Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Kuro, un cœur de chat » T1 par Sugisaku
Kuro est un petit chat qui aime flâner dans le quartier où il habite. Il est entouré d’autres animaux qui lui mènent parfois la vie dure. Mais, surtout, il a à ses côtés un humain qui l’aime beaucoup et qui l’a sauvé de l’abandon. Ce chaton est un peu candide, car il pense que cet humain est son serviteur. De réflexion en réflexion sur le monde qui l’entoure, il nous fait découvrir sa vision de la vie avec son regard si naïf, mais parfois caustique sur les humains que nous sommes.
Ce manga pourrait être autobiographique, si les chats savaient manier le pinceau. À la place, c’est le frère de son maître qui nous raconte les aventures de cet animal que le sort n’a pas toujours gâté. Tout jeune, il fut abandonné dans une caisse en carton avec deux autres chats de la même portée : un mal et une femelle. Son frère ne survivra pas. Les deux autres ont été recueillis par un homme débonnaire qui se pliera en quatre pour satisfaire ces deux boules de poil. Kuro de son côté ne comprend pas immédiatement la situation et ses enjeux. Mais il l’accepte malgré son désir de retrouver sa mère. Petit à petit, on le voit grandir en s’interrogeant de façon pertinente sur le monde environnant : notre monde à nous, humains !
Kana ajoute enfin à son catalogue un manga sur les chats, comme à peut prêt tous ses confrères. À croire qu’il y a vraiment une mode féline au Japon. La particularité de « Kuro, un cœur de chat », c’est bien évidemment de suivre la vie d’un chaton à travers ses propres yeux et ses propres interrogations. C’est également un manga au graphisme à la fibre « authentique ». Réalisé entièrement au pinceau avec des gris rappelant les lavis des estampes, on peut sentir au travers du dessin de Sugisaku une vraie patte traditionnelle et artisanale. Les traits, malgré leur noirceur, semblent légers. Ils survolent le papier avec des pleins et des déliés détachant bien les personnages des décors suggestifs.
En revanche, il ne faut pas se fier au caractère mignon du dessin pour tout de suite donner ce livre aux enfants. Certains passages méritent quelques explications d’un adulte, si on accepte de parler de la mort ou de sexualité animale. Ce chat, comme tous les chats, cherchant à se reproduire, il est donc question de castration, de chaleur ou de saillies. Mais rien de bien méchant, c’est la nature… Et pourquoi ne pas utiliser ce manga pour expliquer simplement les choses. En plus, comme il est publié dans le sens occidental, cela ne devrait pas décourager les non-initiés aux bandes dessinées venues du Japon.
Comme souvent avec les mangas mettant en scène des félins, « Kuro, un cœur de chat » est mignon et poétique. Il est amusant d’avoir imaginé ce que peuvent ressentir ces animaux. Les histoires sont d’une légèreté très agréable pour qui apprécie les saynètes de la vie quotidienne de ces petits êtres au raz du sol.
À noter que ce manga bénéficie d’un tarif promotionnel de lancement pour ce premier numéro. Soit 9,90€ au lieu de 12,70€, si vous l’achetez avant le 1er juillet 2015.
Gwenaël JACQUET
« Kuro, un cœur de chat » T1 par Sugisaku
Éditions Kana (12,70€) – ISBN : 9782505063834