Saviez-vous qu’en 1916, à Unicoi (comté de l’État du Tennessee, aux États-Unis), une éléphante prénommée Mary a été condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait ? Eh oui, en Amérique, à cette époque-là, on ne rigolait pas avec la loi, même en ce qui concernait les animaux à qui ont accordait, suivant la croyance populaire, une conscience morale. La plupart d’entre eux devant alors être exécutés, il y aurait eu, d’après l’excellent narrateur et dessinateur David Ratte (1), des bourreaux assermentés qui devaient parcourir tout le pays pour appliquer la sentence suprême à ces bestioles assassines, à la suite de décisions issues des procédures fédérales. C’était d’ailleurs le métier du jeune Jack Gilet : un type un peu paumé qui aimait tellement les animaux qu’il ne voulait pas qu’on les abatte comme des bêtes…
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« Les Cobayes » par Nicolas Barral et Tonino Benacquista
Avec « Les Cobayes », fort bien mis en images par un Nicolas Barral ayant opté ici pour un style réaliste aiguisé et inspiré, vous allez tout savoir sur ces gens qui participent à des expériences dans des laboratoires pharmaceutiques : ceux qui n’hésitent pas, contre salaire attrayant, à subir un régime contrôlé nécessitant de nombreux tests et prises de sang. Les trois héros de cette comédie policière flirtant avec le fantastique, deux hommes et une femme un peu paumés qui se sont portés volontaires pour tester un antidépresseur révolutionnaire, vont cependant connaître une étonnante métamorphose qui va transformer leurs faiblesses en forces.
En effet, ce médicament va avoir des répercussions pour le moins inattendues sur leurs vies… Romain, grand timide souffrant de problèmes d’érection, va devenir un Don Juan infatigable. Daniel, quarantenaire perdant la mémoire et son boulot en conséquence, va finalement se souvenir absolument de tout. Et Moïra peintre raté, si on se base sur l’avis de sa famille et de ses professeurs, va voir ses toiles s’arracher à des prix fous sur le marché de l’art…
Mais le plus intéressant, dans ce grinçant scénario fort bien ficelé — qui fait même froid dans le dos et dont la fin appelle inexorablement à une suite —, c’est le traitement des différentes personnalités et de leurs problèmes : la sexualité, la mémoire et la créativité étant des thèmes qui touchent forcément chacun de nous. Tonino Benacquista, déjà reconnu pour ses succès en tant qu’écrivain (« Les Morsures de l’aube » et « Malavita ») ou scénariste pour le cinéma (« Sur mes lèvres » et « De battre mon cœur s’est arrêté »), sait donc aussi livrer d’excellentes histoires pour la bande dessinée : il y a vraiment des gens qui savent tout faire, et c’est tant mieux pour les lecteurs !
Gilles RATIER
« Les Cobayes » par Nicolas Barral et Tonino Benacquista
Éditions Dargaud (17,95 €) – ISBN : 978-2205-06326-4
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