Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Dent d’ours » T1 (« Max ») par Alain Henriet et Yann
Que voilà un début de série d’aventures brillant, mêlant avec justesse action, émotion et espionnage…
Aux origines était « Buck Danny », série d’aviation bien connue dont le prolifique et talentueux scénariste Yann voulait raconter la jeunesse du héros. Ayant particulièrement apprécié l’aspect technique de l’encrage très « années cinquante » – particulièrement sur les véhicules et les personnages – d’Alain Henriet sur «Damoclès », un excellent thriller écrit par Joël Callède chez Dupuis, il contacte ce dessinateur pour illustrer son projet d’histoire d’aviation.
     Henriet, séduit par le scénario, accepte d’emblée, même s’il ne connaît pas grand-chose à l’aéronautique et s’il n’a jamais lu, auparavant, les aventures de ce pilier du journal Spirou mis en lumière par les talents conjugués de Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon : hélas, l’entreprise, pourtant enthousiasmante, ne se concrétisera pas. Du coup, Yann recycle son propos (l’héroïne de « Dent d’ours », Hanna Reitsch, n’est autre que le personnage ayant véritablement existé qui a inspiré Charlier pour la création de Lady X, l’ennemie favorite de Buck Danny) et lui propose un autre récit se passant à la même époque.
Formidablement bien documenté, car secondé par des spécialistes du sujet, Alain Henriet fait merveille dans la représentation précise des uniformes, engins et autres accessoires datant de la Seconde Guerre mondiale, exigée par le scénario palpitant et jamais manichéen de Yann. On notera, notamment, l’efficace travail effectué sur la lisibilité, tant sur le plan illustratif et narratif que sur les couleurs légèrement soutenues d’Usagi, pour cette histoire mettant en scène trois enfants passionnés d’aviation, dans les années 1930 ; les différents intervenants étant aussi à l’aise sur la partie liée à l’enfance des trois protagonistes que sur celle du conflit guerrier.
Max, Werner et Hanna se sont promis de voler ensemble et de toujours rester unis. Malheureusement, ils vivent en Silésie, région autrefois indépendante avant d’être annexée par la Pologne, puis par l’Allemagne nazie, et à ce moment-là , les instructeurs des écoles de vol sont allemands. Max, seul Juif du trio va se voir interdit de voler en planeur, et cela va briser ses rêves aériens. On le retrouvera pourtant, quelque part au milieu du Pacifique, en octobre 1944, aux commandes d’un Corsair américain pour combattre les kamikazes japonais : mais alors qu’il est en passe de devenir un as des combats dans les Marines, son passé le rattrape…
                                   Gilles RATIER
« Dent d’ours » T1 (Max) par Alain Henriet et Yann
Éditions Dupuis (13,99 €) – ISBN : 978-2800157221