Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Nestor Burma T9 : Micmac moche au Boul’Mich » par Nicolas Barral, d’après Léo Malet
Après Jacques Tardi, initiateur de la série (4 volumes) et Emmanuel Moynot (3 volumes), c’est Nicolas Barral qui signe ici son deuxième « Burma » (après « Boulevard… ossements » en 2013). Fidèle à l’univers graphique établie par Tardi, il promène avec aisance le lecteur dans les endroits les plus insolites du cinquième arrondissement de la capitale : ce Paris estudiantin des années cinquante dont beaucoup ont encore la nostalgie. Son adaptation du roman est à la fois fidèle et fluide, permettant de suivre, sans risquer le mal de tête, une enquête aux multiples personnages et ramifications.
« Micmac moche au Boul’Mich », album cartonné de 96 pages en couleurs, est le neuvième roman de Leo Malet adapté en bande dessinée depuis le lancement de la collection en 1982.
Seul à l’agence Fiat Lux en une sombre journée neigeuse de décembre (sa secrétaire Hélène est au fond de son lit avec une bonne grippe), Nestor Burma reçoit la visite de la jeune et blonde Jacqueline Carrier. La jeune étudiante en art dramatique ne veut pas croire au suicide survenu un mois plus tôt de son amant : Paul Leverrier, 20 ans, fils d’un médecin du Boul’Mich et futur toubib lui-même. Une visite de Burma — qui vient d’accepter d’aider la jeune femme — auprès de l’inspecteur Masoultre chargé de l’affaire lui confirme que la police croit dur comme fer à la thèse du suicide de Paul dans sa voiture, un soir de novembre. Teigneux, le privé poursuit ses recherches, découvre que Jacqueline se dénude dans un cabaret, que le père de Paul n’est pas un médecin scrupuleux, que Jacqueline possède des amis aux activités troublantes… De quoi aller de l’avant dans ses recherches, d’autant plus que les cadavres commencent à s’amonceler autour de lui. De fausses pistes, en coups de théâtre, Burma arpente les trottoirs glacés du Quartier latin alors qu’il est comateux, victime à son tour de la grippe. Il croise la route de personnages peu recommandables, mais tellement fascinants pour le lecteur…
Passant avec la même aisance de la parodie des aventures de Philip et Francis ou de Baker Street au réalisme des « Ailes de plomb », Nicolas Barral réalise, avec sa version de « Nestor Berma », une nouvelle et belle performance.
« Nestor Burma T9 : Micmac moche au Boul’Mich » par Nicolas Barral, d’après Léo Malet
Éditions Casterman (16 €) – ISBN : 9 782 203 087 675