , « Wayne Shelton« , « Le cycle de Cyann« , « Black Op« , « Les Légendaires« , « Carthago« , « Lanfeust« , et même le « Gaston : tome 50« , dont un 2^ème tirage de 50 000 exemplaires a été mis en route par Marsu Productions, pour répondre à l’attente des admirateurs qui n’ont pu se procurer l’ouvrage à temps, et à la demande du diffuseur (qui n’est autre que DDL : voir plus haut !).

Enfin, les disparitions, dans notre classement des 15 meilleures ventes de la semaine, de « Foot 2 rue« , de « 300 » et de « Greffier« , permettent l’arrivée de 2 nouveaux “blockbusters” :

-                            à la 4^ème place : « Moréa« , l’explosive rousse du XXI^ème  siècle créée par le scénariste de « Lanfeust » (Christophe Arleston) suppléé par Dominique Latil. Ce 5^ème tome, tiré à 50 000 exemplaires par les éditions Soleil,  conclut le 1^er cycle de ces aventures futuristes  (voir notre chronique dans le «Plus de lectures du 2 avril 2007»). Pour l’anecdote, si 2^ème cycle il y a, l’excellent dessinateur québécois Thierry Labrosse ne sera pas de la partie, ce dernier désirant se consacrer au story-board, à l’illustration, et à un projet de BD érotique pour un magazine canadien : c’est du moins ce qu’il confie dans le dernier n° du sympathique magazine de son éditeur favori : Suprême Dimension.

-                            et à la 12^ème place : « Voyageur« , un projet original réunissant autour de Pierre Boisserie et Eric Stalner, un ensemble d’auteurs prestigieux (Bourgne, Lambert, Siro, Liberge et Rollin) qui travailleront à l’élaboration de cette saga en 12 tomes + 1, avec un rythme de parution rapide et des couvertures signées Juanjo Guarnido. Le 1^er tome de cette oeuvre atypique, située à différents âges et différentes époques, a été tiré à  50.000 exemplaires par les éditions Glénat et fait l’objet d’une édition limitée en noir et blanc, à 1.500 exemplaires. Quand on vous dit que la BD n’en finit pas d’inventer des concepts nouveaux pour conquérir différentes clientèles !!!

Gilles RATIER, avec un peu de Laurent TURPIN

« TOP 15 BD » DE LA SEMAINE

DU 26 MARS AU 1^er AVRIL 2007

(Copyright Ipsos/Livres Hebdo)

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