Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Tamara n’est pas une fille de magazine, mince, anorexique et figée. Tamara n’est pas une aventurière parcourant le monde pour qu’il aille mieux. Tamara n’est pas une icône glamour.
Pourtant Tamara est une héroïne et elle a du succès ! Apparue dans Spirou en janvier 2006, elle vit des aventures ordinaires dans une série très appréciée des adolescents et adolescentes, qui se retrouvent dans cette jeune fille ou dans l’un des autres personnages entourant Tamara.
Tamara est une adolescente d’aujourd’hui, une brunette boulotte qui oscille entre régime et surconsommation de chips au paprika, entre culpabilité et laisser aller. Elle n’est pas très bien dans sa peau, a du mal à se faire des amis et vit au sein d’une famille reconstituée composée de sa mère, Amandine, de son nouvel amoureux, Chico, venu du Brésil, et de la fille de ce dernier, la jolie Yoli, plus jeune que Tamara. Les deux « sÅ“urs » s’entendent bien et Yoli, plutôt en avance sur son âge, est à l’écoute de Tamara et sait trouver les mots qu’il faut pour la consoler. Il règne au sein de la famille une atmosphère bon enfant, joyeuse, musicale propre à l’épanouissement de chacun.
 Cela fait déjà quelques albums que Tamara a rencontré le beau Diego, dont la famille est originaire du Chili, que sa vie a pris de plus jolies couleurs, et qu’elle vit avec lui un amour passionné. Diego parvient même à poétiser ses devoirs de maths en mêlant aux équations non résolues des cœurs et des mots d’amour.
Pourtant, la situation est critique. Vu les piètres résultats de Diego, ses parents décident d’envoyer leur rejeton en internat. « Sois fort, mon fils ! Un Chilien ne pleure pas ! Un Chilien affronte son destin ! », lui dit son père en guise de viatique. Tamara, désespérée, se venge sur les chips, au grand dam de son pèse-personne en colère. Malgré Skype, Tamara se languit mais ne dépérit point. Elle décide quand même quelques séances de piscine où elle rencontre Vanessa Matshumbé, puis son frère, Kessi. Diego, Kessi ? Pour connaître l’issue de ce dilemme amoureux, il nous faudra patienter quelques mois …
« Tamara » est une excellente série, à la fois tonique et drôle, dont l’apparente légèreté permet d’aborder aisément de nombreux sujets de société. Malgré ses rondeurs, ses vagues à l’âme passagers et ses accès de boulimie, l’héroïne est un personnage très positif, qui évolue au fil des albums, et se construit avec ses failles et ses atouts. Il est beaucoup question, dans les différents albums, de métissage, d’acceptation des différences, de respect de l’autre, autant de messages qui permettent de réfléchir et de lutter contre le repli sur soi et l’intolérance que prônent certains aujourd’hui.  C’est sans doute ce mélange bien dosé qui explique le succès de la série. On aime aussi les petites touches poétiques, comme l’arbre de la scène d’ouverture, qui redoute plus que tout les amoureux graveurs, ou le pèse-personne de Tamara, personnage ô combien ronchon, et le dynamisme de la narration.
Cette série intelligente est une bien jolie bulle d’oxygène !
 Catherine GENTILE
« Tamara T12 : Loin des yeux … » par Christian Darasse, Bosse et Zidrou
Éditions Dupuis (10,60 €) – ISBN 978 2 8001 5845 7