N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article, puisque nous l’alimenterons, jour après jour, avec tout que nous envoient nos amis dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, organisateurs de festivals et éditeurs pour vous souhaiter de joyeuses fêtes : et ceci jusqu’à la fin du mois de janvier 2024 !
Lire la suite...« The Bronze Age of DC Comics » par Paul Levitz
Ça y est ! Nous l’avions impatiemment attendu, mais il est là ! Le troisième et dernier volume de cette réédition augmentée et actualisée issue du gigantesque « 75 years of DC Comics » (sous l’égide de Paul Levitz) est enfin paru récemment, clôturant ainsi un très beau projet, aussi patrimonial qu’esthétique. Magnifique !
Après l’explosion fondatrice de l’Âge d’Or dont le caractère étrangement naïf et la puissante esthétique ont aujourd’hui acquis une telle patine vintage qu’il est synonyme de trésor artistique, après le rafraîchissement débridé et inventif de l’Âge d’Argent qui s’inscrivit dans la pop culture et créa de fortes et prégnantes icônes modernes auprès des nouvelles générations, l’Âge de Bronze (1970-1984) pourrait sembler plus fade, car il fut sans doute moins fanfaronnant. Pourtant, il fut déterminant quant à l’évolution des comics, servant de transition entre l’enfance bariolée et l’âge adulte ; l’Âge de Bronze fut un adolescent parfois sombre qui traversa ce rite de passage avec colère et espoir, mais sans jamais perdre son imagination ni ses velléités artistiques. Il muait. Même si les deux premiers âges n’avaient pas été qu’innocence – avec la seconde guerre mondiale puis la guerre froide en toile de fond –, jamais les problèmes sociétaux rencontrés par la population et les adolescents n’avaient été traités avec autant de réalisme que lors de cet Âge de Bronze (je parle bien sûr ici de comics essentiellement super-héroïques, territoire devenu majeur, faisant volontairement une distinction avec les EC Comics et autres comix qui avaient été résolument crus et concrets antérieurement…). Quoi qu’il en soit, les thèmes de pauvreté urbaine, de détresse sociale, de chômage, de drogue, de racisme ou d’autres tensions sociétales furent traités de manière beaucoup plus frontale et récurrente qu’auparavant chez les majors. Car le monde et la société américaine avaient changé, passant d’une guerre froide larvée à l’horreur du Vietnam, de la pop culture au psychédélisme… Une certaine perte d’innocence qui portait les germes de ce qui allait devenir l’Âge Moderne, période ne cessant de s’installer dans son réalisme noir jusqu’à aujourd’hui. Sans les fameux épisodes chocs de « Green Arrow/Green Lantern » par O’Neil et Adams, le « Dark Knight Returns » de Miller n’aurait peut-être pas pu émerger ainsi – pour n’accoler ensemble que deux exemples marquants et significatifs de ces Âges.
Mais il n’y a pas que ce fond contextuel intéressant qui participa aux qualités de cette période éditoriale ; la forme aussi y connut de belles expériences, de belles découvertes, notamment grâce à de très grands auteurs et artistes déjà confirmés ou en devenir. Le casting de l’Âge de Bronze de DC Comics reste prestigieux, avec entre autres Neal Adams, Dennis O’Neil, Joe Orlando, Bernie Wrightson, Len Wein, Dick Giordano, Alex Toth, Joe Kubert, Marv Wolfman, George Pérez, Alan Moore, Frank Miller, Jack Kirby, et bien sûr… Paul Levitz ! Les immenses dessinateurs de cette époque sont ici mis à l’honneur, car à l’instar des deux précédents volumes, l’iconographie de cet ouvrage est une pure merveille, que ce soit par le choix des œuvres, leur nombre généreux, leur rareté ou la qualité de leur reproduction. Encore une fois, une fantastique galerie s’offre à nous, bénéficiant de cette volonté de Taschen de présenter ces pièces de collection telles qu’elles sont et non comme les collectionneurs les fantasment, dans une fausse perfection. Un regain d’âme qui rend le cheminement de lecture extrêmement agréable, comme dans une chasse aux trésors… Ici, un extraordinaire collage de Jack Kirby pour « Superman’s Pal : Jimmy Olsen » et l’agrandissement d’une case de son « Mister Miracle » qui acquiert ainsi une dimension graphique époustouflante ; là, de fabuleux dessins de Neal Adams ou de Keith Giffen en pleine ou double page ; ailleurs encore, des couvertures sublimes de volupté signées Jeff Jones, des planches originales et des maquettes de « Green Lantern » ; mille et un trésors qui prennent ici toute leur dimension. Mais cet album est aussi l’occasion de redécouvrir le magnifique travail de dessinateurs injustement oubliés, comme Nick Cardy, récemment décédé, qui réalisa certaines des plus belles couvertures de « Teen Titans » jamais dessinées…
Ne s’attachant pas qu’aux super-héros de la maison DC, cet ouvrage rend justice aux autres titres qui eux aussi apportèrent leur pierre à l’édifice, comme tous ces titres d’horreur bénéficiant d’un certain renouveau du genre (notamment au cinéma) et sur lesquels travaillèrent de grands artistes, lignée qui aboutira à l’émergence logique d’un « Swamp Thing » ou d’un « Hellblazer » à la charnière des Âges de Bronze et Moderne… Autre secteur généreusement abordé par l’ouvrage, les adaptations TV et cinématographiques. Car la période est également celle des premiers films « Superman » avec Christopher Reeve et de la série TV « Wonder Woman » avec Lynda Carter (sans oublier des dessins animés comme « Super Friends »), et nous pouvons admirer ici affiches, photos de tournage et autres documents collectors… Et puisqu’on parle de collector, on trouvera aussi dans cet épais ouvrage des photos d’objets dérivés, de curiosités rarissimes, de documents éditoriaux… La connaissance et la passion de l’une des grandes figures qui construisirent DC, Paul Levitz, sont palpables à chaque page. Ses textes et légendes remettent en perspective des éléments importants de l’histoire des comics durant cette période, que ce soit humainement, culturellement, artistiquement ou socialement. Avec ces trois albums signés Paul Levitz chez Taschen, vous aurez dans votre bibliothèque l’une des plus belles présentations, l’un des plus beaux panoramas de cet éditeur historique et mythique. Un ouvrage de référence incontournable, comme on dit !
Cecil McKINLEY
« The Bronze Age of DC Comics » par Paul Levitz
Éditions Taschen (39,99€) – ISBN : 978-3-8365-3581-6
Un magnifique ouvrage! Mais je suis surpris de découvrir que ce tome trois est présenté comme le dernier. Alors que les pages de garde des tomes 1 et 2 annoncent 5 tomes. The silver âge of DC Comics avec un entretien de Neal Adams; the bronze âge of DC Comics comprenant un échange avec Denny O’Neil; The dark âge of DC Comis présentant un entretien de Jenette Kahn et The Modern âge of DC Comics qui donne la parole à Jim Lee. Des ventes faibles auraient changer le programme de Tashen?
Bonjour Lionel,
Oui, il était bien prévu que cette réédition augmentée se déploie en 5 tomes, au départ… Apparemment, ce n’est plus à l’ordre du jour chez Taschen, et je ne sais pas si les deux derniers tomes existeront un jour en France… Peut-être plus tard ? Malgré cela, ces trois volumes constituent une sorte de « tout » concernant les Âges fondateurs qui ont engendré la modernité des comics telle que nous la vivons depuis la fin du siècle dernier… (Oui, je sais… mais on se console comme on peut !)
Bien à vous,
Cecil
Le premier volume de la collection étant The Golden Age of DC Comics avec un entretien du grand Joe Kubert
En effet, il est vraiment dommage que la publication de cette monumentale histoire de DC Comics s’arrête au troisième volume, en plus juste avant Watchmen et Dark Knight.
On le regrette d’autant plus que le livre est magnifique avec des reproductions d’une grande qualité. Seul bémol, la traduction française, bourrée de contresens et d’erreurs. Manifestement la traductrice ne connaît rien aux comics. Un exemple très drôle, Wally Wood est présenté comme « le roi du cheesecake » C’est une révélation qui sonne comme un coup de tonnerre : je suis sûr qu’aucun des admirateurs du grand Wallace ne lui connaissaient ce talent culinaire.
Dommage que personne chez Taschen ne semble avoir relu le texte avant l’impression !
Sinon, la traduction de « Marvel Comics, the untold story » vient de sortir chez nous : un must ! Ce gros volume passionnant de bout en bout nous fait découvrir une foule de choses jamais dites. Après sa lecture, on comprend à quel point Marvel fut une formidable machine à broyer les talents et à quel point les comics aux Etats-Unis relèvent plus de l’industrie et de la finance que de l’art.
Bonjour Captain,
Les amateurs de cheesecake apprécieront !
Cecil
« Cheesecake » = « Pussy » en slang = « Chatte » en argot = sexe féminin en français…ce qui me semble bien approprié concernant W.Wood…
Critiquer une traduction ok, mais encore faudrait-il en maîtriser suffisamment la langue…
Je connais parfaitement le sens de « cheesecake » qui n’est pas du tout ce lui que tu prétends. Simpement, je partais du principe que le terme était suffisamment connu pour faire l’impasse sur une traduction et laisser la bourde dans son jus.
Toi par contre, tu sembles confondre « cheesecake » et « snatch » (argot US). Cheesecake veut dire « nana » et pas du tout la traduction que tu en donnes.
Si tu réfléchis deux minutes (ce que tu ne sembles pas avoir fait), imagines-tu un seul instant que Paul Levitz dans la version originale du texte allait utiliser un mot aussi vulgaire dans un livre grand public à la gloire de son ancien employeur ?
Je n’ai aucun problème pour lire des livres en anglais. Je le fais tous les jours et j’ai lu Golden age of DC dans sa version d’origine. C’est bien pour cela que je devine où la traductrice s’est plantée. Je pourrais donner d’autres exemples tout aussi amusant.