Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
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« Regarde, notre fils de 5 ans joue à docteur maboule : il sera sûrement médecin ! » hélas ! Pour les-bien légitimes- espoirs parentaux, leurs petites têtes blondes préfèrent passer leur temps à lire des manga au lieu de faire leurs devoirs. Avoir des enfants condamne-t-il donc à lutter contre sa progéniture pour lui assurer une réussite future au prix de son plaisir présent ? Heureusement, Yoshitoh ASARI propose une solution à cet épineux problème !
Les quatre protagonistes de « Manga Science » sont des écoliers sans histoires. Chaque chapitre, d’une quinzaine de pages environ, est pourtant l’occasion d’une petite saynète pleine d’humour et de fraîcheur au cours de laquelle ils vont s’interroger sur des sujets aussi divers que le fonctionnement du corps humain ou les voyages dans l’espace. Un personnage apparaît alors pour répondre à leurs questions. Ce dernier est systématiquement une personnification du domaine traité, que ce soit un homme à tête de satellite ou un œil géant muni de bras et de jambes.
La rigueur avec laquelle ces sujets sont traités est adoucie par un graphisme agréable et maîtrisé. D’une part, les codes visuels adoptés ici sont ceux du shonen manga, genre qui s’adresse à un public de 8 à 14 ans. Les jeunes lecteurs habitués aux séries japonaises sont ainsi immédiatement en pays connu. D’autre part, les schémas souvent nécessaires à la bonne compréhension des sujets abordés sont lisibles et bien intégrés au fil du récit. Les informations se retiennent ainsi sans efforts.
Dans un paysage éditorial où les arcs narratifs s’étalent sur des centaines -voir des milliers- de pages, « Manga Science » se démarque en proposant des volumes thématiques, eux-même divisées en chapitres indépendants les uns des autres. Inutile donc d’en proposer les titres dans l’ordre, un enfant pouvant être passionné de robotique (sujets traités dans les tomes 3 et 5) sans s’intéresser au fonctionnement de l’écosystème terrestre (abordé dans le 4ème livre).
Cette série remplit donc un double objectif, de pédagogie d’une part, de divertissement d’autre part, avec un certain brio. Sa lecture peut même séduire les adultes dont les souvenir de classes sont vagues : toute occasion est bonne pour se (re)cultiver.
« Manga Science« , ed. Pika par Yoshitoh ASARI, 10 Volumes. Série terminée.