Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Vive Christophe !
Plus de 120 ans après la publication de leurs premiers albums, les éditions Armand Colin (qui, depuis, ont régulièrement proposé des rééditions) réunissent les trois séries fondatrices de Christophe dans un seul ouvrage cartonné tout en couleurs : « Fenouillard, Camember et Cosinus ». Et l’élégant format à l’italienne d’origine est conservé ! Présenté par l’historien Pascal Ory, ce très bel album bénéficie d’un avant-propos signé Martin Veyron, grand admirateur de l’œuvre de Christophe. Offrez ou faites vous offrir ce témoignage émouvant et talentueux des premiers pas du 9e art (268 pages, 26 €).
À la fin du XVIIIe siècle, les enfants sages lisaient Le Petit Français illustré, hebdomadaire qui proposait des histoires en images avec les textes placés sous les dessins, ancêtres de nos bandes dessinées.
Lancé en mars 1889 par les éditions Armand Colin (il poursuivra sa parution jusqu’en 1905, totalisant 313 numéros), ce périodique innove par rapport aux autres journaux pour la jeunesse de l’époque en imposant des héros récurrents.
Ils sont, pour la plupart, imaginés par Christophe, pseudonyme de Georges Colomb (1856/1945), normalien, professeur de sciences naturelles, puis sous-directeur du laboratoire de botanique de la Sorbonne.
Dès 1889, il propose « La Famille Fenouillard » à l’exposition universelle (celle qui a vu naître la Tour Eiffel), où Agénor le père, Léocadie sa femme, Artémise et Cunégonde ses filles, abandonnent leur province pour venir à Paris. La publication se poursuit jusqu’en 1893 et un album est édité par Armand Colin la même année.
Dès 1890, toujours dans Le Petit Français illustré, Christophe donne vie aux « Facéties du sapeur Camember ». François Baptiste Ephraïm Camember, brave et honnête sapeur pas très futé, amoureux de Mademoiselle Victoire, promène sa longue barbe blanche, et est le souffre-douleur de ses collègues. Il sévit dans les pages de l’hebdomadaire jusqu’en 1896. Un album est édité par Armand Colin en 1896.
Toujours dans le même journal, « Les Idées fixes du savant Cosinus » sont publié de 1893 à 1899. La série évoque les vaines tentatives du grand savant qui veut absolument faire le tour du monde, sans jamais y parvenir. Elles seront réunies dans un album publié en 1899.Christophe animera d’autres personnages dans Le Petit Français illustré : « Les Malices de Plick et Plock » ou encore « Haut et puissant seigneur baron de Cramoisy » (inachevé)… Son trait d’une grande clarté, ses cadrages audacieux pour l’époque et son humour bon enfant empreint de philosophie en font un précurseur incontournable et talentueux.
Henri FILIPPINI