Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...A PROPOS DU SPIRIT…
Si on survole les forums consacrés au deuxième trailer de Frank Miller à propos du Spirit, le dernier film qu’il a réalisé, on devine une certaine perplexité, chez les fans de Will Eisner,perplexite, que l’on partage.
Aux côtés de Superman, Batman, Captain Marvel, Captain America ou The Spectre, prend place une bande dessinée peu conventionnelle. En juin 1940, The Spirit fait son entrée dans le Comic Book Magazine, supplément du dimanche du Chicago Tribune. Quelques mois plus tard, le Register & Tribune Syndicate commença à publier la série dans plusieurs journaux, dans l’ensemble des États-Unis. Le succès conduisit le quotidien Record, de Philadelphie, à la publier régulièrement, à partir d’octobre 1941, et jusqu’en février 1944. Puis, c’est dans Police Comics, et dès 1942, que paraissent les premières rééditions. En 1944, le premier comic book uniquement dédié au Spirit est édité par Quality Comics Group et par Fiction House Magazines.
En France, les périodiques reprennent la série : Pogo-Poco, Métal Hurlant, Tintin (en couleurs, en 1973). Les éditions en réalisent les albums : les Humanoïdes Associés (Nuits d’encre, 1977, Aventures exotiques, 1978), Futuropolis (The Spirit, tomes I à III, de 1981 à 1983), Icare, Neptune, Albin Michel (L’École des détectives, 1986) et Peplum. Un téléfilm est produit, en 1986, par Paul Aratow pour la Warner Bros, écrit par Steven de Souza, dirigé par Michael Schultz et interprété par Sam Jones.
Le scénariste et dessinateur Will Eisner est mobilisé en mai 1942. Plusieurs dessinateurs et encreurs sont désignés afin de poursuivre la bande dessinée. Parmi eux, on trouvera Lou Fine, Jack Kirby, Alex Kotzky, Joe Simon et Jack Cole. En 1945, Will Eisner peut enfin reprendre son personnage. Il se fait alors assister par Marilyn Mercer, Jules Feiffer, Klaus Nordling, Jack Spranger, Jerry Grandenetti… En 1948, il tente de lancer un personnage fortement inspiré du Spirit, John Law, lui aussi détective. Bientôt revu et corrigé, il rejoint le bande originale.
La bande dessinée prend fin en octobre 1952. La partie graphique a déjà été cédée à Wallace Wood, depuis 1951, qui participa à quelques épisodes et transforme le rôle principal en un être « futuriste ».
Le temps passe. Will Eisner est enfin amené, en janvier 1966, à formuler un récit de cinq pages publié dans le New York Herald Tribune. Mais il s’agit plutôt d’un pastiche. L’auteur réalise encore deux autres histoires, encrées par Chuck Kramer, éditées cette fois par Harvey Comics. Il dessine aussi les couvertures du Spirit, réédité par Denis Kitchen Sink Enterprises (quatre histoires en noir et blanc à chaque sortie) et par Warren, à partir de 1973 et 1974.
Dennys Colt, alias the Spirit, détective privé et criminologue, mène l’enquête et se livre à un combat dramatique avec le malveillant Dr Cobra, savant fou dont l’unique but est de dominer le monde. On le croyait mort dans une explosion. Les funérailles ont lieu dans le cimetière de Wilwood Ripresosi. Le simulacre réussit. Le commissaire Dolan, son complice, le tire de sa tombe. Le Spirit se réfugie alors dans son laboratoire, crypte à l’image du tombeau où il fut enterré, magnifiquement meublé dans le style des années trente. Le Spirit, comme son nom l’indique, est un personnage mystérieux, figure emblématique dont un simple loup bleu masque l’identité. Il porte sur son visage toute la franchise et la résignation que l’on peut attendre d’un héros masqué. Son comportement reflète la distinction et l’élégance. Ses vêtements consistent simplement en un costume de bon ton, des gants bleus et un chapeau. Homme de fort charisme, il agit silencieusement grâce à son intelligence. Tout super-pouvoir lui serait superfétatoire. À ses côtés, un enfant noir très malin, Ebony White, un commissaire de police caractérisé par la mauvaise humeur, Eustache P. Dolan, et sa fille, Ellen Dolan, travaillent pour lutter contre le crime et pour persécuter les malfaiteurs, le plus souvent à New York, et plus exactement à Central City. En face, ses ennemis sont des criminels portraiturés avec acuité et humour, Octopus par exemple.. Les femmes fatales, dans le genre des actrices d’Hollywood, peuplent aussi les scénarios.
Will Eisner, en effet, grand lecteur de nouvelles – notamment d’O'Henry et d’Ambrose Bierce –, s’inspire fréquemment du cinéma. Les aventures mêlent l’énigme et l’intrigue policière, la surprise et l’humour. Les événements quotidiens et la vie de tous les jours tiennent une place non négligeable dans les récits, avec des allusions aux relations qui se tissent dans les mégalopoles, aux informations journalistiques, telles que la corruption, la politique, les faits divers.
L’auteur ne prit jamais son héros vraiment au sérieux, ce qui procure à la bande dessinée une légèreté de bon goût, piquée de fantaisie. Car il s’agit surtout d’une parodie des bandes dessinées classiques. Le ton reste donc libre et sans emphase, les dessins jouant sur les découpages originaux issus du cinéma, sur la position des personnages en gros-plans, en plongée ou en contre-plongée, sur les noirs et les blancs ou les clairs-obscurs, mais aussi sur des effets sonores ou narratifs inspirés des radio-shows.
Parmi les admirateur de Will Eisner, il faudrait sans doute citer Hugo Pratt qui, en compagnie de Faustinelli et d’Ongaro, crée, en 1945, l’Asso di Picche.
Nathalie Michel Szelechowska
Frank Miller termine le film tiré du Spirit de Will Eisner, film que l’on devrait voir sur les écrans en décembre 2008.
Voici le deuxième trailer du Spirit. Il n’est pas plus concluant que le premier. Frank Miller a-t-il conservé l’esprit de la bande dessinée de Will Eisner ? On s’interroge. On découvre un Spirit bondissant d’immeubles en immeubles, un Octopus interprété par Samuel L.Jackson totalement délirant loin du personnage. Frank Miller utilise quelques procédés vus dans Sin City qui, ici, ne sont pas trés concluants. Attendons la sortie du film pour juger.
CASTING:
The Spirit Gabriel Macht
Octopus Samuel L. Jackson
Silk N. Floss Scarlett Johansson
Sand Saref Eva Mendes
Dr Ellen Dolan Sarah Paulson
le Commissaire Dolan Dan Lauria
Phobos Louis Lombardi
Lorelei Rox Jaime King
Plaster of Paris Paz Vega
Morgenstern Stana Katic
Denny Colt jeune Johnny Simmons
Holly Meeghan Holaway
Mise en scène: Frank Miller