« Titeuf 20 ans … et toujours à l’école ! » par Zep

Zep n’est pas seulement l’auteur d’un album très attendu et remarqué, « Une histoire d’hommes », publié en septembre dernier par la nouvelle maison d’édition Rue de Sèvres.
Il est aussi le créateur de Titeuf, l’un des poids lourds de la bande dessinée jeunesse, star des cours d’école, des tirages et des séances de dédicaces.
Titeuf a aujourd’hui vingt ans, même s’il est toujours à l’école primaire avec l’horrible Madame Biglon, n’a pas rasé sa légendaire mèche blonde qui reflète ses humeurs et états d’âme, et sa petite sœur Zizie, née en 1998 dans le tome 7 de ses aventures, « Le Miracle de la vie », n’a toujours pas appris à marcher. Avec ses copains Manu, Hugo, François, Jean-Claude et Vomito, il continue à penser aux filles, à faire des blagues, à triturer le langage et à rougir joliment quand il est embarrassé.

Oui, Titeuf aura toujours 8 ou 10 ans. Son créateur a choisi de ne pas le faire vieillir afin de préserver intact ce mélange subtil de naïveté, de curiosité et d’espièglerie qui a fait de ce petit garçon un personnage unique et novateur. Pourtant, au fil des treize albums qui le mettent en scène, le monde change autour de lui …

Pour fêter l’anniversaire de ce garçon phénomène, les éditions Glénat publient un album rétrospective, conçu comme un dialogue dessiné et écrit entre l’auteur et son personnage.

Zep y évoque les dates clés de l’aventure Titeuf, de 1993, date de la sortie du premier album, « Dieu, le sexe et les bretelles » (en noir et blanc, tiré à 7000 exemplaires) jusqu’au 164ème et dernier numéro du magazine Tchô ! et aux concerts dessinés du festival d’Angoulême en janvier 2013.

Zep raconte tout d’abord la genèse du personnage alors que personne, en dehors de sa Suisse natale, ne le connaissait.

« Mon atelier de Carouge avait une unique fenêtre qui donnait sur la cour de l’école primaire. J’envoyais un projet de bande dessinée par semaine aux journaux et éditeurs et je guettais en vain ma boîte aux lettres. […] Ā mon 261ème projet refusé, je dégustais une barre chocolatée à la fenêtre et je me disais que c’était tout de même un beau métier … même si le champagne, c’était pas pour tout de suite. C’était l’heure de la récré et j’écoutais les petits piailler deux étages au-dessous : « Pôv’ connard du cul », « Et toi, t’es un pourri du zizi à la crotte de nez ». […] Vite ! Du papier !!!! J’ai posé tout ça. Une vingtaine de pages en quelques jours et Titeuf était né. »

Il revient ensuite sur les faits marquants qui jalonnent son parcours, ses rencontres avec le public et les monstres sacrés de la bande dessinée, sur les tirages des albums qui grimpent (le tome 10, « Nadia se marie » est tiré à 2 millions d’exemplaires), les différentes traductions. Il y explique aussi sa volonté de contrôler produits dérivés et dessins animés ou de s’impliquer dans des associations humanitaires. Il revient aussi sur les polémiques qui ont marqué la première décennie de Titeuf, largement évoquées dans le n° 213 du mensuel Lire, faisant sa une, une fois n’est pas coutume sur une bande dessinée, avec « Pour ou contre Titeuf ». Ses détracteurs lui reprochaient les gros mots et la manière d’aborder la sexualité. Par exemple, le témoignage de Laure, 37 ans, mère de quatre enfants, publié dans ce numéro de Lire :
« Mon fils de 9 ans aime Titeuf. Mais ça m’ennuie que cela ne soit pas écrit en bon français. Je trouve que les enfants s’éloignent trop facilement du bon français. C’est trop écrit en onomatopées. Je préfère lui offrir des romans, comme ceux de Marie Desplechin, Verte ou Le monde de Joseph … »

Cette chronologie est émaillée de planches extraites des treize albums publiés. L’on y retrouve les premières planches en noir et blanc et quelques morceaux d’anthologie, comme « Chippendale », où Titeuf entame un strip-tease décontracté sur une planche sans cases avant de se retrouver coincé par une redoutable infirmière ! On y voit aussi le monde bouger autour de Titeuf, par forcément toujours en bien, les objets et les jeux évoluer et Titeuf, enfin, quitter son amoureuse de toujours, Nadia, pour Ramatou, une grande fille noire habillée comme un garçon, qui l’appelle « Jolie mèche », a vécu dans un camp de réfugiés pendant un an puis émigré en France et qui ne parle pas bien français …

Titeuf, 20 ans, est bien un enfant d’aujourd’hui et s’il n’existait pas, il faudrait alors le réinventer, tout pareil, avec ses mots et ses inventions langagières !

À lire ou relire, la présentation de l’album « Une histoire d’hommes », par Laurent Turpin sur notre site !

Catherine GENTILE

« Titeuf 20 ans … et toujours à l’école ! » par Zep

Éditions Glénat (18 €) – ISBN 978 2 7234 9818 0

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