Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Famille Pirate » T1 (« Les Naufragés ») par Fabrice Parme et Aude Picault
« La Famille Pirate », une famille multi médias !
Où l’on fait d’abord la connaissance de la Famille Pirate et de son fier navire, L’Os-à -Moelle, à la télévision, puisque à l’origine, c’est une série d’animation diffusée sur France 3 à partir de 1999, puis sur la chaîne pour enfants Gulli.
Elle connaît rapidement le succès et Fabrice Parme, co-créateur du dessin animé, décide quelques années plus tard d’en faire une bande dessinée avec la scénariste Aude Picault.
Les aventures de « La Famille Pirate », version papier, ont été publiées durant l’été 2012 dans l’hebdomadaire Spirou et ravissent cet automne les lecteurs du Monde des ados.
Les personnages ont aujourd’hui des milliers de fans sur Facebook, qui se précipiteront à présent sur l’album. Le succès quoi !
De quoi s’agit-il ?
L’album s’ouvre sur une vue paradisiaque. Nous sommes sur l’île de la Tortue, cernée par une mer très très bleue, et découpée d’anses accueillantes où il fait bon vivre. C’est là qu’est installée la Famille Pirate, dans une maison en bois un peu foutraque. Dans la Famille Pirate, il y a tout d’abord le père, Victor Mac Bernik, un fier gaillard un peu enrobé dans son tricot à rayures, portant barbe rouge et chapeau à tête de mort. Forcément ! Il y a aussi la mère, Lucille, jolie jeune femme toute fine, élégante dans son petit corsaire ajusté. Il y a encore Scampi, adolescente enjouée et vive, qui cultive le sens de la répartie et celui de la justice. Il y a enfin le petit dernier, que son père surnomme affectueusement son « petit bigorneau », pour rester logique.
Cette famille sympathique pourrait mener une vie tranquille, le père à pirater, la mère à cuisiner et faire les courses au « Supercoco », les enfants à l’école. Oui mais voilà que le bateau familial, L’Os-à -Moelle, doit rester ancré au bout de l’embarcadère, « immobilisé pour dettes diverses et variées ». Sans outil de travail, pas de piraterie ! Mac Bernik a le moral en berne et sa femme lui suggère d’aller jusqu’à Pôle Abordage afin d’y trouver un travail et de gagner quelques turtles bienvenus. Victor a sa fierté et décide, la mort dans l’âme, de devenir un naufrageur clandestin. Ce qui est contraire au code de la piraterie. Mal lui en prend car, dès lors, les ennuis vont s’accumuler et ses relations avec son voisin et concurrent, Irvin le précieux, ne vont guère s’améliorer. Notre pirate a une affaire d’esclavage à régler au plus vite, un butin à récupérer, une mutinerie familiale à éteindre et la mer à reprendre ! Mais le Mac Bernik, mille barriques !, sait retomber sur ses pieds, et de belle façon. Pour être tout à fait objective, il faut préciser que Lucille et Scampi n’y sont pas pour rien, car les femmes, dans cette famille, ne sont ni potiches ni boniches.
Cet album jubilatoire, qui raconte une histoire inédite, devrait réjouir les fans, qui auront largement de quoi échanger sur leurs réseaux sociaux, et celles et ceux qui ne connaissaient pas encore cette famille de pirates.
Il est à la fois très drôle et intelligent (ce qui ne va pas toujours ensemble). Porté par une galerie de personnages hauts en couleurs et forts en gueule et un dessin extrêmement dynamique, le récit se déroule sans temps morts, émaillé de jurons pittoresques, de bonnes bagarres au sabre et de juste ce qu’il faut de décalage pour créer la bonne surprise. Les auteurs s’appuient pour le fond sur les véritables codes et coutumes de la piraterie qui est porteuse de valeurs très intéressantes. Ils parlent aussi avec finesse de l’esclavage, de la différence et de la tolérance.
Pour toutes ces raisons, ce premier album peut toucher un très large public. Ce serait bien dommage de s’en priver.
Catherine GENTILE
« Famille Pirate » T1 (« Les Naufragés ») par Fabrice Parme et Aude Picault
Éditions Dargaud (10,60 €) – ISBN 978 2205 06889 4