On vous a déjà dit tout le bien que l’on pensait de la saga ébouriffante, délirante et jubilatoire « The Kong Crew » d’Éric Hérenguel… (1) Or, voilà que les éditions Caurette sortent une très belle intégrale de luxe de la trilogie (224 pages, dans sa version originale en noir et blanc grisé et en français) : une incroyable épopée hommage aux comics, aux pulps et aux vieux films fantastiques des fifties ! Ceci alors que le tome 3, cartonné et en couleurs, vient aussi à peine de paraître chez Ankama… La totale en noir et blanc ou les trois volumes en couleurs, vous avez donc le choix ! L’essentiel étant de ne pas passer à côté de ces aventures follement drôles, débridées et imaginatives, sous couvert de fable épique et écologique !
Lire la suite...« Errance en Mer Rouge » par Joël Alessandra
Le voyageur est fondamentalement un errant, contrairement au touriste. Il accepte le hasard, le trajet aléatoire, où le vent le porte, où le portent ses pas. C’est aussi le cas des gens déprimés, dépressifs qui se laissent choir ou mener, malmener, par les événements, comme ce prof d’arts plastiques qui vient de perdre son épouse et qu’Alessandra met en scène. La mort est voyageuse, elle aussi !
Pour tenter, non pas d’oublier Anna, mais de bouger, de rebondir, Tom accepte un poste à l’étranger et c’est à Djibouti qu’il va remplacer un collègue. L’artiste commence par croquer, dans ses carnets, des visages, des scènes quotidiennes, des façades, le dessin constituant comme il dit un moyen de se sentir vivant. Un Blanc vivant parmi les Noirs, être l’étranger ailleurs, c’est d’abord perturbant, mais cela rapproche des autres et tout change. La mort éloigne des autres ; grâce à la vie, on s’en rapproche ! Et les carnets se remplissent des scènes typiques de la Corne de l’Afrique…
Pourtant, très vite, à l’exotisme il faut adjoindre l’entraide, la solidarité (donner des cours aux petits Djiboutiens), puis l’aventure. Elle viendra de Fred, un blanc trafiquant et sans état d’âme, qui sait tout de l’histoire locale (et tout, notamment, des fameux pirates du Golfe d’Aden). Ce propriétaire d’un boutre arrive à persuader notre prof un peu désœuvré de l’accompagner… au Yemen, pour de rocambolesques aventures. Un autre compagnon dans cette errance, c’est Henry de Monfreid, dont l’ombre et les récits planent au fil des pages (reproductions de couvertures, extraits de textes…).
Les pages de l’album reproduisent à foison des dessins de rue et des quartiers à main levée, alternant les pages de BD, les peintures pleine page, les croquis au feutre noir et de nombreuses aquarelles de bateaux, bref une diversité de styles qui fait de cette « Errance » une aventure en bande dessinée autant qu’un carnet de voyages, comprenant en fin d’ouvrage les photos d’un véritable périple de l’auteur.
Profitons-en pour rappeler l’album « Escales en femmes inconnues » que Joël Alessandra a publié l’an passé : voyages, là encore, mais féminins, sensuels, sexuels, tout autour du monde. C’est cru, charnel, érotique, et vous n’oublierez pas de sitôt certaines des femmes de cet album, éthiopienne ou chinoise, djiboutienne (tiens, tiens !) ou Indonésienne…
Alors bons voyages !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook) http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Errance en Mer Rouge » par Joël Alessandra
Éditions Casterman (22,50 €) – ISBN : 978-2-203-07585-6
« Escales en femmes inconnues » par Joël Alessandra
Éditions Page 69 (15, 50 €) – ISBN : 979-1-0918-3502-2
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magnifique résumé mais il faut le lire pour comprendre l’ensemble de l’oeuvre. Est ce qu’il y aura une suite?
Il avait publié également le très beau « Fikrie » aux éditions » la boite à bulles » , tous ses ouvrages nous transforment véritablement en voyageurs, en accompagnateurs de ses périples et découvertes dans l’intime des choses.