Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...» Mont-Blanc » par Bidot et Perret
Voyager, c’est souvent grimper, monter toujours plus haut et, pour certains, atteindre les cimes réputées inaccessibles ou inviolées. Si l’album » Mont-Blanc » n’atteint pas, lui, des sommets graphiques, il évoque en revanche fort bien l’ambition folle qui, dès le XVIIIème siècle, excite l’envie d’en découdre une fois pour toutes avec la montagne maudite.
Un jeune aristocrate genevois, Horace Benedict de Saussure, offre alors une « récompense raisonnable » à qui saura découvrir la voie d’accès de la Déesse Blanche. Quelques années plus tard, en 1787, Michel Gabriel Paccard et Jacques Balmat y parviennent enfin, dans un climat de totale compétition : car c’est à qui réussira le premier cet insensé défi ! À Chamonix, une statue du guide Jacques Balmat indiquant le sommet mont Blanc à Horace-Bénédict de Saussure trône en bonne place et on peut consulter le site du Mont Blanc à propos de cette aventure.
La couverture de l’album prend à contre-pied le célèbre tableau » Voyageur contemplant une mer de nuages » de Caspar David Friedrich (1774-1840) qui, en 1818, témoignait bien de cette fascination. Sur le premier scénario de Vivianne Perret, Laurent Bidot, qui connaît bien la montagne puisqu’il a collaboré à une » Histoire de la Grande Chartreuse » publiée chez Glénat, signe un album historique bien maîtrisé (il a déjà scénarisé et dessiné les quatre volumes de la série « Le Linceul » puis un one-shot sur » L’Histoire du Mont-Saint-Michel « ).
Atteindre les sommets, d’autres albums évoquent cette soif inextinguible : avec » Sagarmatha. La montagne dont la tête touche le ciel « , il apparaît que le combat contre la nature n’est souvent pas plus compliqué que le combat entre deux générations, filiales qui plus est. Outre le très bon scénario de Weber, c’est l’occasion d’y apprécier le travail de Renaud Pennelle, amateur d’un dessin fluet et d’une mise en couleurs extraordinaire. Puisque les éditions Glénat ont publié l’intégrale de » Névé « , l’œuvre commune de Lepage et Dieter, signalons le premier épisode : » Bleu regard « , qui mettait en scène également un imbroglio filial et familial dramatique sur fond d’alpinisme dans les Andes argentines; et le cinquième tome : » Noirs désirs « où l’on retrouve Névé, alors guide de montagne près de Chamonix, précisément .
Sur un thème similaire, on pourra certes relire « Tintin au Tibet » – c’est inévitable -, mais aussi découvrir » Caroline Baldwin. T6, Angel Rock » . Et bien entendu se plonger dans les trois tomes de l’œuvre de Taniguchi et Baku : » Le Sommet des dieux « .
N’oublions pas puisque, avec le Mont-Blanc, nous sommes dans les Alpes, » À la recherche de Peter Pan « , de Cosey, notamment la réédition en un seul tome de ce chef d’œuvre, avec présentation du Valais en photos et aquarelles.
Et pour finir, indispensable si on veut tout comprendre de la montagne !, surtout quand elles sont curieusement agitées : » Bêêêêtes of le Génie des Alpages « . Un » sommet » du patrimoine BD !
Didier QUELLA-GUYOT
(L@BD)
» Mont-Blanc » par Laurent Bidot et Viviane Perret
Éditions Glénat (13,50 Euros)