Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Les Aventuriers de la mer T1 (« Vivacia ») par Daniela Dimat et Audrey Alwett
Margaret Astrid Lindholm Ogden, l’écrivaine américaine plus connue sous le nom de Megan Lindholm, et encore plus célèbre sous le nom de Robin Hobb, a créé depuis le début des années mille neuf cent soixante-dix un monde complexe qu’elle appelle le Royaume des anciens, inscrit dans un univers médiéval fantastique.
Elle est l’auteure de plusieurs séries devenues cultes, dont « L’Assassin royal », composé de deux cycles, publié aux États-Unis à partir de 1995 en France et 1998 en France. Citons aussi la trilogie du « Soldat Chamane », la tétralogie de « La Cité des anciens » et enfin, « Les Aventuriers des mers », qui se compose de neuf volumes dans l’édition française, regroupés en trois énormes tomes publiés chez Pygmalion et de neuf tomes aussi pour l’édition de poche parue chez J’ai Lu.
Les éditions Soleil proposent ce mois-ci une adaptation de cette série d’aventures maritimes, inscrite dans la collection Cherche futurs, dont voici le premier volume, « Vivacia ».
La planche d’ouverture, d’emblée, pose les deux personnages principaux.
L’on est immédiatement attiré par la première large vignette : un trois-mâts toutes voiles déployées navigue sur une mer calme. On en distingue aisément la figure de proue, une femme aux cheveux longs, dont le bras droit semble indiquer une direction. Ce n’est pas une simple figure décorative –on va le comprendre bientôt, c’est Vivacia, l’âme du navire, capable de s’éveiller à celle ou celui qui dirigera le navire, douée de parole, d’intelligence et de sentiments. Car en « ces temps reculés », les vivenefs sont au coeur de l’économie de ce monde maritime. Elles parcourent les océans, chargées de marchandises, faisant et défaisant les fortunes des marchands de Terrilville.
Les quatre vignettes suivantes focalisent sur une jeune fille en action. Vêtue comme un matelot, pieds nus, maugréant et jurant, elle arrime une cargaison de tonneaux. Voici Althéa Vestrit, l’héroïne que l’on va suivre, autour de laquelle gravitent les autres protagonistes, les membres de la riche et respectée famille Vestrit.
Althéa est faite pour la mer et pour les aventures au long cours. Elle méprise son beau-frère Kyle Havre, qui dirige provisoirement la vivenef. Elle déteste sa brutalité, son intransigeance, son incompétence. Elle espère que lorsque son père mourra, elle pourra lui succéder.
Mais rien ne se déroule comme prévu. La disparition du chef de famille, Éphron Vestrit, et les complots ourdis dans l’ombre par son épouse et son beau-fils, redistribuent les cartes. Le contrôle de Vivacia devient l’enjeu de déchirements familiaux. Althéa est évincée, chassée du navire et promise à un mariage forcé qui renflouerait les finances des Vestrit.
La jeune fille, éprise de liberté, ne se laissera pas mettre en cage. On le comprend très vite. Elle possède une volonté forte et deux alliés, Brashen, l’ancien second du navire, et Vivacia elle-même. L’aventure ne fait donc que commencer …
Audrey Alwett, la scénariste nourrie à Robin Hobb, la dessinatrice italienne Daniela Dimat et le coloriste Cyril Vincent nous proposent là un album intéressant, aux qualités indéniables : dessin élégant, soigné et efficace, mise en couleurs sensible et cohérente, scénario et dialogues de bonne facture. Même si l’aventure de l’adaptation est passionnante, elle n’est guère évidente et s’avère parfois un défi compliqué à relever. Difficile en effet de faire tenir dans les 48 pages standard de l’album l’intégralité du roman foisonnant de Robin Hobb.
Le prologue du roman, dans lequel on découvre le monde du serpent Maulkin, tient en une belle planche située page 7. Certains personnages, très présents dans le roman, ne sont qu’esquissés dans l’album, tel le jeune frère d’Althéa, Hiémain, au destin contrarié. Les auteures ont choisi d’aller à l’essentiel et de concentrer l’attention sur les rivalités au sein de la famille Vestrit.
Un album pour prendre la mer et le large, belle proposition pour ce début d’été, qui séduira aussi bien un lectorat adulte qu’adolescent.
« Les Aventuriers des mers », chez J’ai lu
Tome 1 : « Le Vaisseau magique » (2001) – « Le Navire aux esclaves » (2001) – « La Conquête de la liberté » (2002) – « Brumes et tempêtes » (2004) – « Prisons d’eau et de bois » (2005) – « L’Éveil des eaux dormantes » (2006) – « Le Seigneur des trois règnes » (2006) – « Ombres et flammes » (2007) – « Les Marches du trône » (2007).
La série culte de Robin Hobb, « L’Assassin royal », est également adaptée en BD chez Soleil, entrant dans la collection « Cherche futurs ».
Six volumes sont aujourd’hui disponibles chez l’éditeur toulonnais, dessinés par Laurent Sieurac, puis par Christophe Picaud, et scénarisés par Jean-Charles Gaudin entre 2008 et 2012:
Tome 1 : « Le Bâtard » – Tome 2 : « L’Art » – Tome 3 : « Kettricken » – Tome 4 : « Molly » – Tome 5 : « Complot » – Tome 6 : « Oeil-de-Nuit »
Catherine GENTILE
Les Aventuriers de la mer T1 (« Vivacia ») par Daniela Dimat et Audrey Alwett
Éditions Soleil (13,95 €) – ISBN 978 2 302 02550 9