On vous a déjà dit tout le bien que l’on pensait de la saga ébouriffante, délirante et jubilatoire « The Kong Crew » d’Éric Hérenguel… (1) Or, voilà que les éditions Caurette sortent une très belle intégrale de luxe de la trilogie (224 pages, dans sa version originale en noir et blanc grisé et en français) : une incroyable épopée hommage aux comics, aux pulps et aux vieux films fantastiques des fifties ! Ceci alors que le tome 3, cartonné et en couleurs, vient aussi à peine de paraître chez Ankama… La totale en noir et blanc ou les trois volumes en couleurs, vous avez donc le choix ! L’essentiel étant de ne pas passer à côté de ces aventures follement drôles, débridées et imaginatives, sous couvert de fable épique et écologique !
Lire la suite...GALLY
Rencontre avec la jeune « blogueuse bd » qui vient de recevoir le Prix du public (Essentiel Fnac/SNCF) lors du dernier Festival d’Angoulême pour « Mon gras et moi ».
L’apparition de son album « Mon gras et moi » au sein de la prestigieuse Sélection officielle du Festival d’Angoulême a fait grincer quelques dents, son travail étant souvent malheureusement réduit à une seule activité et à un seul statut : dessinatrice de BD Blog. Mais ce serait une erreur : loin d’être une énième adaptation de blog BD, « Mon gras et moi », s’il a fait ses premières armes sur le net, était bien dès le départ conçu comme un album et non comme un blog, comme nous le raconte Gally.
Coline Bouvart : Comment êtes-vous arrivée à la bande dessinée ?
Gally : J’ai toujours aimé le dessin mais ça n’a jamais été un besoin compulsif. J’aimais tout autant faire du théâtre, chanter ou glandouiller. J’ai fait une école de commerce, je n’envisageais pas du tout le dessin comme projet de vie. Et puis, un jour, j’ai rencontré le blog et là tout a changé.
C. B. : Vous avez été l’une des premières à créer un blog BD. Pour quelles raisons vous êtes-vous lancée ?
Gally : J’ai lancé mon blog en mai 2004. À la base je cherchais une motivation pour dessiner plus souvent. Mais je faisais un peu tout et n’importe quoi dessus. En 2005, j’ai arrêté de me disperser et je l’ai consacré uniquement à la bande dessinée. Aujourd’hui je reçois environ 10000 visiteurs par jour.
C. B. : Vous tenez plusieurs blogs, avec Obion, le vôtre, « officiel », et « Le blog d’une grosse », anonyme dans un premier temps. Quelle est votre démarche ? Vous entretenez notamment plus fréquemment les deux premiers, et semblez délaisser le dernier. Pensez-vous avoir épuisé le sujet ?
Gally : En fait ils sont deux à être délaissés : le « love blog » et le « blog d’une grosse ». Surtout par manque de temps : trois blogs à gérer, c’est impossible quand on essaie de travailler à côté.
C. B. : Quelle était votre intention en créant « Le blog d’une grosse » ?
Gally : Le projet de livre était la base. J’ai mis les planches en ligne pour tester la réaction des gens et voir s’il y avait un public pour ce genre d’ouvrage mais dès le début c’était une volonté d’album, pas de blog : j’avais des pages et des idées que je mettais en ligne. Diantre, mon éditeur sur Sale Morveuse a dit oui au projet et voilà. Ce n’est donc absolument pas l’adaptation du blog. J’avais mis les premiers essais du projet sur le blog, mais j’ai tout redessiné et recolorié ensuite pour la publication.
C. B. : Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre sélection au Festival d’Angoulême ?
Gally : Je crois que j’ai sautillé sur place pendant 10 minutes en hurlant des « Wouhouuu » !
C.B. : Et comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous étiez récompensée par le Prix du public ?
Gally : Au moment pile de l’annonce je ne me souviens pas bien, je me suis mise en mode automatique, les jambes flageolantes, l’air hagard et la voix mal assurée. Un peu après j’ai réalisé que j’étais sur l’estrade avec Winshluss en grand prix et Blutch en nouveau président ! C’est la fête ! Maintenant, c’est comme si on venait de me greffer un moteur à motivation. Je vais vraiment me donner à fond et être digne de ce qui vient de m’arriver !
C. B. : Pourriez-vous me présenter votre autre album, « Sale Morveuse» , ainsi que ses prédécesseurs : « Steak me tender », « Fibrose Mystique », et « Moâg ? »
Gally : « Sale Morveuse » raconte la vie d’une trentenaire qui se retrouve du jour au lendemain dans sa peau de gamine de 10 ans. Là elle passe son temps à se venger de ceux qui la martyrisaient et profite largement de la situation. C’est assez jouissif à écrire. Les autres c’était de petites choses majoritairement autoéditées.
C. B. : Vous avez été marraine d’une des éditions du Festiblog, en 2007. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la « blogosphère » BD ?
Gally : Il y a plein de petits nouveaux prometteurs, des styles de dessin qui se diversifient mais le blog BD reste très autobiographique. Donc sympa au jour le jour mais un peu répétitif si on ne lit que ça. Je me mets également dans ce panier !
C. B. : Selon vous, qu’apporte le média « blog » à la bande dessinée, par rapport à l’édition traditionnelle par exemple ?
Gally : Le blog BD se rapproche du journal. Il m’arrive un truc dans la journée, hop, je le raconte sur mon blog. Ce sont des petits morceaux de vie, d’humour, de déception du quotidien. On peut cependant faire de la fiction en blog BD, mais ce n’est pas très répandu. Ça a un côté immédiat et facile. C’est également pas mal pour faire des tests : un autre encrage, une colorisation différente, faire un peu d’illustration, s’essayer au dessin d’actu, etc. On a un retour direct sur son travail via les commentaires – bien que ça ne serve pas à grand-chose en matière « critique » : en général on a 90% de « lol j’adore c’que tu fais »… enfin, ça fait plaisir quand même !-. Le blog sert l’ego, et permet au dessinateur de ne plus être enfermé avec sa table à dessin et ses crayons. Quand on traverse des moments de doute existentiels (le fameux syndrome « je fais que de la merde »), ça aide à reprendre confiance et à s’y remettre, c’est déjà pas mal !
C. B. : Quelles opportunités vos blogs vous ont-ils apportées ?
Gally : Comme je suis née avec le blog je dirais que toute ma « notoriété », somme toute très relative, vient de là. En dédicace, j’ai majoritairement des lecteurs de mon blog. J’espère simplement que je ne fais pas des livres qui touchent uniquement les internautes mais qui peuvent approcher un public de librairie classique. Pour l’instant je n’en sais rien. En tout cas le blog c’est assez pratique, jusqu’à présent je n’ai pas eu à démarcher d’éditeurs pour être publiée, c’est plutôt confortable !
C. B. : Comment imaginez-vous l’avenir de vos blogs ?
Gally : Deux vont mourir, c’est inéluctable. J’ai un peu du mal à les achever pour le moment…
C. B. : Quels sont vos prochains projets dans la bande dessinée ?
Gally :Un avec Obion, on dessinerait tous les deux. Mais je ne peux pas encore en parler. Et puis ma série « Sale morveuse » continue avec le tome 2 en avant-première à Angoulême, youhou !
C. B. : Pour finir, quels blogs BD aimez-vous suivre ?
Gally : Beaucoup trop, ces saloperies sont incroyablement chronophages !!! Je vais citer quelques jeunes que j’aime bien :
Lilla (http://lillablog.over-blog.com ), Saboten (http://saboten.canalblog.com), Lommsek (http://lommsek.blogspot.com), Lordyoyo (http://www.lordyoyo.com/blogyoyo), Marie Voyelle (http://accroche-toi-a-ton-sloup.over-blog.com)
Albums de Gally déjà parus :
- « Mon gras et moi », 2008, éditions Diantre !
- « Sale Morveuse », 2008, éditions Diantre !
Sortie prévue :
- « Sale Morveuse, tome 2 », 2009, éditions Diantre !
Les blogs de Gally :
- http://missgally.com/blog/
- http://blogdunegrosse.blogspot.com/
- http://love-blog.fr/ : avec Obion