Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...COMIC BOOK HEBDO n°69 (11/04/2009)
Cette semaine : IRON MAN et WOLVERINE…
IRON MAN : L’INTÉGRALE 1964-1966 (Panini Comics, L’Intégrale)
Deuxième volume de cette Intégrale consacrée au Vengeur en armure, nous proposant pas moins de 20 épisodes parus dans Tales of Suspense de novembre 1964 à juin 1966, période où Iron Man partageait encore la tête d’affiche de ce titre avec Captain America (ce qui explique le format court de ces aventures). À l’époque, c’est toujours Stan Lee qui est aux manettes, prenant apparemment un malin plaisir à multiplier les expériences tout en redécouvrant le potentiel de son personnage. Au-delà des variations et épisodes dramatiques sur l’armure de Stark et le cœur de ce dernier, Lee a étoffé l’univers de la série avec des personnages secondaires prenant de plus en plus d’importance ou apparaissant comme récurrents. Ainsi, le dilemme du trio amoureux Stark-Pepper-Happy continue de faire couler beaucoup d’encre, au point parfois de prendre une place de choix dans certains épisodes. De même, le vilain sénateur Byrd semble trouver sa place en tant qu’empêcheur de tourner en rond numéro 1, devenant un adversaire politique redoutable pour Iron Man et Tony Stark. Aahhh… C’était le bon temps, bien avant qu’Iron Man ne devienne ce gros traître durant Civil War… Bref, c’était le bon temps, celui où Marvel s’amusait de ses créations avec un sérieux proche de l’émerveillement. Le temps des Kirby, Ditko, Heck… Oui, je sais, beaucoup, comme moi, ne sont pas vraiment fans du style de Don Heck, car il semble bien simpliste et rigide, par rapport aux dessins puissants de Kirby et ceux pleins de mystère de Ditko… Mais, historiquement, on ne peut ignorer celui qui reprit tant de séries une fois que Kirby leur eut donné ce qu’il voulait… ce fut grâce à lui que des héros purent durer assez longtemps pour passer le relais aux grands auteurs « d’après ». Le présent ouvrage en est la magnifique démonstration, puisqu’en janvier 1966 c’est le très grand Gene Colan qui reprend la série, la faisant plonger tout à coup dans une atmosphère beaucoup plus adulte. À l’instar de Neal Adams dont je vous parlais très récemment, Colan a amené par son seul style une nouvelle manière d’aborder les histoires des premiers super-héros du Silver Age. Les cases se sont élargies, ou allongées, les cadrages ont fait explosé le rythme figé des cases semblables les unes aux autres. De plus, Colan est un maître du noir et blanc, et son approche des contrastes – forte et omniprésente – apporte à cette série jusqu’alors assez kitch une dimension beaucoup plus inquiétante, amenant de la profondeur. Dès le premier épisode, Colan nous offre des images sublimes, comme celles de l’arrivée d’Iron Man au château du Chevalier Noir qui sont tout simplement somptueuses, faisant passer l’épisode précédent réalisé par Heck pour le vestige naïf d’un autre temps. Même si vous n’êtes pas un fan d’Iron Man, les seuls épisodes signés Colan valent le détour et constituent une excellente raison d’acheter cet album historique.
WOLVERINE : L’INTÉGRALE 1990 (Panini Comics, L’Intégrale)
Beau rythme de parution pour cette Intégrale de Wolverine, puisque nous voici déjà au troisième volume, couvrant l’année 1990. Les inconditionnels pourront donc lire la suite des épisodes signés Archie Goodwin et John Byrne où notre héros se débat comme un diable contre Requin Tigre dans un conteste sud-américain suintant le mal et la révolution. Les méchants y sont très méchants, et les gentils un peu surmenés. Les dessins de Byrne sur cette série sont assez simples, Klaus Janson les encrant sans fioritures. Ce n’est pas du grand Byrne, mais bon, ça reste chouette ! Puis vient une histoire écrite par Peter David et dessinée par… Gene Colan (comme on se retrouve…). Encore une fois, les dessins sombres et la mise en page savante du maître font merveille… S’ensuivent des histoires courtes et une saga où différents dessinateurs se succèdent, sorte de moment charnière avant le prochain duo vedette à venir sur le titre. Dans l’ordre, nous avons John Buscema, Klaus Janson, Barry Kitson et Bill Jaaska. Plus ou moins inspirés, ces artistes vont néanmoins nous porter jusqu’à la période couverte par Larry Hama et Marc Silvestri qui va redonner un coup de fouet à la série. Il faut dire qu’encré par l’excellent Dan green, les dessins de Silvestri prennent une dimension sauvage à souhait, et que Hama a tout de suite pigé le truc pour aborder le personnage de Wolverine avec efficacité. On voyage beaucoup, dans cet album ; entre Madripoor et l’Amérique Centrale, le Canada et le Japon, la carrière solo de Wolverine s’est au départ établie dans l’exil, permettant à Logan d’évoluer dans des univers totalement étrangers à ceux des X-Men, participant peut-être aussi à l’émanciper au-delà de sa grande gueule afin d’en faire un héros « à part ». Les dangers rencontrés ne sont donc pas forcément ceux auxquels un super-héros est généralement confronté, ce qui donne à l’œuvre un côté décalé assez réussi. L’album se lit avec plaisir, et de grands artistes sont au rendez-vous, donc je crois qu’il est un peu inutile de faire plus de publicité pour ce super-héros qui est devenu l’une des plus grandes stars de Marvel – et que nous retrouverons ici même tout bientôt à l’occasion de la sortie du film X-Men Origins : Wolverine. Snikt snikt snikt…
Cecil McKINLEY