Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Spécial « Super-Vilains DC »
Sans l’apparition des super-vilains dans les comics, les super-héros n’auraient été qu’un feu de paille et leur aura aurait été moindre, le rapport de forces inégal entre surhumains et simples truands ne pouvant pas susciter l’excitation des lecteurs très longtemps et n’engendrant pas d’aventures réellement extraordinaires. Aussi vital pour le récit de super-héros que le yin est indissociable du yang, les super-vilains sont donc une part essentielle, fondamentale, inhérente au genre super-héroïque. Mieux : plus le super-vilain est réussi, plus les aventures des super-héros sont intéressantes et attractives ; plus la menace est intense et originale, plus le super-héros prend du relief. Bref. Sans super-vilains, pas de super-héros. Cet automne, Urban Comics (qui a même créé une collection entièrement dédiée aux méchants de l’univers DC : « Nemesis ») nous propose une série d’albums faisant la part belle aux super-affreux-méchants-horribles-vilains-pas beaux, pour notre plus grand plaisir…
« Super-Vilains Anthologie », collectif
Après Superman, Batman (mais aussi le plus emblématique des méchants de l’univers DC, le Joker), c’est maintenant au tour de la caste des super-vilains d’avoir droit à sa propre anthologie chez Urban Comics : un privilège qui en dit long sur leur importance ! Selon la même logique que les précédentes anthologies, celle-ci propose un choix des récits les plus significatifs du thème, par ordre chronologique, chaque période étant introduite par un texte de présentation et chaque récit ayant droit à sa fiche signalétique. C’est donc une vingtaine d’histoires s’étalant de 1939 à 2014 qui sont présentées ici, offrant un beau panorama des super-vilains DC des origines à nos jours. La galerie est affreusement séduisante, avec par ordre d’apparition : l’Ultra-Humanite, le Joker, le Pingouin, le Wizard et ses acolytes, Sinestro, Lex Luthor, Brainiac, les Lascars, Double-Face, Darkseid, Black Manta, Deathstroke, Cheetah, le Maître des Miroirs, Black Adam, Parallax et Amazo. Petite déception (même si ça peut se comprendre, car la féline est devenue avec le temps beaucoup plus nuancée qu’à ses débuts, au point d’être constamment à la frontière du bien et du mal), l’absence de Catwoman au sein de cette galerie, cette « fausse méchante » étant pourtant l’une des figures les plus célèbres de l’univers DC. Mais bon ! Il y a tout de même ici de quoi se délecter amplement grâce à l’aéropage infernal qui sévit en ces pages ! La diversité de ces super-vilains engendre immanquablement la présence de plusieurs super-héros, bien sûr, et nous rencontrerons donc Superman, Batman, Wonder Woman, la Société de Justice d’Amérique, Green Lantern, Flash, Aquaman ou encore les Teen Titans aux prises avec ces super-menaces. Cette anthologie est aussi l’occasion de (re)découvrir quelques beaux récits, parfois courts, moins connus ou très originaux, qui jettent un regard innovant sur les super-vilains. Je pense notamment à « Metropolis, 1500 km » où l’on constate du machiavélisme latent de Lex Luthor, à « Un jardin d’enfants maléfique » où le même Luthor raconte à sa petite fille les origines de différents super-vilains sous la forme d’histoires rendant directement hommage au « Little Nemo » de Winsor McCay, à « Miroir, mon beau miroir » qui nous plonge de manière très crue et adulte dans l’histoire du Maître des Miroirs, ou enfin au savoureux « La Valse des pantins » où Superman affronte avec ironie le super-vilain attitré de Batman : le Joker. Côté auteurs et artistes, il y a du beau monde, c’est le moins qu’on puisse dire : Siegel et Shuster, Kirby, Ditko, Gil Kane, Carmine Infantino, Marv Wolfman , George Pérez, Neal Adams, Dennis O’Neil, David Michelinie, John Byrne, Len Wein, Stuart Immonen, Geoff Johns, Mark Millar, etc. Une anthologie indispensable pour quiconque aime les super-vilains, vous l’aurez compris…
« La Balade de Lobo » Par Simon Bisley, Keith Giffen et Alan Grant
Planquez-vous, r’voilà l’sale mec ! Ouaip. C’lui qu’on adore détester. The Man. Le Mec Plus Ultra. Lobo. « Lobo », comme dans « lobotomie ». Parmi les super-vilains de l’univers DC, et même parmi les super-vilains les plus déjantés et improbables de cet univers, Lobo reste un personnage à part, tant son outrance surpasse de loin toutes les exubérances des autres. Grossier, violent, injurieux, articulant un langage et un humour dévastateurs, drogué et misogyne, jusqu’au-boutiste, ordurier, gras et lourd, Lobo incarne pleinement le too much par excellence. Apparu dans la série « Omega Men » en 1983 sous la plume et le pinceau de Roger Slifer et Keith Giffen, Lobo n’a pas tardé à connaître un certain succès auprès du public à cause de tout ce que je viens d’énumérer comme belles qualités ci-dessus. Clairement, ce personnage fit joliment tache dans le monde parfois un peu lisse de DC, jusqu’à apparaître de plus en plus souvent au sein de divers titres quelques années plus tard grâce à Giffen, notamment dans la série « L.E.G.I.O.N. ». Au fil du temps, Lobo a donc entériné sérieusement son rôle si spécifique dans l’univers DC. « La Balade de Lobo » reprend les mini-séries « Lobo » et « Lobo’s back » parues entre 1990 et 1992 sous l’égide de Keith Giffen (accompagné par Alan Grant), mini-séries qui furent décisives pour ce personnage car réinventant ses origines jusque-là évasives et asseyant définitivement le caractère de cet extraterrestre psychopathe au point de lui donner le potentiel d’avoir sa propre série peu après. Pour mettre en images cette double saga, les deux scénaristes n’ont pas choisi le pire des dessinateurs, au contraire, puisque c’est le génial Simon Bisley qui s’y colla : un pur bonheur !!! Les amateurs savent combien Bisley est un artiste fantastique, son style aussi brut que suave oscillant entre Howard Chaykin et Sam Keith, exprimant avec une rare puissance ce que d’autres peineraient à représenter, carrefour entre le réalisme et la caricature absolus, drôle et tragique, jouissif. La rencontre entre ce dessinateur et ce personnage résonne maintenant comme une évidence. C’est donc à l’assise retentissante de ce personnage haut en couleurs dans le paysage de DC que nous convie cet album, rien de moins ! Ici, le mercenaire va accepter une mission de garde rapprochée qui va mettre ses nerfs à rude épreuve – ce qui peut déclencher en lui les pires secousses existentielles, vous vous en doutez, et ça va être le cas : chouette ! À part ses amis les dauphins, rien ne trouve grâce aux yeux de Lobo, et ces deux mini-séries vont nous plonger dans des aventures iconoclastes au possible, pastichant avec hargne non seulement les modes des comics de l’époque mais aussi tout un pan de notre société contemporaine. À grands coups de jurons, de mauvaise humeur et de violence, le père Lobo va traverser ce qu’on lui inflige avec la maestria décadente qu’on lui connaît, allant toujours plus dans l’outrance… parce qu’on attend ça de lui, et que Giffen ne veut pas nous décevoir ! Personnellement, je trouve que Keith Giffen n’est pas assez reconnu pour ce qu’il est : certes, avec le temps il est devenu une valeur sûre des comics, mais on ne redira jamais assez combien cet auteur et artiste extrêmement talentueux a réussi à évoluer tout au long de son parcours, créant dans le respect et la connaissance de l’histoire des comics, mais sachant en même temps dynamiter le genre pour mieux le réinventer. Cet album est une excellente occasion de s’en rendre mieux compte.
« Gotham Central » T2 par Michael Lark, Ed Brubaker et Greg Rucka
Au milieu de ces titres clairement dédiés aux super-vilains, « Gotham Central » pourrait apparaître ici comme un intrus, même si l’infâme et grimaçant Joker crève l’écran sur la très belle couverture de ce deuxième volume. Mais si je vous parle de cette série au sein de cet article, c’est bien parce que celle-ci – par sa nature particulière où les personnages principaux ne sont justement pas des super-héros ou des super-vilains mais bien des hommes et des femmes tout à fait normaux qui travaillent au commissariat central de Gotham City – offre une nouvelle dimension aux super-vilains et change notre regard sur eux, leur donnant un autre relief. En effet, nous sommes plus qu’habitués à lire des histoires où super-pouvoirs du bien se confrontent aux super-pouvoirs du mal, dans un rapport de forces assez équilibré qui donne tout son sens au terme de « récit super-héroïque ». Mais ici, même si l’ombre de Batman plane parfois sur le récit – toutefois de manière très discrète et sporadique –, c’est bien à la confrontation entre des êtres humains (sans autres pouvoirs que leur flingue, leur insigne de flic et leur courage) et des super-vilains surpuissants à laquelle nous avons affaire… Certes, ces flics n’ont pas que les super-vilains à combattre dans leur ville, mais ceux-ci restent malgré tout une menace potentielle qu’ils ne peuvent pas ignorer, qui plus est parce que Batman ne peut pas être constamment auprès d’eux lorsque la violence déferle autour d’eux. Et c’est bien là l’un des grands thèmes de cette série sublime que ne cesserai de vous conseiller de lire tellement elle est formidable, atypique, juste et inventive, un peu unique en son genre… Elle redonne même tout son sens au nom générique de Detective Comics, archétype du polar le plus noir rappelant quelques chefs-d’œuvre du roman et du film policiers de la grande époque. Lorsqu’elle parut fin 2002, parmi toutes les autres séries DC qui allaient à fond dans le super-héros, la SF et le fantastique, « Gotham Central » fit son petit effet, avec ses ambiances de polar se dégageant ouvertement du super-héroïsme pour se pencher sur l’humain. De plus, nous n’avions pas affaire là à des flics bidon et stéréotypés comme on en voit dans beaucoup de séries TV américaines actuelles bidon et stéréotypées, non : ici ce sont des hommes et des femmes avec leurs problèmes, leurs caractères, leurs trajectoires plus ou moins assumées, affirmées, cernés avec justesse par Brubaker et Rucka – mais ça, ce n’est pas étonnant de leur part ! Et puis il y a les magnifiques dessins de Michael Lark, bien sûr, réalistes et sombres à souhait. Bref, cet article me permet de vous redire une nouvelle fois combien cette série est superbe et qu’elle méritait bien – enfin ! – une réédition digne de ce nom. Et pour en revenir au sujet du jour, allez donc voir dans ce deuxième volume comment nos flics de Gotham vont se dépatouiller d’un Joker qui compte bien semer la terreur en ville à quelques jours de Noël, ou comment ils vont pouvoir aborder des individus comme le Pingouin ou le Chapelier Fou… Tout un programme !
« La Légende de Darkseid » par John Byrne, John Ostrander et Len Wein
On finit par un album qui va sortir à la fin de la semaine prochaine et qui est consacré à l’une des figures les plus emblématiques – bien qu’au départ connexe à l’univers standard de l’éditeur puisque venue par le biais des créations personnelles de Jack Kirby dans les années 70 – de DC. Il s’agit bien sûr du maître de la planète Apokolips, le sombre et omnipotent Darkseid ! Trois grands noms des comics se retrouvent dans cet album : John Ostrander, Len Wein et John Byrne, ce qui donne à cette nouvelle immersion dans le monde de Kirby une belle dimension à la fois scénaristique et artistique. Avant d’entrer dans le vif du sujet, un épisode introductif nous présente les origines de ce personnage cosmique et maléfique, nous permettant de revenir aux racines du mal. Ensuite, le grand spectacle commence. Et pas n’importe quel spectacle, car les auteurs ont décidé d’aborder la menace incarnée par Darkseid non pas selon l’angle le plus évident, mais par une porte de traverse : l’immonde tyran extraterrestre ne va pas attaquer la Terre par le biais de pouvoirs cosmiques, mais par un moyen très connu des Terriens : la manipulation via les médias ! Un plan mental machiavélique qui va mettre à mal – c’est bien le but – la réputation des super-héros de la Terre, jusqu’à les discréditer auprès de la population qui pourrait bien mettre fin à leur statut de légendes vivantes. Un postulat inattendu, malin et finement mené qui ne peut que nous enchanter, déportant les combats habituels sur un terrain peu commun (voire unique) dans le parcours de Darkseid. Alors, si vous voulez savoir si Darkseid pourrait bifurquer grâce aux sages paroles du Phantom Stranger, si les discussions entre Ronald Reagan et Superman réussiront à endiguer la catastrophe, ou si la population ne lynchera pas ses super-héros malgré les discours de haine de G. Gordon Godfrey, jetez-vous sur cet album et vous le saurez !
Cecil McKINLEY
« Super-Vilains Anthologie », collectif
Éditions Urban Comics (25,00€) – ISBN : 978-2-3657-7422-2
« La Balade de Lobo » Par Simon Bisley, Keith Giffen et Alan Grant
Éditions Urban Comics (19,00€) – ISBN : 978-2-3657-7554-0
« Gotham Central » T2 par Michael Lark, Ed Brubaker et Greg Rucka
Éditions Urban Comics (22,50€) – ISBN : 978-2-3657-7557-1
« La Légende de Darkseid » par John Byrne, John Ostrander et Len Wein
Éditions Urban Comics (22,50€) – ISBN : 978-2-3657-7571-7