Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Certes, il a fallu patienter quatre ans pour avoir la suite de cette superbe bande dessinée qui s’inspire de l’histoire de l’énigmatique Henry Howard Holmes (lequel ne serait autre, d’après certaines thèses avancées, dont celles des auteurs, que le célèbre Jack l’éventreur), mais l’attente en valait la peine !
En effet, le style sombre et très beau graphiquement (car conforté par des couleurs ocre aux textures et rendus très efficaces) du Breton Fabrice Le Hénanff renforce à bon escient la complexité du scénario émouvant d’Henri Fabuel : un Toulousain issu d’une famille d’immigrés espagnols !!!
Dans le premier tome, un certain docteur Holmes avait quitté Londres pour les États-Unis où il s’est installé comme pharmacien, alors que le corps d’une prostituée est encore retrouvé sauvagement mutilé. Et voilà que de nombreux autres cadavres de femmes sont alors découverts aux USA, leurs agressions rappelant la technique du célèbre tueur en série anglais…
Nous retrouvons alors le mystérieux Holmes au sein des préparatifs de l’Exposition Universelle de Chicago, en cette année 1893 : lieu privilégié qui est devenu une véritable fourmilière grouillante car il attire énormément de badauds, de jolies femmes et de victimes potentielles…
Le détective de l’agence Pinkerton, qui traque celui qui fût considéré comme le premier serial-killer américain (car ce dernier a été suspecté d’avoir commis entre 50 et 200 meurtres), va avoir du pain sur la planche…D’autant plus que notre duo créatif réussit à rendre tous les personnages très attachants (même les méchants) en brouillant allégrement les pistes narratives ! Ils vont même jusqu’à donner un nouveau look à leur angoissant « héros » qui s’offre, pour l’occasion, une séance chez le barbier : « On taille et on rafraîchit, j’en ai marre de ressembler à Morton Chapel » !
Il faut dire que les deux artistes ont dû subir pas mal de remontrances de la part de certains responsables éditoriaux qui les accusaient de plagiat de « W.E.S.T. » ! Or, le dessinateur de la série concernée, Christian Rossi, est un proche de Fabrice Le Hénanff : il lui prodigue d’ailleurs régulièrement ses conseils et n’a jamais, quant à lui, fait la moindre remarque sur une éventuelle ressemblance entre les deux protagonistes…
Gilles RATIER
? H.H.Holmes T.2 : White City ? par Fabrice Le Hénanff et Henri Fabuel
Éditions Glénat (13 Euros)