« L’Odeur de l’or » par Capucine Mazille et Sylvie Chausse

Un gentil dragon croise le petit Poucet, puis un voleur vampirisé et un ogre, père de famille attentionné, avant de tomber dans un gouffre peuplé d’elfes peu avenants… Voilà de quoi satisfaire les jeunes lecteurs. Les plus grands s’amuseront des jeux avec le langage et de ceux avec les personnages de vieilles légendes et des contes anciens.

Barbaro est un gentil petit dragon. Il quitte, sur le coup de la colère, le grand chêne où il vit au chaud avec Elvish, un elfe muet. Dehors, l’hiver est rude, la neige recouvre la campagne et la forêt dense voisine. Il n’aurait pas dû partir tout seul, car il souffre de problèmes d’orientation. Il croise le fils cadet d’un bûcheron qui vient d’échapper à un ogre, père de sept filles. Il s’agit, bien sûr, du petit Poucet. Les deux nouveaux amis chutent dans un gouffre et se retrouvent prisonniers du peuple des elfes bleus.

Pendant ce temps, le père de Poucet et l’ogre partent, chacun de leur côté en quête de nourriture dans la forêt. Deux malandrins, Alfredo et Baruck s’échappent des geôles du prince et sont vite attirés par l’odeur de l’or. Ils trouvent plusieurs pépites qui sont en fait des crottes de Barbaro. À la poursuite de cette source de richesse, ils chutent à leur tour dans le gouffre. Cela tombe bien, si on peut dire, pour Baruck qui, mordu par une chauve-souris, ne supporte plus la lumière du jour et sent ses canines pousser.

 

Elvish découvre le monde souterrain et renoue alors le contact avec le monde elfique. Il fait sortir ses amis du piège où ils étaient retenus. Lors de son court séjour près des siens, il a mis à jour de lourds secrets sur ses parents et sur une malédiction qui pèse sur lui. Tout cela le perturbe.

On retrouve, dans cet album, les personnages de la série créée par Sylvie Chausse et Capucine Mazille dans « Le Château invisible » puis « Le Secret de l’alchimiste ». Dans ce petit monde, très vivant, d’un merveilleux médiéval renouvelé, les auteures s’amusent à glisser des références aux contes de Grimm ou à l’univers des vampires.

Le récit aux nombreux rebondissements conserve sur plus de 50 pages son esprit bon enfant, joyeux et sans violence. Sylvie Chausse joue avec le langage, Barbaro, par exemple ne converse qu’en rimes, avec des mots se terminant par le son « eur » ; hauteur, grimpeur, trotteur, galopeur, voltigeur, etc.

Les couleurs vives et le dessin rond, mais précis, dans une mise en page très dynamique, de Capucine Mazille donnent à voir de multiples détails que l’on peut s’amuser à repérer d’une planche à l’autre.

On peut lire le troisième album de cette série, sans connaître les deux premiers. Nous vous en recommandons toutefois la lecture, car elle offre un certain relief à des personnages qui évoluent d’un volume à l’autre.

Sous des dehors de conte fantasque et léger, la bande dessinée véhicule des valeurs humanistes, sur l’attention à porter aux autres, l’acceptation de la différence et sur le prix des choses. Si l’argent n’a pas d’odeur, l’or en a une et elle ne sent pas très bon !!!

 

De quoi s’amuser, beaucoup, en réfléchissant, un peu… Bref, un bon moment de lecture.

Laurent LESSOUS (L@BD)

« L’Odeur de l’or » par Capucine Mazille et Sylvie Chausse

Éditions Mosquito, collection Lily Mosquito (13 €) – ISBN : 978-2-35283-272-0

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