Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Highlands» T1 : « Le Portrait d’Amélia » par Philippe Aymond
Premier volet d’un diptyque historique et romantique (dont le deuxième est déjà en chantier) situé dans l’Écosse du milieu du XVIIIe siècle où la tension est de plus en plus forte entre les clans ralliés à la couronne d’Angleterre et ceux qui soutiennent l’héritier des Stuart en exil, « Highlands » est une belle bande dessinée d’aventures, tout public,impeccablement menée ; tant sur le plan narratif que sur celui du graphisme !
En 1743, Joseph Callender, jeune peintre écossais de retour d’Italie sur ses terres natales, est pourtant bien loin de ces rivalités et de la révolte qui gronde… Or, alors qu’il aspire à une existence tranquille, vouée à son art, il tombe amoureux de la fille du duc de Plaxton qui vient de l’engager à son service, en tant que peintre de la famille ; notamment pour réaliser le portrait de cette jeune femme qu’il a fiancé, contre son gré, à un riche Anglais. Car il se trouve, en effet, que son aristocrate de père a choisi de s’allier à ces derniers, au grand dam de son fils, hostile à ses engagements politiques… Et voilà que le talentueux jeune artiste est victime d’un odieux complot où il se trouve accusé d’avoir dissimulé des dessins dévoilant un détail intime du corps de la belle… Arrêté, puis gravement blessé, il parvient quand même à s’enfuir et à se réfugier dans les Highlands, bien décidé à prouver, coûte que coûte, son innocence !
Pour la première fois, Philippe Aymond (« Apocalypse Mania » et « Lady S ») se lance dans le scénario de long-métrage avec cette tragédie historique à la Walter Scott ; et il s’en sort aussi bien que sur le plan du dessin : ce qui n’est pas peu dire, tellement son trait est de plus en plus léché et dynamique à la fois ! On sent aussi qu’il a été à bonne école avec son complice de « Lady S » (le scénariste Jean Van Hamme), puisqu’il a su équilibrer rigoureusement psychologie des personnages et dialogues, ayant trouvé toute la substantifique moelle d’une narration bien huilée en mêlant, savamment, passions déchaînées et intrigues bien documentées ; le tout avec un ton moderne (mais pas trop) qui nous donne, vraiment, envie d’en savoir plus…
Gilles RATIER
« Highlands» T1 : « Le Portrait d’Amélia » par Philippe Aymond
Éditions Dargaud (13,99 €) – ISBN : 978-2205-06845-0