Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« Hilda T4 : Hilda et le chien noir » par Luke Pearson
Bienvenue dans l’univers d’Hilda, fillette attachante et intrépide, douée d’une imagination féconde, qui évolue dans un monde ordinaire … enfin presque.
Ses trois premières aventures ont été publiées chez Nobrow, éditeur britannique qui en tout d’abord a proposé une version anglaise, of course, puis une seconde version traduite en français par Judith Taboy.
Les aventures d’Hilda peuvent se lire indépendamment les unes des autres et l’on peut donc la découvrir dans ce tome 4 sans avoir lu au préalable des autres.
Au commencement, la petite Hilda, immédiatement repérable par sa chevelure bleue et ses larges bottes rouges dans lesquelles ses jambes frêles semblent flotter, vivait à la campagne avec sa maman et un animal de compagnie difficilement identifiable, Brindille. Dans la vallée paisible où Hilda et sa mère s’étaient installées, l’on trouve aussi toutes sortes de créatures fantastiques, que la fillette est capable de voir et auxquelles elle est attentive. Le monde dans lequel Luke Pearson fait évoluer son héroïne est empreint de culture scandinave. L’on y retrouve entre autres les trolls et les fjords.
Mais à la suite de quelques mésaventures, la mère d’Hilda décide que, désormais, elles habiteront en ville afin de mettre sa fille à l’abri. C’est ainsi qu’elles s’installent dans la petite ville de Trollbourg et que les sorties d’Hilda sont contrôlées.
Lorsque que l’on découvre Hilda sur la première planche de ce quatrième opus, l’on pénètre dans une nature inquiétante. L’atmosphère sombre est zébrée d’une pluie verticale. Au loin, se découpe la silhouette d’un gigantesque animal qui regarde en contrebas une petite tente fragile. A l’intérieur, Hilda mange des tartines en compagnie de Brindille. Elle ne semble pas inquiète.
Les pages suivantes nous ramènent à la réalité de manière subtile, par une belle case de transition. L’on comprend qu’Hilda joue dans sa chambre puisqu’elle est privée de sorties.
Histoire de la sociabiliser, la mère de la fillette lui propose ensuite de rejoindre la patrouille des Moineaux (les scouts de Trollbourg), qu’elle a elle-même fréquenté dans sa jeunesse. Hilda se plonge avec ardeur dans cette nouvelle aventure, rêvant de collectionner les bonnes actions, les badges récompensant toutes sortes de compétences et l’art délicat du camping . Tout en s’appliquant dans cet apprentissage, Hilda apprend qu’une bête noire rôde dans la ville, ce qui inquiète sa mère. Son attention est également attirée par un être étrange, qui mendie dans la rue. Il s’agit d’un nisse, sorte d’esprit domestique qui a été mis à la porte de la maison où il vivait. Ces créatures magiques trouvent refuge dans les endroits cachés des maisons. Hilda décide de l’aider, ce qui va donner lieu à quelques scènes mémorables dans des lieux insoupçonnés …
Voici un très joli album, tant sur la forme que sur le fond. Luke Pearson parle de l’enfance de manière délicate et sa petite héroïne est d’amblée un personnage fort, qui s’implique entièrement dans ce qu’elle décide de faire, qui est à la fois naïve et très mature, tellement soucieuse de faire plaisir à sa mère. Par certains côtés, Hilda fait penser aux personnages enfantins de Roald Dahl, l’écrivain britannique né en Norvège.
Hilda évolue dans un monde réaliste, entre nature et ville, empreint de valeurs positives et l’on aime la manière toute « naturelle » dont Luke Pearson y introduit les notes fantastiques, comme s’il était communément admis que la terre puisse posséder plusieurs dimensions.
Saluons également la qualité graphique de l’album, le traitement des couleurs qui donne au récit une tonalité joliment désuète et douce, tout comme le trait rond et rassurant et le découpage des planches extrêmement dynamique.
Le travail de Luke Pearson est vraiment prometteur. Un auteur à suivre de près.
Les trois premiers albums seront réédités par Casterman, le nouvel éditeur de Luke Pearson pour ce tome 4, en août prochain.
« Hilda et le géant de la nuit » (2011) – « Hilda et le troll » (2012) – « Hilda et la parade des oiseaux » (2012)
Illustrateur et auteur de bande dessinée, Luke Pearson s’est distingué dès ses premiers pas professionnels dans la presse, puis à partir de 2010 dans l’édition avec les premiers volumes de la série « Hilda ». Il est des plus sûrs espoirs de la bande dessinée britannique.
Catherine GENTILE
« Hilda T4 : Hilda et le chien noir » par Luke Pearson
Éditions Casterman (14,95 €) – ISBN 978 2 203 08123 9