Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Loa » T1 par Guillaume Stey
Guillaume Stey est un nouveau venu dans le monde des mangas réalisés par des occidentaux. Comme beaucoup de Français, durant son adolescence, il reprend goût à la lecture de bande dessinée avec celle venue d’Asie. Son premier titre, « Loa », reprend tous les poncifs de la quête interplanétaire d’artefact censé offrir pouvoir et richesse. Il y a beaucoup de « DragonBall » dans cet Å“uvre, mais c’est surtout une excellente BD d’aventure à destination des plus jeunes.
Sur une planète inconnue, dans un futur inconnu, une jeune fille, Éline, repêche un jeune homme qui se déplace sur une sorte de trottinette antigravitationnelle. Pourquoi cet inconscient l’a utilisé sur un lac ? Tout le monde sait bien que cela ne fonctionne que sur les surfaces solides ! Sur cette planète, la gravité est extrêmement faible et les humains qui y habitent sont condamnés à y rester. Toute autre planète, à la gravité normale ou plus forte, les écraserait.
Ayant repris ses esprits, le jeune homme se prénommant Loa explique à sa sauveteuse qu’il est en quête d’une sorte de trésor. En fait, il s’agit d’objet offrant une puissance incommensurable et qu’une force extraterrestre aurait caché aux quatre coins du globe, après une grande guerre. Bref, une quête est sur le point de commencer. Le lecteur se lance dans cette aventure aux côtés d’un héros d’apparence un peu naïve, une jeune fille forte et aventureuse (malgré une maladie qui la ronge), un trio de méchants dirigé d’une main de fer par un Duc et un père pas vraiment à l’écoute des envies de liberté de sa fille. Rien que du classique, mais amené de manière élégante.
En beaucoup de points, ce « Global Manga » rappelle « One Piece », « Naruto » et surtout « DragonBall » d’Akira Toriyama. Que ce soit dans le scénario comme dans le graphisme. On sent bien que Guillaume Stey, trentenaire, a été élevé en regardant le Club Dorothée. Pour un premier livre, c’est un beau pavé de 232 pages, dont 8 en couleurs. Le dessin, parfois malhabile, notamment sur certains personnages adultes qu’il est difficile de distinguer des enfants, est pourtant très agréable. C’est surtout la profusion de décors qui surprend. Là où les mangas sont assez sobres, cette histoire ne comporte quasiment pas de case au fond vide. Le lecteur est baladé dans ce monde où la nature est omniprésente et légèrement différente de la nôtre, mais finalement assez proche. C’est une profusion de lacs, de végétations et de bâtiments perdus dans la nature. Un petit coin de paradis, en quelque sorte, qui va bien évidemment être troublé par des êtres malintentionnés.
Planifié sur trois tomes, dont le second paraîtra en février 2015, « Loa » est à placer dans le haut du panier de ces mangas made in France. Avec un dessin dynamique et dense et une histoire entraînante, cette quête du jeune Loa et de son amie Éline, pour retrouver les puissants artefacts, s’annonce palpitante.
Gwenaël JACQUET
« Loa » T 1 par Guillaume Stey
Éditions Delcourt (7,99€) – ISBN : 978-2-7560-5971-6