Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...COMIC BOOK HEBDO n°132 (31/07/2010)
Cette semaine, comment dessiner les super-héros avec STAN LEE et JOHN BUSCEMA…
COMMENT DESSINER LES COMICS – LA MÉTHODE MARVEL (Akileos)
Ah… dessiner des super-héros et entrer dans le sérail marvélien… beaucoup de fans – dessinateurs ou non – en ont rêvé, et en rêvent encore… Depuis quelques années, le phénomène des ouvrages entendant apprendre à dessiner de la bande dessinée enfle gentiment mais sûrement, trouvant même à se faire une place spécifique dans les rayonnages de nos librairies… Il est loin, le temps où L’Art de la BD de Duc était le seul ouvrage édité en ce sens en France… Depuis, les mangas et les comics sont passés par là , et repassent maintenant par ici. De nombreux ouvrages ont alors vu le jour, sans parler de ceux – aussi indispensables qu’heureusement réédités – de Will Eisner. Pour parler spécifiquement du domaine qui nous concerne ici (les comics), on retiendra notamment les deux volumes d’Apprendre à dessiner les super-héros parus il y a trois-quatre ans chez Delcourt et qui nous proposaient de suivre les conseils de tout le gratin de la profession. Car pour le reste (et même si ces deux volumes pouvaient pécher en cohérence et en continuité par l’éclectisme des professeurs et une maquette parfois trop riche pour être lisible), il y aurait quand même beaucoup à redire sur les soi-disant méthodes entendant apprendre à dessiner en 48 pages chrono… Stan Lee, lui, en 150 pages, a conscience qu’il n’a fait qu’affleurer le sujet, et ne s’en cache pas, honnêtement. Car oui, en 1978, Stan Lee lui-même avait tenté l’expérience d’un tel ouvrage, en compagnie de John Buscema : waouh ! Il aura fallu attendre plus de trente ans pour que ce livre mythique soit enfin traduit et édité en France, voilà qui est chose faite grâce aux éditions Akileos. Remercions-les donc encore une fois, ces « petits » éditeurs qui font le travail des « grands » (nous y reviendrons prochainement dans une chronique estivale, Akileos ayant sorti cette année l’édition française de Blazing Combat).
Avoir Stan Lee et John Buscema comme profs pour faire ses premiers pas dans le dessin de comics, avouez qu’il y a pire ! Car ce sont bien de premiers pas dont il s’agit. Je l’ai dit, en un peu plus de 150 pages, Lee n’a pas la prétention de proposer un cours magistral exhaustif, mais plutôt une introduction au dessin de super-héros, prodiguant conseils et directions à suivre pour bien comprendre l’essence même de la « méthode Marvel ». Pour cela, Lee ne manque pas d’humour, et ne cache pas le fait que l’ouvrage en son entier ne tient que par la présence et le savoir de John Buscema. En effet, si Lee chapeaute, c’est bien Buscema qui dessine et explique pourquoi et comment il dessine, preuves à l’appui. Ou plutôt dessins à l’appui, avec une flopée de talents pour illustrer son propos : Neal Adams, Ross Andru, Buscema lui-même, Gene Colan, John Romita, et… Jack Kirby, bien sûr ! On voit donc que Lee et Buscema ont envisagé l’ouvrage de manière très didactique et classique (le nom de Burne Hogarth figurant dans la bibliographie en est un indice fort) : on n’apprend jamais mieux qu’en copiant les maîtres, en regardant et analysant leurs Å“uvres. Et c’est certes un avantage face aux fascicules où des professeurs-dessinateurs de second ordre échafaudent leurs compositions académiques en parvenant rarement à la force des auteurs qu’ils admirent et dont ils parlent. Mais ne soyons pas trop durs. Et ne faisons pas de cet ouvrage une légende insurpassable ; mais l’intérêt de Lee et Buscema en profs reste encore aujourd’hui d’actualité et s’avère extrêmement constructif et efficace. On ne peut nier, après certes quelques chapitres s’adressant presque à des personnes n’ayant jamais dessiné, l’excitation de suivre et de voir ce que nous apprend Big John quant à la construction spécifique d’un univers graphique super-héroïque. Pour certains, ces premiers chapitres initiatiques pourront paraître trop longs, ou bien destinés à un ouvrage plus général d’apprentissage du dessin, mais Lee et Buscema entendent bien donner aux lecteurs une méthode « clé en mains », comme on dit. À l’américaine. Yeah. Donc, patience pour les plus aguerris, le croustillant finit bien par venir, et, soit dit en passant, le rappel des bases élémentaires permet aussi de mieux comprendre la nature de ce que le dessinateur devra accentuer, exagérer, gommer, transformer. En 12 chapitres, du corps humain à la perspective en passant par les expressions du visage, le mouvement, l’action, la composition, etc., vous saurez comment un dessinateur Marvel envisage la chose. L’une des parties les plus intéressantes de l’ouvrage est celle de l’encrage, avec différents encrages pour le même crayonné, ainsi que celle consacrée à la composition où une même scène est dessinée « normalement » puis à la façon Marvel, ce qui permet de mieux appréhender la manière de faire au sein de la Maison des Idées pour nous offrir des récits aussi dynamiques. Bref, vous l’aurez compris, je vous recommande chaudement Comment dessiner les comics – la méthode Marvel, ne serait-ce que pour l’intérêt historique et scientifique de la chose (qui a dit « aux yeux bleus » ?). Euh… bah… Excelsior !
Cecil McKINLEY