Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Le Voyage de Ryu » T1 et T2 par Shôtarô Ishinomori
Comme Kana, Glénat continue d’éditer les ?uvres de ce maître du manga qu’est Shôtarô Ishinomori. Après » Sabu to Ichi » ou » Cyborg 009 « , cette édition du » Voyage de Ryu » est une bonne nouvelle. Glénat venant d’augmenter le prix de la série » Cyborg 009 » qui a du mal à trouver son public, on aurait pu craindre l’abandon de cette collection » Vintage « . Le tirage étant moins important, le prix de revient augmente et cela se ressent sur le tarif demandé aux lecteurs. Néanmoins, il vaut mieux ça qu’une série qui s’arrête en pleins milieu.
Beaucoup de personnes vont associer ce manga à la série » Nolan » qui passait, en 1989, sur la cinquième chaîne française de Berlusconi. Or, ce sont deux histoires bien différentes, mais mettant en scène un personnage identique : Ryu. » Nolan « , nom français du héros, est né sur terre à la préhistoire, d’une mère humanoïde à la peau foncée alors que lui a le teint clair. Il fut donc banni de son clan alors qu’il n’était qu’un bébé. Recueilli par des hommes singes, il vivra dans un monde hostile peuplé de dinosaures et d’êtres d’un autre âge. Cette série est la préquelle de celle publiée aujourd’hui par Glénat, bien qu’elle fût éditée, au Japon, deux ans après : en 1971. À noter qu’une troisième série » Banchou Wakusei » clôtura la trilogie, en 1975 (1).
© Shôtarô Ishinomori – Ishimori production – Glénat
« Le Voyage de Ryu » pour sa part se situe dans un futur ou la terre est décimée à la suite d’un conflit nucléaire opposant l’Orient et l’Occident. Reprenant un des thèmes pacifistes chers à son maître Osamu Tezuka, Ishinomori décrit une vision bien pessimiste de notre futur.
© Shôtarô Ishinomorii – Ishimori production – Glénat
L’histoire débute alors que Ryu, passager clandestin à bord d’un vaisseau d’exploration spatial, se réveille d’une cryogénisation de plus de quarante ans. Il n’a que peu vieilli et, grâce à une déformation de l’espace-temps, il se retrouve projeté des centaines d’années dans le futur de la terre. Son vaisseau ayant atterri sur celle-ci, il se verra contraint de l’explorer, afin de trouver des traces d’une civilisation qui a l’air d’avoir disparue. Seuls des arbres mutants, des chauves-souris, des rats géants, des singes humanoïdes et des humains difformes semblent peupler la planète. Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, Ryu finit par rencontrer quelques congénères, compagnons d’infortune qui l’accompagneront dans son périple pour retrouver une hypothétique civilisation humaine.
© Shôtarô Ishinomori – Ishimori production – Glénat
?uvre d’anticipation digne des plus grands maîtres de la science-fiction, » Le Voyage de Ryu » ne brille pas que par son scénario. Ishinomori y exprime tout son talent graphique. Les décors sont impressionnants, les monstres crédibles et les attitudes de chaque personnage parfaitement trouvées. L’Å“uvre a ce petit côté désuet qui faisait le charme des nombreuses histoires de science-fiction des années cinquante et soixante.
© Shôtarô Ishinomori – Ishimori production – Glénat
Malgré ses trois cent-cinquante pages bien fournies, ce manga se lit extrêmement facilement. On se laisse porter par le récit de cette humanité qui s’est anéantie pour mieux renaître. On suit les traces de ce Ryu, jeune homme extrêmement tenace, se découvrant des talents insoupçonnés. Il est rare de voir une Å“uvre ayant presque un demi-siècle, puisque publié en 1969, avoir un discours aussi contemporain.
© Shôtarô Ishinomori – Ishimori production – Glénat
Prévue en cinq volumes, la série devrait être complète dans l’année.
Un manga à ne pas rater, d’une part pour son côté historique, mais surtout pour sa grande qualité narrative qui la place parmi les chefs-d’Å“uvre du genre.
Gwenaël Jacquet
» Le Voyage de Ryu » T1 et T2 par Shôtarô Ishinomori
Éditions Glénat (10,55€)
(1) : La trilogie Ryu est une pièce maîtresse de l’Å“uvre d’Ishinomori. Prenant exemple sur les différents mangas de Tezuka, Ishinomori reprendra le concept de personnage récurent et de scénario poussé mélangeant humour et drame. La série met en scène un garçon à différentes époques avec toujours un idéal de paix et une intelligence supérieure à la normale.
La chronologie japonaise de ce personnage commence par : » Ryuu no Michi » ??????? " »> » ??????? « – » Nolan, enfant des cavernes » diffusé en animé sur la 5, en 1989 (vingt-deux épisodes). Tiré du manga en trois volumes édités par Akita Shôten, en 1971. Elle est également rééditée en deux volumes plus épais, aujourd’hui.
Et pour clôturer la trilogie, » Banchou Wakusei » (Sequelle)
- » Ryuu no Michi » – » Genshi Shounen Ryuu » – » Banchou Wakusei » -