INTERVIEW DE DAVE McKEAN (SUITE ET FIN).

Cette semaine, la fin de l’interview de Dave McKean dont vous avez lu la première partie il y a peu sur votre site favori.

Hello… Souvenez-vous, c’était il y a peu de temps, je vous avais proposé de lire l’interview de l’immense artiste Dave McKean que j’ai eu l’immense honneur de faire à l’occasion de sa dernière venue à Paris dans le cadre de l’exposition qui lui est consacrée à la galerie BDartist(e), au 55 de la rue Condorcet dans le 9ème arrondissement de Paris (exposition qui continue jusqu’au 13 septembre 2008, je vous le rappelle). Un rendez-vous à ne louper sous aucun prétexte, bien évidemment ! À la clef de cette exposition, deux livres : Squink et Postcard from Paris, co-édités par BDartist(e) et Allen Spiegel Fine Arts. La première partie de mon interview portait précisément sur ces deux ouvrages et sur l’exposition, la seconde se penche plus sur les autres projets en cours de McKean, ainsi que sur certaines visions qu’il a de son travail. Un artiste aussi génial qu’humble que je vous invite dès à présent à écouter avec bonheur…

McKinley : Continuons sur d’autres projets et d’autres réflexions, si vous le voulez bien… Un petit mot, peut-être, au sujet de votre nouveau film Luna, premier projet cinématographique depuis MirrorMask

McKean : Ce projet est très différent de MirrorMask. Ce n’est pas un film pour enfants, ni un drame, mais plutôt un mélange de film « réel » et d’animation. Encore une fois, il y a des séquences de rêve fantastique, mais cette fois-ci c’est plutôt un drame humain, un petit film, 4 acteurs et seulement un lieu de tournage. J’ai pris beaucoup de plaisir à le tourner, et je suis en train de le terminer.

McKinley : Est-ce facile pour vous de passer d’un médium à un autre ?

McKean : C’est un vrai plaisir de passer de l’un à l’autre, et différents média me permettent d’élaborer mes idées de manières diverses ; bien sûr, j’adore la bande dessinée – et l’aimerai toujours – mais il n’y a pas de son, c’est ce que j’aime avec le film : travailler avec le son et la musique en particulier. Le problème, c’est que dans le cas d’un film on travaille avec une grosse équipe, et donc c’est toujours avec plaisir que je reviens, seul, à ma table de dessin…

McKinley : Avez-vous d’autres projets en collaboration avec Neil Gaiman ?

McKean : Il a un nouveau roman qui vient de sortir. Je pense que c’est son meilleur roman à ce jour (The Graveyard Book). Je viens de réaliser toutes les illustrations de cet ouvrage. Nous avons aussi le projet d’écrire ensemble un script pour une version cinématographique de The Woolves in the Walls. Il y avait déjà eu une comédie musicale tirée de cette histoire, et nous allons nous en inspirer pour ce script. Il y a une grande complicité entre Neil et moi. Nous avons grandi ensemble, j’ai appris à dessiner pendant qu’il apprenait à écrire. Nous avons nos propres projets chacun de notre côté, ce qui nous permet de nous retrouver toujours avec plaisir pour des projets communs.

McKinley : Est-ce important pour vous de montrer votre travail ici, dans cette galerie?

McKean : Oui, je préfère y montrer un large éventail de mon travail, cela m’évite de devoir m’expliquer sur la signification de celui-ci. J’ai toujours peur d’être incompris. Je préfère donner une impression générale de mon travail…

McKinley : Selon vous, quel est votre travail dont vous êtes le plus satisfait jusqu’à présent?

McKean : C’est en général la prochaine oeuvre qui est la meilleure, à part ça, je suis toujours attaché à Cages, et The Wolves in the Walls sur lequel je travaille avec Neil en ce moment. Il y a aussi ces petits livres de voyages, et ce projet sur lequel je travaille avec le chef de cuisine Heston Blumenthal.

McKinley : Cages reste pour moi l’une de vos Å“uvres les plus fortes, c’est une véritable exploration de la création, à tous les niveaux, que ce soit l’écriture, la peinture ou la musique, avec toujours ce chat noir en fil rouge du récit.

McKean : J’ai écrit Cages quand j’avais environ trente ans et commençais à avoir quelques réponses à quelques questions importantes. Je verrais certains aspects de Cages selon une perspective différente, aujourd’hui. J’aimerais refaire un autre grand livre : du temps a passé, je suis plus âgé, j’ai des enfants, ce qui me donne un regard différent sur les choses. Et aussi l’époque dans laquelle nous vivons: être passés dans un nouveau millénaire, le changement de l’ère analogique à celle digitale, le réchauffement de la planète, etc. Il me semble que nous vivons une époque étrange et anxieuse, et j’aimerais mettre tout ça dans un livre…

McKinley : Avez-vous un projet si incroyable que vous n’avez pas réussi à le réaliser jusqu’à ce jour ?

McKean : Oui, il y en a deux qui vont être durs a réaliser, pour des raisons techniques. Le premier est une adaptation cinéma que j’ai écrite d’après l’un de mes livres réalisés avec Neil Gaiman, Signal to Noise, livre que j’ai toujours aimé. Mais je n’ai pas réussi à ce jour à extraire l’essence de cette histoire dans mon script. Je pense qu’à l’époque, Neil et moi étions trop jeunes pour nous attaquer à un pareil sujet. J’ai donc écrit une nouvelle version de ce script dont je suis plus satisfait. Mais cela va être un peu difficile de convaincre un studio ou une compagnie de production de faire ce film car il risque d’être très cher…

McKinley : Signal to Noise, malheureusement jamais publié en France, est un ouvrage vraiment passionnant, entre parenthèses…

McKean : Merci. Il y a un autre livre sur lequel je travaille depuis des années maintenant (Tempesta) au sujet de la fin du monde, qui se passe à Venise ; ce devrait être un gros roman graphique, comme Cages. Mais l’idée même de partir dans ce projet est assez intimidante. Si j’avais su le temps que la rédaction de Cages m’aurait pris, je ne l’aurais sans doute jamais écrit. Cages m’a en fait pris 5 ou 6 ans à réaliser… Donc le tout est d’arriver à trouver la motivation et l’énergie pour m’atteler à ce projet. Pour être tout a fait honnête, la bande dessinée se vend très mal, aujourd’hui, et je ne peux pas gagner ma vie seulement sur ce projet… Mais j’aimerais vraiment le faire un jour quand même… C’est un livre très pessimiste mais avec une note optimiste à la fin. Enfin c’est difficile, surtout qu’il y a eu un autre livre qui est sorti en espagnol et qui s’appelle aussi Tempesta, donc je vais peut être devoir changer le titre ainsi que d’autres choses.

McKinley : Je sais que c’est un sujet sur lequel on doit beaucoup vous questionner (et vous en êtes peut-être fatigué, à force), mais pourriez-vous nous parler de votre rapport à Sandman, à toutes ces magnifiques couvertures que vous avez réalisées pour la série, véritables liens entre toutes les histoires et tous les artistes qui ont participé à l’aventure ?

McKean : Oui , cela a été un travail important qui a duré plus de 7 ans, c’était comme de tenir un journal chaque mois, et je crois que Neil a vraiment trouvé sa propre voie au travers de cette série ; j’y ai moi-même progressé dans plusieurs techniques, comme le design – qui par le passé ne m’interessait pas – ou la photographie… Cela a été une étape déterminante dans nos carrières respectives. Cela étant dit, il me serait difficile de revenir à Sandman aujourd’hui. Peut-être que Neil a une opinion différente à ce sujet… Mais j’ai maintenant l’impression que Sandman est un produit de son époque, même s’il est indiscutable que cette Å“uvre a contribué à faire changer les mentalités au sujet des comics et d’attirer un nouveau public qui n’avait pas l’habitude d’entrer dans une boutique de comics pour acheter autre chose qu’un Batman

McKinley : La rédactrice en chef Karen Berger a été déterminante, dans l’histoire de Sandman

McKean : Oui, Karen Berger a été très importante dans le projet Sandman. Elle nous a laissé le champ libre de créer notre histoire à notre manière, sans nous imposer des critères commerciaux spécifiques. Elle a aussi reconnu le talent de Neil et compris que ce personnage ne pouvait exister que si Neil était aux commandes…

McKinley : Eh bien cher Dave McKean, encore merci pour toutes vos merveilleuses créations, pour votre gentillesse et votre disponibilité. Bon séjour à Paris..!

McKean : Merci à vous, au revoir…

Propos recueillis par Cecil McKinley à la galerie BDartist(e) le 31 mai 2008.

Galerie

2 réponses à INTERVIEW DE DAVE McKEAN (SUITE ET FIN).

  1. Lucas dit :

    Bonjour
    Merci beaucoup pour cette interview très intéressante.
    J’aimerai beaucoup lire la première partie de l’interview mais je ne la trouve pas.Pouvez vous m’aider a la trouver svp?merci

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