Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...« Gustave Eiffel : le géant du fer » par Joël Alessandra, Eddy Simon et Philippe Coupérie Eiffel
À l’apogée du XIXe siècle et de la Révolution industrielle, c’est bien le nom de Gustave Eiffel qui allait répandre partout dans le monde les prouesses du savoir-faire français, notamment en matière d’ouvrages métalliques. En 120 pages et 7 chapitres, Eddy Simon et Joël Alessandra édifient à leur tour avec « Gustave Eiffel : le géant du fer » le parcours d’une vie entièrement dédiée à la construction, au delà des drames personnels : charpentes, gares et galeries, ponts et viaducs, mais aussi les chantiers insensés de la Tour Eiffel, de la Statue de la Liberté et des écluses du Canal de Panama, entre émerveillements, jalousies et polémiques.
Label lancé en 2014, 21g a jusqu’ici pour but de se consacrer aux biographies des grands hommes (collection Destins d’Histoires) : après « Nelson Mandela », « Martin Luther King », « Gandhi » ou même « Steve Jobs », c’est donc « Gustave Eiffel : le géant du fer » qui vient s’inscrire dans une voie documentaire et pédagogique passionnante, saluée comme il se doit par la préface de Philippe Coupérie Eiffel, Bordelais actuel arrière-arrière-petit-fils du célèbre bâtisseur. Si les photos et représentations d’archives ne manquent certes pas sur ce sujet, il faut apprécier l’adresse des auteurs à faire oublier ce riche patrimoine pour le réinvestir visuellement et scénaristiquement à chaque case, de la naissance à la mort d’Eiffel (né le 15 décembre 1832 à Dijon et mort le 27 décembre 1923 à Paris). À ce titre, le style graphique de Joël Alessandra demeure ici très proche des nombreux carnets de voyages et des récits de l’ailleurs initiés par ce grand bourlingueur (citons l’évocation de la Somalie dans « Errance en Mer Rouge », paru chez Casterman en 2014, ou celle des racines pieds-noirs dans le prochain « Petit-fils d’Algérie »).
En couverture, créateur et créations s’imposent : la silhouette d’Eiffel, qui rappelle aussi l’atmosphère et la mode vestimentaire du XIXe siècle, puis la gracieuse tour métallique devenue symbole de la France et la Statue de la Liberté, parallèle allégorique pour les États-Unis. Une signature, enfin, en guise de titre et comme paraphe validateur de toute une existence. On notera que le sous-titre « Le Géant du fer » s’amuse des différentes connotations que l’on peut lui donner : industriel ou potentiel magnat précisément « à l’américaine », patron à l’ambition et à l’ego démesuré ou prestigieux ingénieur, inventeur science-fictionnel – digne du contemporain Jules Verne – réellement capable de réaliser la Dame de fer ? Sur le visuel de couverture finalisé, Eiffel (en gros plan) et ses deux principales réalisations font paisiblement jeu égal dans une unité chromatique sépia, ce couple à trois n’étant pas sans évoquer les trois noms lisibles au sommet du 1er plat : l’architecture du scénario d’Eddy Simon, les courbes graphiques – et féminines… – selon Joël Alessandra, et le nom du descendant d’Eiffel.
Trois dates marquent probablement le destin de Gustave Eiffel : la première est 1884, avec la livraison en temps et en heures du viaduc de Garabit, ouvrage ferroviaire situé dans le Cantal et qui assure une énorme renommée à la société Eiffel. L’arc de 165 mètres de portée qui soutient le tablier du pont à 122 mètres de hauteur constitue là encore un record du monde, absolu en ce domaine. Ce pont fameux figura en 1996 sur le dernier billet de 200 francs.
La seconde date est 1884, année de la conception de l’armature de fer de la statue de la Liberté, dessinée par Auguste Bartholdi, construite dans les ateliers Levallois-Perret (à l’ouest de Paris) et finalement inaugurée à New York le 28 octobre 1886, en présence du président des États-Unis, Grover Cleveland. Rappelons que la statue était à l’origine de couleur cuivre (rouge brun). Avec le temps, celui-ci s’est oxydé et une couche de vert-de-gris est apparue.
Troisième date avec le 6 mai 1889, lorsque l’Exposition universelle parisienne ouvre ses portes au public, qui peut grimper sur la Tour de 300 mètres (nom de la tour Eiffel à cette époque) à partir du 15 mai. Du 28 janvier 1887 jusqu’en mars 1889, les 250 ouvriers du chantier ont réalisé un exploit un construisant le moment le plus haut du monde, qui est toujours aujourd’hui le monument payant le plus visité. On salut à juste titre le projet initial des deux ingénieurs, Maurice Koechlin et Émile Nouguier, respectivement chef du bureau d’études et chef du bureau des méthodes, qui fera aussi la part belle aux nombreuses expérimentations scientifiques (télégraphie, météorologie, téléphonie, etc.).
Blessé par son implication financière et judiciaire dans le scandale du canal du Panama (1889 à 1914 ; Eiffel sera innocenté), le célèbre ingénieur n’abandonnera cependant jamais sa volonté créatrice et technologique : pendant la Première Guerre mondiale, Eiffel poursuit ses recherches sur les hélices, la voilure mais aussi sur les projectiles, faisant par ailleurs don de toutes ses installations à l’État, en 1921. Parfaitement lucide, Eiffel déclarait « Je vais être jaloux de cette tour. Elle est plus célèbre que moi. ». Cet album prouvera s’il en était encore besoin que l’un n’allait pas sans l’autre…
Philippe TOMBLAINE
« Gustave Eiffel : Le Géant du fer » par Joël Alessandra, Eddy Simon et Philippe Coupérie Eiffel
Éditions 21g (17, 00 €) – ISBN : 979-10-93111-04-9
Notes : Philippe Coupérie Eiffel est le président de l’Association des amis de Gustave Eiffel. Il est aussi l’auteur de « Eiffel par Eiffel », paru en 2013 aux éditions Michel Lafon.