Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu » T2 (« Sur la piste de Madison ») par Paul Solomone et Wilfrid Lupano
Alors que les États-Unis d’aujourd’hui débattent (un peu) de l’utilité et de la nocivité de ces armes (beaucoup) qui rassurent les familles pensantes et bien penchantes, le héros de Salomone et Lupano, cet « homme qui n’aimait pas les armes à feu », là -bas, au pays du western (spaghetti), n’en est que plus savoureux…
Tout a commencé dans « Chili con carnage » (on devine déjà l’esprit de la série à ce jeux de mots tex-mex), au coeur du Far West, en Arizona, en 1899, où un avocat d’origine britannique, Byron Peck, et son secrétaire danois, le colossal Hoggaard aux paroles « borborygmniques », parcourent le désert à la recherche d’un document qui pourrait changer le cours de l’Histoire américaine. Rien de moins ! En tout cas, c’est la promesse faite aux lecteurs ! Ils sont bientôt poursuivis dans cette quête par une dangereuse aventurière française, Margot de Garine (margarine ?), qui est en fait l’épouse de Byron. Elle leur vole des documents « très importants pour l’avenir du pays » et comme le so british acocate, dandy à ses heures, ne tient pas devenir le dandy de la farce, il la poursuit à son tour pour récupérer son bien, mais dans l’intervalle une joyeuse bande de Mexicains basanés sans foi, ni loi, est venue s’immiscer de façon pagailleuse dans le « desert movie ». Le désert, déjà si accablant naturellement, ne l’a donc jamais été autant, d’autant qu’un jeunot énamouré veut tenter sa chance auprès de trop belle Margot !
Le tome 2 raconte non seulement comment Byron s’est attaché les services de Hoggaard et débarrassé des sévices (j’exagère, c’est pour le jeu de mots… quoique) de son amante, mais nous fait découvrir la psychologie altruiste de l’avocat, décidé à défendre la justice à Los Angeles… Enfin, c’était ce qu’il voulait auparavant quand il s’intéressait de très très près au deuxième amendement de la constitution américaine qui garantit le droit à titre individuel de posséder et de porter des armes à feu… Nous y voilà , au titre de la série qui oscille désormais entre aventure débridée et cours de droit US. Lupano, sans faillir, s’attaque allègrement aux clichés et au mythe « westernien » et s’est manifestement beaucoup amusé à écrire cette histoire superbement mise en images par un Solomone dynamique et caricatural (pour ses premiers albums, c’est remarquable !).
Alors, si vous aimez les décors arides, les chevaux racés, les échanges de tirs nourris, les poursuites endiablées et les diablesses joliment troussées, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu » T2 (« Sur la piste de Madison ») par Paul Solomone et Wilfrid Lupano
Éditions Delcourt (13,95 €) – ISBN : 978-2-7560-2646-6