Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...« Le Grand Pélican » T1 par Cédric Tchao
Pour une fois, je vais évoquer une bande dessinée bien française dans la rubrique manga. À première vue, « Le Grand Pélican » a toutes les caractéristiques d’une œuvre asiatique, pagination importante, impression noir et blanc, jaquette amovible. Pourtant, son auteur Cédric Tchao est bien Français, travaille en France et en langue française. Néanmoins, le choix de coller à une esthétique manga n’est pas fortuit puisqu’il exerce en tant que professeur à Eurasiam, l’école de langue asiatique de Paris.
Ce livre est le second de Cédric Tchao. En 2009, il avait déjà publié « Hatshepsout » chez Milan, un récit historique basé sur une des nombreuses énigmes de l’Égypte antique.
Avec « Le Grand Pélican », changement d’époque, puisque l’action se passe à la fin des années 1800. Une tempête de taille inconcevable est apparue soudainement et a englouti le cuirassé français au nom peu approprié de L’Invincible. Peu de temps après, le bateau réapparaît au large des côtes bretonnes, avec à son bord un équipage devenu complètement fou et atteint d’un mal étrange. L’enquête est confiée à l’inspecteur Oscar Lagrange, un policier faisant la risée de ses collègues, avec ses erreurs faisant régulièrement la une de la presse.
Cette histoire a mûri pendant de longues années et Cédric Tchao l’a imaginée alors qu’il était encore adolescent. Le récit est volontairement construit de manière décousue ; on passe de scène en scène au gré des sauts dans le temps et des retours en arrière explicatifs. Chaque plan a son importance, même si certains passages au milieu du livre semblent un peu poussifs. Le reste est admirablement construit et parvient à surprendre le lecteur et à le tenir en haleine constante.
Bien évidemment, le dessin se revendiquant de style manga, la comparaison avec les productions récentes est peu flatteuse. Cédric Tchao semble plutôt s’inspirer d’anciens auteurs de renoms, comme Osamu Tezuka, et non des nombreux mangakas contemporains pourtant édités en masse en France. Il y a même ce petit côté naïf que l’on retrouve dans les aventures du « Professeur Layton »… Un dessin néo-rétro à la mode steampunk. Son trait nécessiterait juste un encrage plus travaillé, moins saccadé et avec de vraies nuances dans les différents plans manquant parfois de profondeur. Cela semble un peu froid et mécanique, malgré une bonne dynamique et un sens certain de la mise en scène dramatique. Mais pour une BD se déroulant il y a plus de 100 ans, c’est plutôt une bonne manière de se replacer dans le contexte de l’époque. Même si, à ce moment-là, il n’existait pas d’albums de BD comme nous les connaissons aujourd’hui !
L’éditeur n’a pas joué à fond le jeu du manga en publiant ce livre dans un format proche des bandes dessinées cartonnées européennes. Avec un format manga, le dessin plus petit aurait pourtant paru plus fini. De plus, le choix de la couverture, dans des tons de vert et d’argent, semble assez étrange. Habituellement, les mangas rivalisent de couleurs pour attirer le public et compenser la monochromie des planches intérieures. Ici, c’est l’action qui est mise en exergue, avec un dessin peu explicite sur le contenu et le sujet de l’histoire. Le héros semble sûr de lui et fonce tête baissée vers l’aventure.
Comme si l’usage du noir et blanc ne suffisait pas pour coller au mieux à l’esprit des productions japonaises, Cédric Tchao s’est également fait aider par un studio, composé de quatre assistants se partageant les tâches. Le résultat est tel que le dessin progresse nettement entre les premières et dernières planches.
Au final, il en ressort un récit mêlant fantastique et enquête policière, dans un contexte historique. Dès le début, l’histoire est intrigante et, arrivé dans les dernières pages, on a envie d’aller plus loin et percer les mystères restés en suspens…
« Le Grand Pélican » est donc une œuvre hybride, qui pourra aussi bien intéresser les jeunes amateurs de manga que de bandes dessinées franco-belges, s’ils ne sont pas rebutés par le noir et blanc.
Gwenaël JACQUET
« Le Grand Pélican » T1 par Cédric Tchao
Éditions Contre-dires (12,90 €) – ISBN : 2849332461