« La Vision de Bacchus » exposée à Blois

Cette année encore, à la bibliothèque Abbé Grégoire, bd BOUM présente, en coproduction avec les Rendez-Vous de l’Histoire, une exposition consacrée au prix château de Cherverny de la BD historique qui a été décerné en 2014 à « La Vision de Bacchus » de Jean Dytar.

Au seuil de sa mort, le grand peintre Giorgione, toujours hanté par sa fascination pour l’œuvre d’Antonello de Messine, se jette comme ultime défi de parvenir à créer un tableau qui semble incarner la vie.

Multipliant les citations picturales et biographiques, l’album entraîne le lecteur dans la Venise artistique du Quattrocento, marquée par l’émulation créatrice qui fait rivaliser les grands maîtres de la Renaissance sur la voie de l’exceptionnalité.

C’est avec une mise en scène sobre et efficace que le commissaire de l’exposition Sylvain Gache, secondé par Bruno Goujon, a choisi d’évoquer cet album d’une haute densité culturelle. Une collaboration étroite avec l’auteur, permet de présenter quelques pièces particulièrement intéressantes, comme l’original de la couverture ou encore un fac-similé du plan de la Venise du XVe siècle, repris par Jean Dytar qui a choisi de le redessiner plutôt que de le scanner. L’auteur a encore donné plusieurs textes concernant sa vision générale de l’album ou les étapes ayant mené au choix de la couverture.

La nature de l’exposition en permet plusieurs lectures. Un parcours intimiste dans l’intérieur restitué d’un artiste de la Renaissance d’abord. Une approche plus technique ensuite concernant aussi bien la peinture que la BD. Une série de crayonnés préparatoires et des extraits de planches soigneusement identifiées permettent en effet une lecture technique de l’album pour les amateurs de bandes dessinées alors que l’utilisation de la camera obscura, à présent bien documentée par les chercheurs, est évoquée par un effet scénique de dévoilement Enfin, le fil directeur pictural comblera les amateurs de peinture classique.

La dimension culturelle a de fait été particulièrement privilégiée, avec une série de biographies consacrées à plusieurs grands maîtres vénitiens (Giorgione lui-même, les frères Bellini) et des panneaux destinés à mettre en perspective l’arrière-plan historique au temps de Giorgione (les institutions de Venise, la peste, la banque).

On notera au demeurant que les historiennes Danièle Alexandre-Bidon et Claire Sotinel, deux historiennes membres du jury qui a décerné le prix, ont assuré le rôle de référents historiques.

Il s’agit, finalement, d’une exposition qui permet, par sa précision et ses allers-retours constants entre l’album et l’époque de Giorgione, de prendre conscience de la richesse de « La Vision de Bacchus », tant au niveau artistique qu’historique. On ne saurait trop en conseiller la visite à tous les élèves des cours d’histoire de l’art, ainsi qu’aux amateurs curieux de découvrir autrement, en joignant la rigueur culturelle avec l’agrément de la mise en scène, une époque artistique d’une exceptionnelle richesse.

Joël DUBOS

Sur Jean Dytar et « La Vision de Bacchus », voir aussi :  Entretien avec Jean Dytar, auteur de « La Vision de Bacchus » et « Le Sourire des marionnettes », « La Vision de Bacchus », 11ème Prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique ! et « La Vision de Bacchus » par Jean Dytar.

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