Zoom sur les meilleures ventes de BD et de mangas du 24 juillet 2013

Malgré l’absence de nouveau « Top 15 BD » pendant l’été, le magazine professionnel Livres Hebdo nous communique, quand même, un « Top 15 Mangas » pour le mois de juin et son « Top 20 Ipsos/Livres Hebdo » pour la période du 1er au 7 juillet : un classement des meilleures ventes de livres (tous genres confondus) qui fait, justement, la part belle aux traductions de bandes dessinées asiatiques. En effet, seul ce genre made in Japan représente le 9e art dans le hit-parade général du début du mois de juillet, avec trois incontournables shōnens : le tome 67 de « One Piece » d’Eiichiro Oda en tête, puisqu’il déboule en 2ème position. Ce best-seller d’origine asiatique a donc, toujours, la préférence des jeunes lecteurs (il a encore été tiré à 135 000 exemplaires par les éditions Glénat), devançant ses 2 principaux outsiders qui sont « Naruto » de Masashi Kishimoto (dont le 59ème volume, tiré à 200 000 exemplaires par les éditions Kana, chute du 4ème au 13ème rang) et « Fairy Tail » de Hiro Mashima (dont le 31ème opus, tiré à 90 000 exemplaires par les éditions Pika, entre d’emblée à la 14ème place).

Il est donc évident que ce segment éditorial résiste, surtout, grâce à l’omniprésence d’une poignée de best-sellers et à leur capacité à renouveler leur lectorat, principalement aidé en cela par la diffusion des dessins animés éponymes, sur les chaînes jeunesse de la TNT.

C’est du moins le cas pour ces 3 blockbusters qui placent, régulièrement, leurs derniers et premiers tomes dans nos « Top 15 Mangas » : ces trois séries représentant, à elles seules, 10 % des ventes totales de ce marché qui continue, toutefois, à montrer quelques signes de faiblesse dans nos contrées.

On ne s’étonnera donc pas de retrouver les 3 éditeurs de ces locomotives en tête de ce secteur en légère régression.

Selon Ipsos et Livres Hebdo, le segment du manga a perdu 7,2 % en valeur (et -8,3 % en exemplaires vendus) à 1 an d’intervalle depuis le début de l’année, car il a de plus en plus de mal à faire face à la crise : non seulement l’industrie du divertissement a fait les frais du resserrement budgétaire des familles, mais la flambée du piratage (tandis que l’offre légale ne décolle pas), l’explosion du prix du papier, les 2 changements de TVA en moins de 1 an et l’arrivée de 2 des principaux éditeurs japonais sur le territoire français — avec la décision de l’un d’eux (Shueisha) de donner la 1^ère option de tous ses titres à sa filiale française Kazé Manga – ont pas mal perturbé la croissance du secteur.

Quoi qu’il en soit, Glénat Manga (l’éditeur de « One Piece », « Bleach », « Berserk », « Chi, une vie de chat » ou « Les Gouttes de dieu ») en reste le leader avec 28,4 % en nombre d’exemplaires vendus de janvier à mai 2013 ; il représentait toutefois 29,2 % pour les 12 mois de l’année 2012. Ceci dit, il distance sérieusement ses 2 principaux concurrents que sont Pika (« Fairy Tail », « GTO », « Le Maître magicien Negima ! » ou « Air Gear ») qui atteint quand même les 18 % et Kana (« Naruto », « Black Butler », « Bakuman » ou « Détective Conan ») qui enraye sa chute, mais qui ne représente plus que 15,6 %.

Outre Pika, les éditions Kurokawa (8,1 % avec « Soul Eater », « Inazuma Eleven », « Blood Lad » ou « Pokémon noir et blanc »), Ki-oon (6,9 % avec « Judge », « Prophecy », « King’s Game », « Pandora Hearts » ou « The Arm Pedler ») et Kazé Manga (5,1 % avec « Rock Lee », « Chopperman », « Beelzebub » ou « Ultimo ») progressent elles aussi, au détriment du groupe Delcourt et de Panini Manga qui souffrent d’un manque évident de best-sellers.

En effet, la totalité des filiales Delcourt n’assure plus que 8,7 % du marché (9,1 % en 2012) — dont 3,2 % pour Tonkam, 2,9 % pour Delcourt Manga (notamment avec « Switch Girl !! ») et 2,6 % pour Soleil Manga (qui fête ses 10 ans d’existence cette année) — et la filiale française de Panini, elle, ne représente plus que 2,2 % du marché du manga francophone (même si son « Vampire Knight » fonctionne pourtant de mieux en mieux).

 Par ailleurs, le groupe de Guy Delcourt va également devoir composer avec la décision de son responsable de se séparer de l’intérmédiaire Akata, structure dirigée par Dominique Véret, lequel vole désormais de ses propres ailes (voir : Les éditions Delcourt et l’équipe d’Akata se séparent et Akata dévoile déjà ses projets…). À partir de janvier 2014, ce sera Pierre Valls, qui fut directeur éditorial de Pika jusqu’en décembre 2011, qui assurera les choix éditoriaux de ce département.

Quand on sait que l’ensemble des autres éditeurs de mangas en France ne totalise que 7 % et que, dans ces 7 %, des structures comme Taïfu, Doki-Doki chez Bamboo ou Sakka chez Casterman en ratissent déjà un bon tiers, il ne reste plus que la partie congrue pour des structures pourtant estimables, mais à la politique éditoriale plus élitiste, comme Cornélius, Flblb, Komikku, Kotoji, Le Lézard noir, Sarbacane ou Imho (voir « Opus » de Satoshi Kon, Prix Asie de la Critique ACBD 2013).

Enfin, sur le plan de la production, les éditeurs se sentent une âme écologique, participant  à la survie de la planète en diminuant légèrement  leurs sorties : comme ils utilisent moins de papier, il y aura, peut-être, moins d’arbres coupés (voir le strip « Animal lecteur »)… En effet, il n’y a eu que 840 mangas, manhwas, manhuas et assimilés publiés entre le 1^er janvier et le 30 juin (dont 66 rééditions), contre 902 (dont 80 rééditions) sur la même période en 2012.

                                                                                                                        Gilles RATIER

PS : Encore merci à Sergio Salma (scénariste, mais aussi observateur pointu et sans concession de notre milieu), à Libon (dessinateur) et aux éditions Dupuis qui nous autorisent à reprendre, chaque semaine, pour illustrer notre rubrique, quelques extraits pertinents de leur strip « Animal lecteur » publié, en avant-première, dans Spirou, l’hebdomadaire champion de la bonne humeur !

« TOP 15 MANGAS »

DU 27 MAI 2012 AU 23 JUIN 2013

(Copyright Ipsos/Livres Hebdo)

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