Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Un amour exemplaire » par Florence Cestac et Daniel Pennac
Le Pennac voudrait bien que sa copine Cestac lui dessine une histoire d’amour, mais l’auteure du « Démon de midi », plutôt méfiante, n’est guère friande des romans à l’eau de rose. Pourtant, quand il lui raconte — et le Pennac, il raconte plutôt bien — sa rencontre avec un vieux couple étonnant qui ne travaillait pas, mais qui n’était pas vraiment doué pour l’ennui, qui n’avait pas d’enfants, mais qui était toujours aussi amoureux qu’à leur première rencontre…, elle est enthousiaste. Elle ira même jusqu’à dessiner des trucs dont elle a horreur (un chauve et des bagnoles) et à s’offrir une petite rupture style sur le gros nez du dernier rejeton des Bozignac.
Le célèbre romancier, créateur entre autres du personnage de Malaussène, réussit donc à lui faire illustrer la vie aussi émouvante qu’amusante de Jean et Germaine : lui, grand bonhomme flanqué d’un physique ingrat et ex-marquis répudié par sa famille (il s’équipe toujours d’un monocle, vestige d’une époque révolue), et elle, petite bonne femme frisée et rigolote, fille de chiffonnier qui a fait exploser les fiançailles de son nobliau avec la fille du roi d’Alsace.
           Ce couple improbable vivait dans une petite baraque, à la Colle-sur-Loup, dans l’arrière-pays niçois, près de la maison de la grand-mère du jeune Pennac où ce dernier passait ses vacances pendant son enfance. Il allait très souvent chez eux, les harcelant de questions du style « c’est vrai que Jean n’a jamais travaillé ? » (en fait, il gagnait de l’argent en jouant aux cartes) : réponse, « mon garçon, en amour le travail est une séparation ». Ou encore, « pourquoi vous n’avez pas d’enfants ? » : « En amour, pas d’intermédiaire ! » s’écriaient-ils alors en chœur tous les deux !
           Vous l’avez compris, truculence et émotion sont au rendez-vous de cette formidable évocation, vraiment rafraîchissante, où l’on se marre pratiquement tout le temps, mais où l’on se surprend, de temps en temps, à avoir aussi une petite larme qui coule à l’œil…
Gilles RATIER
« Un amour exemplaire » par Florence Cestac et Daniel Pennac
Éditions Dargaud (14,99 €) – ISBN : 978-2205-07332-4
Indémodable, La Cestac !