Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...COMIC BOOK HEBDO n°53 (06/12/2008)
Cette semaine : CIVIL WAR, une déflagration sans précédent, éditée maintenant en trois beaux albums dans la collection Marvel Deluxe, disponibles séparément ou rassemblés dans un chouette coffret. Un must incontournable, signé par une talentueuse pléiade d’auteurs et d’artistes !
Dans l’historique de Marvel, les « séries événement » touchant l’ensemble de l’univers en place en impliquant des contextes et des personnages phares sont légion depuis le milieu des années 80, amorcées par les fameuses Guerres Secrètes. Depuis, nous avons eu droit à de grands chamboulements, l’un des derniers en date étant House of M. Mais si l’on y réfléchit bien, je crois qu’aucune de ces séries n’a eu l’impact, l’importance, le poids de Civil War. Oui, Civil War est une déflagration sans précédent dans notre perception de l’univers super-héroïque. On pourra toujours me retrouver des exemples similaires dans quelque archive au demeurant intéressante, mais cette importance ne dépendant pas que de la série en elle-même mais bien de son articulation dans le contexte de notre monde bien réel, à un moment bien précis, l’argument tient haut et fort. Oui, je sais, certains d’entre vous me voient venir avec mes gros sabots et s’apprêtent à me dire qu’il y en a marre de toujours faire référence au 11 septembre 2001 pour tout et n’importe quoi, participant à une démagogie intellectuelle européenne trouvant en ce genre de catastrophe matière à briller sérieusement en extrapolant l’hypothétique. C’est vrai. Et si je prends le temps d’écrire tout ceci – au risque de lasser ceux qui pensent déjà « bah et Civil War, alors, il accouche ? » – c’est qu’il faut certes aborder la chose avec nuance… Pour ceux qui débarquent et qui se demandent ce que je raconte, je rappelle rapidement ce qu’est Civil War…
Après un combat dans la ville de Stamford entre le vilain Nitro et les New Warriors (une équipe de super-héros ayant passé un contrat avec les médias pour retransmettre leurs combats dans le cadre d’une émission de télé-réalité), l’opinion publique s’est retournée contre les super-héros. En effet, ce combat a mal tourné, causant la mort de plus de 600 personnes, dont pas mal d’enfants d’une école alentour. Le gouvernement impose alors une loi de recensement des super-héros afin d’en faire des sortes de super-soldats fédéraux – donc contrôlables – afin qu’une telle catastrophe n’arrive plus. Très vite, certains se soumettent à cette loi qui les oblige pourtant à dévoiler leur véritable identité ; d’autres ne peuvent accepter ce qu’ils estiment être une atteinte à leur liberté civile et à leur vie privée, et s’insurgent. Car dès lors que cette nouvelle loi est ratifiée, tous les super-héros refusant de se faire recenser sont considérés comme des criminels, recherchés, traqués, et enfermés dans une prison installée en pleine… zone négative ! Sans parler des représailles sur l’entourage des réfractaires… Ainsi, ceux qui avaient toujours été considérés comme des justiciers, qui ont sauvé tant de vies, pourraient se retrouver hors la loi du jour au lendemain et traqués par leurs super-congénères recensés, en plus du S.H.I.E.L.D. et autres réjouissances comme les Thunderbolts, puisque le gouvernement américain en est à vouloir employer des super-vilains pour faire rentrer les gentils dans le rang ! D’un côté, il y a Iron Man qui accepte avec zèle la loi de recensement, et de l’autre Captain America qui refuse de se soumettre à une loi qu’il juge inacceptable. L’ensemble de la communauté super-héroïque va alors devoir faire un choix : se rallier à l’un ou à l’autre de ces deux héros. Oui, les enfants, il va falloir choisir son camp. D’où des affrontements inéluctables et des prises de position impossibles à tenir sans violence – physique ou morale. Tout ceci amène une dimension politique et humaine proprement passionnante dans l’univers des super-héros.
Car il ne suffit pas de chambarder les dimensions, les réalités cosmiques et les univers parallèles pour faire du gigantisme une réelle révolution. En parlant de politique, de déontologie journalistique, de responsabilité pénale et civique, de télé-réalité, de la nature des lois et de la justesse du pouvoir (politique ou supranormal), de l’idée qu ?on a de la liberté mais aussi des prisons, de l’argent, de la valeur de l’identité, Civil War fait corps avec la réalité de notre monde comme jamais, même pour la Maison des Idées qui a toujours été proche du vécu de ses lecteurs. Et c’est là que la boucle se boucle : Civil War n’est pas une bande dessinée sur le 11 septembre ni un comic anti-Bush (quoique…), non, mais elle est l’enfant de ce contexte, et on ne peut l’aborder sans prendre en compte notre propre histoire contemporaine, sans comprendre combien tout ceci a changé la donne y compris dans le milieu éditorial américain.
On a d’abord constaté un premier effet qui était en fait un réflexe éthique participant à l’indignation collective, très vite. Très peu de temps après le 11 septembre 2001, on vit – le temps de quelques images – les héros Marvel venir aider notre réalité comme ils le pouvaient, trop tard, comme pour tout le monde, et même Fatalis pleura au milieu des décombres, ce qui a amené quelques commentaires questionnant une certaine démagogie, justement. Mais ce n’était qu’une réaction, un peu animale, brute, devant l’horreur. Et puis le temps a passé. Mais différemment. Et dans les milieux éditoriaux, l’ancrage au réel se faisait plus présent, désormais. Impossible de ne pas tenir compte de cette réalité, et des conséquences de la politique américaine en cours sur le reste du monde. On était dedans, et bien dedans, jusqu’au cou, et on l’est encore. Comme Joe Quesada est un rédacteur en chef remarquable, ayant donné à Marvel des directions et une ampleur dans la qualité assez phénoménale, il n’est pas étonnant de voir que nos super-héros favoris allaient eux aussi évoluer dans un monde qui a changé: on ne pouvait pas faire comme s’il ne s’était rien passé. Oui, mais sous quelle forme ? Et c’est bien là que naît le second effet, celui de la concrétisation d’une conscience de devoir exprimer un sentiment politique et éthique fort à travers une création qui fasse plus réfléchir que donner des leçons ou bien faire acte de prosélytisme camouflé dans des récits au caractère surnaturel. Et si le postulat et le fond de Civil War suffisent à se poser des questions, il n’y a aucun doute que l’un des paroxysmes de cette série posa encore plus de questions. Je veux bien sûr parler de la mort de Captain America, abattu comme un chien sur les marches du Tribunal où il allait être jugé avant d’être incarcéré pour avoir refusé de se faire recenser et pour avoir combattu les désormais super-forces gouvernementales. Oui, celui qui avait combattu les nazis (qui était même né du patriotisme antifasciste américain durant la seconde guerre mondiale), celui qui était devenu l’emblème même de l’Amérique, l’incarnation de ses valeurs les plus fondamentales, se retrouvait devenir l’ennemi de la nation en refusant d’obéir à son gouvernement pour justement sauver l’âme de cette nation. On voit que ça pose un petit problème, là, non ? L’insoumission et la révolte du symbole des Etats-Unis contre son gouvernement pour des raisons de morale et d’éthique sans que rien ne permette de rattacher la fiction à la réalité par des faits concrets ne pouvait qu’ajouter à la force du propos. Rien ? Rien ou presque…Dans les épisodes de Spider-Man se déroulant dans le contexte de Civil War, on peut tout de même lire ceci : « Il y a un ‘avant’ et un ‘après’. Le 11 septembre a concerné tout le pays. Et Stamford est une épreuve du même ordre. »
Dans Comic Box #49 (octobre-novembre 2007), Xavier Fournier avait écrit un article intéressant sur l’une des conséquences les plus marquantes de la mort de Captain America. Après un historique solidement bâti des différentes morts de Cap de par le passé et des récentes polémiques qu’il a suscitées depuis le 11 septembre 2001, il était revenu notamment sur le fait que certains des médias généralistes qui avaient relayé l’information à l’époque ont interprété cette mort comme étant une « parabole de la déchéance de Bush ». Fournier s’insurge à juste titre en se demandant si ces personnes ont vraiment lu Civil War ! Question épineuse et ô combien nécessaire quand on sait combien le concept de Civil War est important à la fois pour l’univers Marvel mais aussi pour le contenu de ce que lisent actuellement les Américains en ces temps troubles. Car même si cette série reflète indéniablement certains aspects de notre monde politique et social actuel, il est complètement idiot de penser que Captain America puisse représenter l’idéologie de George Bush ! Au-delà d’être imbécile et facile, ce genre de non-sens se révèle même être dangereux, trahissant par la fainéantise narcissique des stars de l’info une bande dessinée qui bien heureusement n’est pas aussi manichéenne et bêtement symboliste qu’on voudrait nous le faire croire, et qui nous ferait même plutôt comprendre le contraire : Cap n’apprécie pas trop la politique du tout sécuritaire au nom de la liberté. Quel que soit le gouvernement, quel que soit le pays. Euh… Je crois que c’est assez clair, non ? Pourquoi je m’attarde tellement là-dessus ? Parce qu’il est dangereux que des créations artistiques voulant apporter une réflexion sur le monde soient dénaturées par des médias acquis à la logique en place dans une fausse bêtise intéressée. Fausse bêtise intéressée car il y a beaucoup de personnes que cela arrangerait bien, de pouvoir attaquer Civil War et ainsi conseiller à Marvel d’être moins anti-patriotique, de se calmer un peu et de revenir à des choses plus… fantaisistes, dirons-nous. Dire que Captain America symbolise George Bush dans Civil War ouvre toutes les portes aux extrémistes, conservateurs et autres fondamentalistes puritains qui ont pour « culture » d’attaquer violemment ce qui touche aux forces en place de l’Amérique, préservant leurs intérêts. Et alors que restera-t-il des possibilités de faire réfléchir, ensuite ? Car c’est bien un comic qui pousse obligatoirement à réfléchir. Notamment sur ce salopard d’Iron Man qui profite de la loi pour prendre la direction du S.H.I.E.L.D. et décrocher des milliards de dollars avec des contrats concernant la construction des structures à mettre en place pour appliquer la loi (ce sera l’Initiative : une équipe par état, et des centres pour former les jeunes super-héros afin de servir sous le drapeau américain : braves petits soldats !). Sans parler du boursicotage en faveur des familles des recensés, des implications géostratégiques avec le Wakanda, et que dire, que dire, mais que dire de l’emploi de super-vilains meurtriers par le gouvernement américain afin de traquer les héros réfractaires ?! Tout ça est assez sidérant, et surtout passionnant !!! Euh… enfin je crois… vous êtes toujours là ? Ne vous en faites pas, on va bientôt parler de bande dessinée ! Miracle !
La vague Civil War s’est étendue en France en 2007 dans de nombreux titres Marvel en kiosque (et un album de la collection Monster) : tout d’abord dans les sept numéros de la mini-série elle-même, mais aussi dans les titres Marvel Icons, X-Men, Astonishing X-Men, Spider-Man et Wolverine, sans oublier Civil War Extra, une parution bimestrielle qui compléta la saga de manière tout à fait excitante. Les trois albums qui nous intéressent aujourd’hui ne reprennent pas l’intégralité de tout ce qui est paru dans le contexte de la série (car il aurait fallu bien plus de trois volumes), mais nous propose les séries les plus représentatives du phénomène. Vous pourrez donc lire l’intégralité des épisodes de Civil War, mais aussi les épisodes de New Avengers, Spider-Man, Wolverine, Captain America, et la mini-série Fallen Son, entre autres…C’est donc un très beau panorama qui nous est proposé, même si (bah oui, en ce moment je suis comme ça, je rechigne, je ronchonne, rhaaa…) ces trois volumes auraient mérité la compagnie d’un quatrième reprenant l’une des séries de Civil War : Front Line, j’ai nommé bien évidemment Embedded, une création « annexe » qui complémente le propos par la vision et l’enquête des journalistes Sally Floyd et Ben Urich sur le propos, amènant un recul superbement bien écrit et ficelé, humain, justement ressenti, passionnant, drôle, poignant, intense, sur cette guerre civile entre super-héros; bref : une petite merveille qui auraient pu être complétée par les deux autres histoires qui constituent Civil War : Front Line : L’Accusé et Cellule dormante. Mais bon, c’était juste une suggestion, hein… En attendant, grâce à l’édition très réussie de ces albums, celles et ceux qui avaient loupé une partie des événements ou bien qui étaient passés à côté tout court vont enfin pouvoir lire ce must incontournable et historique. Allez, on y va ! Suivez le guide !
CIVIL WAR vol.1 : GUERRE CIVILE (Panini Comics, Marvel Deluxe)
Le premier volume nous propose évidemment de lire la série titre en grande ouverture, suivie par les cinq épisodes de New Avengers : Disassembled. Que vous dire des sept volets de Civil War à part que tout ça est complètement dingue, qu’on frémit à chaque page (et parfois plusieurs fois par page pour les plus sensibles), que c’est si passionnant, bien foutu, bien écrit, bien dessiné, bien encré, bien mis en couleurs, que tout est jouissance dans cette lecture ? Je ne sais pas… On n’avait jamais lu ça, jamais on aurait pensé que ça puisse se passer, qu’on lirait un jour ça. Comme je l’avais écrit à l’époque, il est difficile de lire Civil War sans faire de mini pauses, relevant la tête dans un moment de stupéfaction en se disant « Non mais c’est pas vrai, mais c’est dingue, non mais dites-moi que je rêve, que j’ai mal lu, pincez-moi (pas trop fort svp), mais c’est dingue, mais, mais mais mais… mais c’est complètement dingue !!! » Et pour le coup, oui, c’est dingue. En sept épisodes, Civil War bouscule l’univers Marvel jusque dans ses fondements les plus profonds. L’un des plus extraordinaires étant la révélation de la véritable identité de Spider-Man devant les caméras de télévision ! Mais j’y reviendrai en temps voulu. Bref, on nepeut de toute façon pas passer à côté de Civil War si l’on veut comprendre l’univers Marvel actuel… C’est vraiment… génial ! Une grande claque, un vrai choc ! En tant que lecteurs, on ne peut que « choisir son camp », nous aussi, et c’est alors toute notre vision, tout notre panthéon intérieur qui s’en retrouve aussi malmené, voyant quel camp a choisi tel chouchou, tel héros de toujours. Cela affirme aussi la sensibilité politique de certains super-héros comme ce psycho-rigide de Mister Fantastic, ou bien la réelle humanité d’autres surhumains bien plus sensibles qu’il n’y paraissait… C’est l’excellent Mark Millar qui a pondu cette bombe, superbement dessiné par Steve McNiven.
Après ces épisodes devenus historiques, vous pourrez lire les épisodes de New Avengers : Disassembled qui racontent comment l’équipe de la résistance, les Vengeurs Secrets, s’est constituée, de gré ou de force, face à l’application du recensement. On voit comment Captain America, très vite suivi par le Faucon, se mit en route pour structurer cette résistance, comment Luke Cage rentra dans la clandestinité pour épargner son foyer et combattre ce qui l’indigne profondément. On se rend compte à quel point Jessica Drew (Spider-Woman) est une jeune femme perturbée et fragile. Par le biais de Sentry, on en apprendra de bien belles sur l’état d’esprit actuel des Inhumains envers notre race. Et puis on verra enfin que tout le monde n’est pas d’accord avec Iron Man, et que ce dernier va en baver (gnark gnark gnark, bien fait!). Brian Michael Bendis est seul scénariste, mais plusieurs dessinateurs se succèdent : Howard Chaykin, Leinil Yu, Olivier Coipel, Pasqual Ferry, Paul Smith, et Jim Cheung.
CIVIL WAR vol.2 : VENDETTA (Panini Comics, Marvel Deluxe)
Ce deuxième volume est consacré à Spider-Man et Wolverine. Comme je l’ai dit plus haut, Civil War ne pouvait avoir de grandes répercussions sur un être qui a de grandes responsabilités à cause de ses grands pouvoirs… Oui, indubitablement – peut-être même plus que la mort de Captain America qui risque de revenir d’entre les morts – c’est bien la conférence de presse où Spider-Man enleve son masque devant les caméras pour révéler qu’il est Peter Parker à la face du monde qui est l’une des conséquences les plus explosives de Civil War. Ça faisait 44 ans que des générations de scénaristes avaient tout fait, TOUT, pour que Tante May claque pas d’une crise cardiaque, que Peter puisse continuer à faire ses fameuses photos miraculeuses, oui, que ce bon vieux Parker s’en sorte in extremis dans bon nombre de situations où il aurait préférer crever que de révéler sa véritable identité. Et là, PATATRAS ! Et le pire, le pire, le pire (et c’est là que ça devient vraiment dingue, car c’est un véritable tabou, qui est tombé, et c’est très lourd de conséquences, pour ce fer de lance, cette légende marvelienne), oui, le pire, c’est qu’après avoir révélé sa vraie identité en ralliant le camp d’Iron Man, Peter Parker se rend compte qu’il s’est trompé de camp, qu’il a fait une grosse erreur, et qu’il doit joindre les rangs de Captain America : !!! En somme, cette décision cataclysmique a été prise et vécue… pour rien ?! Ah non mais alors là c’est vraiment dingue, non ? Je trouve que c’est l’une des décisions éditoriales les plus folles qui aient jamais été prises chez Marvel : ça frôle l’inconscience, ou peut-être… le génie ? Oui, c’est carrément génial, ça bringuebale et secoue et joue avec nos nerfs avec une rare efficacité, c’est les montagnes russes, le grand tremblement, le choc thermique, on a encore du mal à y croire… Et pourtant… ces révélations et retournements de situation vont entraîner Peter, Mary Jane et tante May dans une cavale clandestine où la mort semble la seule issue… Hardcore, non ? J.M. en a signé le scénario, et Ron Garney l’a dessiné.
Puis vient le tour de notre bon vieux Canadien poilu de se mêler à cette folie. On le sait, les X-Men ont plutôt tenté de rester neutres, dans cette histoire, ayant déjà trop subi de discriminations, de syndromes du fichage, de la différence, du malaise social et moral, sans parler évidemment du problème des Sentinelles. Mais ce n’est pas pour ça que Wolverine va se dispenser d’agir dans le sens de ses convictions en contribuant à l’effort de guerre comme il peut. Il va essayer de retrouver Nitro, le super-vilain à l’origine de l’explosion de Stamford, mettant ainsi fin au combat avec les New Warriors mais décimant aussi des centaines de citoyens tout ce qu’il y a de plus humains. Allez, cherche… ! Cherche, Logan (il a un flair du tonnerre) ! Partir sur les traces de Nitro est une chose, mais savoir le maîtriser et décider quoi en faire en est une autre… C’est ce que va bien vite comprendre Logan, surtout quand c’est au tour de Namor de rentrer dans la danse… Namor ? Bah oui… Pas le genre à rigoler, non plus. Et les choses sont loin d’être aussi simples que le croyait Wolverine, il y a des implications et des ramifications qui vont le mener beaucoup plus loin que prévu. Mais chut, je vous laisse déguster (dans le sens propre, bien sûr). Scénario de Marc Guggenheim et dessins de l’étonnant Humberto Ramos.
CIVIL WAR vol.3 : LA MORT DE CAPTAIN AMERICA (Panini Comics, Marvel Deluxe)
Ce troisième volume est donc entièrement dédié à la mort du premier grand super-héros Marvel… Lui qui a survécu aux nazis et à l’hibernation, à tant de dangers terribles, le voici qui meurt sous le feu de balles ordinaires, tirées d’un flingue ordinaire, là, sur les marches officielles de la justice. Incroyable coup de tonnerre, et véritable charnière entre la guerre civile et l’Initiative… J’ai déjà dit beaucoup de choses sur la portée symbolique de cet événement plus haut dans cet article, je vais donc être assez aimable pour ne pas trop m’étaler encore sur le sujet afin d’épargner votre patience qui est déjà mise à bien rude épreuve si vous êtes arrivés jusqu’à ces mots. L’ouvrage nous propose divers récits qui – mis ensemble – donnent un beau panorama de l’avènement de cette mort tragique. En ouverture, le long et magnifique épisode Rubicon (signé Christos N. Gage et Jeremy Haun) où l’on assiste en détails à une conversation de la dernière chance entre Captain America et Iron Man afin d’éviter le conflit meurtrier. Pas de grosse bataille ni d’effets spéciaux, mais des mots bien sentis que se lancent les deux protagonistes avec une grande amertume. On se balance même quelques vérités pas faciles à entendre – et parfois à dire. Un épisode assez remarquable. Puis viennent les épisodes de Captain America, avec Ed Brubaker au scénario et Steve Epting accompagné de Mike Perkins aux dessins (très beaux dessins !). Au Loin tonnent les canons, tout d’abord, qui se penche sur l’agent 13 (Sharon, l’amoureuse de Steve Rogers) et ses rapports avec le S.H.I.E.L.D., ses problèmes psychologiques, et sur la manière dont elle est manipulée. Nous verrons aussi comment Bucky et Fury tentent de comprendre ce qui se passe et comment agir dans ce contexte de guerre civile. Enfin, nous tremblerons face à Crâne Rouge, Fatalis, Arnim Zola et Faustus qui fomentent macabrement dans l’ombre, le tout aboutissant à l’épisode clé : Le Rêve est mort. Rideau. C’est avec une réelle émotion que l’on peut ensuite lire ce récit en deux parties, proprement bouleversant, signé par le duo mythique Bendis/Maleev : La Confession. C’est beau, c’est fort, c’est poignant, au point que je ne vous en dirai rien pour que vous en ayez toute la puissance en bouche lorsque vous la lirez, cette confession… Enfin, pour clore le tout, l’album nous offre l’intégralité de la mini-série Fallen Son : The Death of Captain America, une épitaphe en cinq parties qui exprime l’évolution des sentiments face à la mort d’un proche. Chaque super-héros mis en scène symbolise l’un de ces sentiments : Wolverine exprime le refus, les Vengeurs la colère, Captain America le marchandage, Spider-Man la dépression, et Iron Man l’acceptation. Il est assez bouleversant de penser que même si c’est J.M. Straczynski qui est à l’origine de ce projet, c’est bien Jeph Loeb qui en a signé le scénario, deux ans à peine après avoir vu son fils mourir d’une grave maladie. On sent l’émotion palpable, dans ses mots, et dans la construction de son scénario… Chaque épisode est dessiné par un artiste différent : Leinil Yu, Ed McGuinness, John Romita Jr, David Finch, et John Cassaday.
Captain America reviendra-t-il un jour ? À peine tiède, les rumeurs allaient déjà bon train sur son compte ! Il se pourrait bien en effet qu’une sorte de thaumaturgie éditoriale puisse faire revenir le mythe du Royaume des Morts… Mais je n’ai rien dit…
Bonne lecture!
Cecil McKINLEY