Spécial « Batman »

Comme d’habitude, à la sortie de chaque nouveau film de super-héros, un certain nombre d’ouvrages en rapport avec le personnage adapté à l’écran apparaît dans les rayons des librairies. Aujourd’hui, à l’occasion de la sortie du film « The Dark Knight Rises », je vous propose de revenir sur quelques-uns des albums « Batman » récemment parus : « Grant Morrison présente Batman » T1 et T2, « Batman L’Encyclopédie », « First Wave » T2, ainsi qu’une critique du film de Christopher Nolan. Parce que cela me semble nécessaire et légitime, cet article contient aussi quelques coups de gueule comme j’en ai parfois – rarement, juste quand l’impression de « trop plein » ou d’injustice ne peut qu’interférer dans la vision objective des choses, par souci intellectuel et artistique. Non mais alors.

« Grant Morrison présente Batman » T1 (« L’Héritage maudit ») par Andy Kubert, J. H. Williams III et Grant Morrison

Je commence cette chronique avec les deux albums qui me semblent les plus indispensables : les « Grant Morrison présente Batman » chez Urban Comics, malgré une traduction qui me pose problème comme vous le constaterez ci-dessous. Très objectivement, s’il n’y a pas à systématiser le génie d’un auteur aussi reconnu que Grant Morrison (j’avais moins aimé son « JLA » malgré de très bonnes idées), on doit avouer que son travail sur « Batman » a été important pour l’histoire contemporaine du personnage, que ce soit par la qualité de son propos ou l’investissement profond du super-héros et de son parcours. Morrison a réellement apporté quelque chose de fort à « Batman », continuant de loin ce qu’avait amorcé Miller en termes de noirceur, et redonnant vie à la réalité du personnage en exhumant certains pans de son passé pour mieux le redéfinir selon sa vraie nature après des décennies d’événements parfois erratiques et vains. C’est une belle réappropriation, car en collaborant avec des artistes différents, en proposant de la prose ou des angles de vue « post-historiques », Morrison a eu l’humilité de ne pas trop se mettre en avant et d’œuvrer par amour du personnage, explorant le terreau avec passion sans jamais perdre l’avenir de vue. Ceux qui avaient eu une révélation en lisant son « Arkham Asylum » à la toute fin des années 80 me comprendront (pour les autres, je ne saurais trop vous conseiller de découvrir ce chef-d’œuvre absolu illustré de main de maître par Dave McKean, c’est l’un des plus grands « Batman » jamais réalisés à ce jour). Bref, c’est une riche idée d’avoir inclus le « Batman » de Morrison dans cette collection « Signatures ».

 

Ce premier tome propose donc les premiers épisodes écrits par Morrison pour la série régulière à partir de l’automne 2006. Une entrée en matière plutôt musclée et déconcertante, puisqu’elle met en scène la révélation de l’enfant prodigue : Damian, fruit de la liaison sulfureuse entre Batman et Talia, fille du terrible Ras’ al Ghul. Quand le bien et le mal fricotent ensemble, qui gagne ? Et que peut-il ressortir de ce rejeton aussi démoniaque que son prénom le sous-entend ? Assurément, Bruce Wayne a du mouron sur la planche… sans parler de Tim Drake qui prend plutôt mal l’arrivée de ce potentiel concurrent, ayant été adopté par Batman alors qu’il n’est pas son fils biologique, lui… Ces épisodes de la filiation difficile entre Batman et son fils sont rondement menés, et – je dis ça par pure provocation – Morrison arrive ici à rendre DC aussi passionnant que Marvel. Au dessin, Andy Kubert nous prouve que l’héritage de la filiation est pour lui loin d’être maudit, car le fils du grand Joe nous offre là de bien beaux spectacles visuels, dans un découpage d’une grande efficacité. Par un souci éditorial qu’on doit saluer, cet album ne fait pas mentir l’intention de cette collection en nous proposant réellement l’intégralité du travail de l’auteur sur la série (chose confirmée le tome suivant avec la reprise des épisodes de « 52 » co-écrits par Morrison). En plus de l’histoire « régulière », cet album reprend aussi l’arc « The Island of Mister Mayhew » dessiné par le génial J. H. Williams (dont on attend avec impatience ses « Batwoman » chez Urban Comics, à venir prochainement). « The Island of Mister Mayhew » est un petit bijou où Williams III démontre une nouvelle fois combien son talent est aussi immense que sa jouissance de dessiner. Avec maestria, il jongle avec les styles et les esthétiques des différentes périodes évoquées, allant même jusqu’à rendre hommage à certains dessinateurs selon les personnages qu’il dessine. C’est beau, c’est graphiquement passionnant, c’est beau, c’est souvent fascinant, et c’est beau. Autre bijou présent dans cet album, le fameux « The Clown at Midnight » dont la présente version déclenche donc mon ire au point de pousser un coup de gueule nécessaire. « The Clown at Midnight » est l’un des chefs-d’œuvre de Morrison, et la présente traduction de Nikolavitch l’a dénaturée, assassinée, qui plus est de la manière la plus méprisable qui soit, par l’ego et la bêtise.

(Je conseille vivement aux internautes qui ne sont ici foncièrement intéressés que par l’actualité de Batman de sauter les paragraphes suivants et de passer directement à la critique du tome 2 de « Grant Morrison présente Batman », car ici commence une longue incartade ayant trait à la traduction en elle-même.)

 

Je lance ce coup de gueule non pas pour me défouler ou pour me sentir exister, mais bien en espérant que cela participe à un effort d’honnêteté et de rigueur intellectuelle à une époque où tout se vaut et où n’importe quoi se dit et fait loi, au détriment de tout bon sens et de sérieux passionnel ; du coup, c’est la culture qui en pâtit, le génie d’un auteur pouvant être piétiné sans problème. Ce coup de gueule prouvera aussi que je ne suis pas un critique vendu à certains éditeurs, capable de critiquer durement Urban Comics aujourd’hui parce qu’il le faut alors que je les encense constamment et à juste titre depuis le début. Le sujet de la traduction des comics attise les rivalités entre fans sur les forums depuis des années. Je ne vais jamais sur les forums, car j’ai trop vite vu que c’étaient souvent des repères de geeks qui veulent exister en étant les plus malins connaisseurs possibles alors qu’ils peuvent croire que William Makepeace Thackeray est un rappeur. Dans ces lieux de perdition où quelques pointures du milieu jouent le rôle de grands gourous, des réputations se font et se défont (du moins le croient-ils), selon une sémantique de télé-réalité. Ainsi, il est de bon ton d’acculer certains traducteurs à la faute et d’en monter d’autres au pinacle, et la vox populi décrète telle traductrice irrecevable et tel traducteur « trop cool ». Je sais que Nikolavitch fait partie de ces traducteurs qui font généralement « l’unanimité » dans ce genre d’endroits. Mais, à contre-courant,  je me dois de le dire sans ambages : Nikolavitch est un traducteur très surestimé. Et sa traduction de « The Clown at Midnight » est pire que nulle : elle tue Morrison. Je ne dis pas qu’il n’a pas déjà pondu de bonnes traductions, ni qu’il est incapable d’en refaire, mais sur un album sur trois qu’il a traduits, je suis obligé de relire certaines phrases pour les comprendre (d’aucuns diront que c’est parce que je suis trop con, une éventualité que je n’évacue pas). Je ne m’en suis jamais pris à lui parce qu’on peut tous faire des erreurs, qu’on n’est pas toujours au top. Mais là, franchement, il a franchi la ligne jaune, au point que j’explose enfin. Ici, c’est plus grave qu’une simple mauvaise traduction. C’est une trahison prétentieuse. De la merde. En tout cas, rien qui ressemble à du Morrison. Il avait le droit de se planter sur n’importe quoi, mais pas là-dessus. Pas quand on a la chance de traduire de la prose de Morrison. Et quelle prose ! Une merveille. De cette merveille, il en a fait l’almanach Vermot. Il n’a pas compris qu’on n’était pas là dans une farce salace, mais dans une furie hypnotique et vénéneuse traversée par un rire aussi énorme qu’inquiétant. Il est passé à côté de tout, et n’a pas semblé comprendre qu’au-delà du contenu de ce texte, le texte en lui-même est un personnage du récit ; peut-être même le principal protagoniste de l’histoire. Une entité qui enfle, traversée par la folie pure, qui tient plus de la musique que du texte, à l’instar des écrits de James Joyce dont le sens ne semble pouvoir être compris qu’en les lisant à voix haute. Ce « monstre » littéraire, Nikolavitch l’a tranché, écartelé, dévisagé, remonté sans tenir compte de l’importance de la ponctuation où chaque virgule – ou absence de virgule – est un enjeu majeur pour donner sa couleur et son rythme au texte. Je ne me fâche pas pour rien. Ou pour peu. C’est inacceptable.

Il serait temps de remettre un peu les choses à leur place, et de dire que la traduction qu’avait faite Françoise Effosse-Roche de « The Clown at Midnight » était si bonne qu’il est insensé qu’on ne l’ait pas reprise ici, surtout pour avoir droit à ce « truc ». Je sais bien qu’il est de bon ton d’encenser Nikolavitch & co et de taper sur d’autres, mais même si ça ne plaira pas à certains, la version d’Effosse-Roche est aussi réussie que celle de Nikolavitch est irrecevable. Car Effosse-Roche a respecté Morrison sur le fond comme sur la forme, collant à ses mots et à sa respiration avec une belle acuité et une compréhension de l’auteur, de toutes les strates de son écriture, de toute l’amplitude folle de ses facettes lancées aux étoiles. Nikolavitch, lui, a « adapté » – et non traduit – ce texte génial en faisant fi du travail d’écrivain de Morrison, préférant faire son malin avec des formules putassières, des raccourcis crétins et même des erreurs de traduction qui enlèvent toute la puissance de cette prose pourtant sublime. C’est Morrison qu’on assassine. Traduire Morrison ainsi, c’est ne pas le comprendre, ne pas le regarder en face ni avoir les c… de s’y confronter, préférant se retrancher dans sa propre facilité, une fatuité où Nikolavitch se sent peut-être supérieur à ce nul de Morrison, non, puisqu’il a l’aplomb de – mal – le réécrire ? Au lieu de passer à « Questions pour un champion », il devrait plutôt prendre connaissance de l’histoire contemporaine intellectuelle et artistique de l’Irlande et de l’Écosse, et d’apprendre qu’il y a eu là-bas plusieurs Renaissances durant les dernières décennies, et que Morrison est issu de la deuxième Renaissance des années 70, et que lorsque Morrison choisit un mot c’est que c’est ce p… de mot qu’il fallait qu’il écrive, et qu’il n’est pas un écrivailleur de comics mais un auteur, comme Gaiman. Merde, quoi ! Pour qui se prend-il, en se donnant le droit de remplacer le génie de Morrison par ses pauvres trouvailles personnelles qui annihilent l’esprit fondamental du texte par des platitudes, des approximations, des coupes insensées, des remplacements débiles et des erreurs flagrantes ?! A-t-il ne serait-ce que déjà entendu parler d’Alasdair Gray, James Kelman, William McIlvanney, Alan Warner, Iain Banks, Ian Rankin ou Irvine Welsh ? Sait-il où se trouve Glasgow ? Et sait-il qu’il a un sérieux problème pour écrire des phrases qui ne soient pas bancales et mal foutues ?

Je ne dis pas ça par copinage débile parce que Françoise Effosse-Roche est une proche : je suis assez grand pour avoir une vraie vision objective du travail de mes proches, et pour prouver cela je veux bien encore dire ici qu’elle s’est plantée çà et là sur les X-Men du Silver Age, par exemple (en plus, je pense qu’elle va être furieuse que j’écrive tout ceci ici, je vais me faire engueuler, je crois). Je dis ça parce que je suis sincèrement furieux. Ça aurait été Jérôme Wicky (un excellent traducteur que j’ai croisé une fois dans ma vie) au lieu d’Effosse-Roche, j’aurais eu la même colère. Qu’on ne vienne pas me parler d’intérêts personnels. Je parle de culture. On n’en a rien à faire, de moi. Continuer à dire que Françoise Effosse-Roche n’est pas une bonne traductrice et que Nikolavitch est un super traducteur, c’est un non-sens et une injustice, et tout ce beau petit monde de la traduction bien implanté aurait lui aussi besoin de faire un sacré ménage dans ses rangs. Certes, Effosse-Roche s’est déjà plantée, mais pas plus que Nikolavitch, loin de là ! Contrairement à lui, elle nous a déjà offert des traductions qui collaient parfaitement aux auteurs, comme celle très réussie de « Scalped », ce qu’enfin tout le monde reconnaît. Ceux qui pensent le contraire sont les mêmes cons qui disent que Nicole Duclos n’est pas une bonne traductrice par rapport aux pseudo-stars du milieu alors que « Daredevil » ou « Fables » ont trouvé en elle la traductrice idéale, par exemple, et qu’elle sait ce que c’est que d’écrire, elle ; c’est l’une des meilleures, et depuis longtemps. À côté du phrasé profond, fluide et littéraire de Duclos, les traductions de Nikolavitch ressemblent à de la prose de CE1. Le « Stardust » traduit par Effosse-Roche et Duclos, c’était un vrai respect de Gaiman. Un vrai sens du texte. Je sais bien que malgré mes racines britanniques je ne peux pas me dire traducteur, mes aïeuls émigrés ayant laissé leur langue au pays natal sans aucune transmission de l’anglais sur le sol français, mais je sais encore lire ! L’ensemble de la traduction de Nikolavitch  mériterait d’être passée au crible pour en démontrer l’ineptie, mais rassurez-vous, je n’analyserai plus bas que le titre et quelques passages, conscient d’avoir déjà été trop long ; mais j’aborde ici un sujet ô combien important sur lequel je ne m’étais jamais étendu ainsi, et il me semble que la qualité de transmission du langage d’un auteur pour un public étranger est un sujet qui vaut bien un minimum d’espace de réflexion, surtout lorsqu’il s’agit de grands auteurs.

 

Je le redis avec fermeté, « The Clown at Midnight » est un événement important dans le parcours scénaristique de Morrison. Encore une fois, cet iconoclaste pétulant a voulu faire sauter les normes, explorer d’autres strates de la création et de la cognition. En choisissant de faire un épisode de « Batman » en prose illustrée, il a voulu revenir à l’essence même de l’écriture, et mettre dans ses mots – même s’il savait que le texte serait illustré – la même folie qui peut se dégager d’un dessin fantastique. Il a opéré là un glissement redoutablement intelligent où la folie des pensionnaires d’Arkham – mêlée à la sombre froideur et aux failles de Batman – serait littéralement incarnée par les mots. Chaque syllabe comme une couleur, un son, un souffle. Une musique. Chaque phrase comme une vague d’un même océan épileptique. Une incursion par le verbe dans la folie des personnages pour en extirper une vérité peut-être encore plus profonde. Le texte de Morrison est un petit bijou d’écriture, la preuve écrasante du goût, du talent et de l’énergie primordiale dont fait preuve Morrison dans l’architecture et l’intention de son langage littéraire. L’ensemble du texte n’est qu’un entêtant va-et-vient entre les mots, la pensée, la folie et la raison, regorgeant jusqu’à l’overdose d’adjectifs qualificatifs enserrant leur sujet tels des vampires. Un texte vénéneux, sombre, où chaque rythme de phrase est une mécanique bien huilée, nous emportant dans son flot de délires tentaculaires. Les mots – comme des sons – se répondent dans une même cavité obsessionnelle, nous emportant dans une transe que rien ne peut semble arrêter. Parfois, un semblant de calme descriptif paraît avant de replonger dans la sémantique excessive, ce qui n’est pas sans rappeler aussi toute une culture dite décadente où les mots devenaient incandescence, bijoux maudits scandés dans une volupté si chère à Théophile Gautier ou Jean Lorrain. « The Clown at Midnight », c’est aussi la volonté de faire surgir le texte dans un monde formaté par les images, un acte intellectuel ne pouvant qu’enrichir le monde des comics en l’obligeant à lire. C’est une plongée dans le noyau le plus sombre de « Batman ». Bref, c’est un texte sublime qui demande qu’on l’envisage et qu’on le traite avec amour, science, compréhension, jouissance et humilité : rien de cela ne se retrouve dans cette traduction égocentrique creuse.

Pour couper court à toute polémique, je vais enfin argumenter mon coup de gueule avec les exemples suivants. Déjà, le titre. « The Clown at Midnight » (« Le Clown de minuit », selon Effosse-Roche) devient chez Nikolavitch « Au Clown de minuit » : pourquoi avoir remplacer « The » par « At », avec cet effet d’annonce de café qui sonne faux ? « Le Clown de minuit », tout simplement, exprime bien la grande tradition des films fantastiques anglophones, avec cette connivence grandiloquente et gothique : « Le Clown de minuit », bouaaaaah, trrremblez, pauvres spectateurs ! Et pas « Au bistro fantôme du coin ».

Mais c’est pas l’plus grave. Le chapitre 1 est intitulé « Putting Bozzo to Bed ». Littéralement, « mettre Bozzo au lit », « le coucher ». Françoise Effosse-Roche avait respecté ce sens qui peut être aussi interprété comme « enterrer le clown » avec « Le Coucher de Bozzo ». Nikolavitch, lui, préfère faire le malin, comme la plupart de ses confrères très branchés « cynisme moderne parisien aimant la télé », et nous propose à la place « Un Bozzo et au lit » ! C’est con ! Et si on veut être vicieux (et je le suis), on fera remarquer que « Un Bozzo et au lit » sous-entend qu’on prend une dose de ce clown avant de nous coucher, ce qui n’a STRICTEMENT rien à voir avec la métaphore de Morrison où il est question de mettre le clown en terre ! Morrison n’écrit pas « Get a Bozzo-pill and go to bed », il écrit « Putting Bozzo TO Bed ». « Putting » ! « Putting » ! Putaing, tu comprends, ou pas, Nikolavitch ? Mais le plus grave arrive.

Selon l’intention littéraire dont j’ai parlé plus haut, Morrison débute et referme son récit sur le son de la pluie, transcrit en onomatopée qui elle-même exprime précisément la dimension musicale voulue – instaurée avec rage créatrice – par Morrison : « Clickety-clack-tack ».  Effosse-Roche, elle, avait proposé « Clique-tic-clac-tac », ce qui est simple mais joliment – et surtout respectueusement – transcrit. Avec Nikolavitch, « Clickety-clack-tack » devient « Plic, ploc » !!!! Avec une virgule, en plus, cassant l’enchaînement ferroviaire des tirets, créant cette musique rythmique si particulière (et si géniale !). « Plic, ploc »… Non mais je rêve ! C’est toi qu’est plic ploc, mon pauvre Alex. J’imagine que si tu avais dû traduire le titre du film de Kurosawa « Dodes’kaden » (qui rappelle par son rythme et sa phonétique le son du tramway qui passe et qui est l’élément principal du film : « dodes’kaden, dodes’kaden, dodes’kaden… »), tu aurais proposé « Tchou-tchou le petit train », au lieu de respecter la poésie aiguë et expressionniste de l’auteur ? Bref. Morrison commence son texte ainsi : « Rain goes clickety-clack-tack through the sticks and branches of bare, bony graveyard elms, the kind that stand as if ashamed… » etc. Nikolavitch nous propose ça : « Plic, ploc, fait la pluie sur les branches sèches des saules, dans ce cimetière déplumé, de ce genre qui restent plantés, étiques… » etc. Déjà, les virgules polluant ce pauvre « plic ploc » et isolant celui-ci du verbe « faire » m’énerve : Morrison lance son texte avec une énergie qui bannit la pause, l’instant, et les tirets de son onomatopée participent à cette logorrhée qui JUSTEMENT ne doit pas être coupée par des virgules alourdissant et ralentissant le rythme fou escompté. Ensuite, « elms » ce sont des ormes, et pas des saules : mais bon dieu pourquoi remplacer « ormes » par « saules » ??? Quel intérêt ? Pourquoi ? WHY ? Et pour ceux qui croient que je chipote sur des détails sans importance, laissez-moi vous dire que dans la mythologie grecque, l’orme est l’arbre d’Oneiros, le dieu des songes et de la nuit, fils d’Hypnos (le dieu du sommeil) qui est aussi le frère de Thanatos (la mort). Hypnos, Thanatos, sommeil, mort, nuit, mort du clown qu’on met au lit : il faut que j’explique encore plus, ou vous commencez à comprendre que c’est complètement con de remplacer ces arbres à la forte symbolique – que Morrison n’a pas choisis pour rien mais au contraire pour coller parfaitement à son propos – par les saules mous et pleureurs de Monsieur Nikolavitch ? En faisant cela, encore une fois, non seulement il ne respecte pas l’auteur ni son texte, mais en plus il le dénature ; et pourquoi, je vous le demande ? Mais d’où ça sort, cette connerie de « saules » ? Qu’est-ce que ça apporte ? Pourquoi ? Pourquoi avoir enlevé ses richesses à l’auteur ?

Et ça continue comme ça sur des pages et des pages, jusqu’à la fin qui finit par ce foutu « Plic, ploc » qui fait retomber le texte de Morrison comme un vieux soufflé au lieu de laisser le lecteur dans un état épileptique dont on n’est pas sûr qu’il s’éteigne totalement, comme un écho d’angoisse… Françoise Effosse-Roche, elle, avait proposé « La pluie tombe clique-tic-clac-tac à travers les brindilles et les branches des ormes du cimetière, arbres dénudés et osseux… » etc. Voilà ! Le « Clickety-clack-tack » respecté, la musique respectée, sans virgules et sans peur de transcrire le souffle de Morrison, et puis les ormes sont là, qui – contrairement au squelette flasque des saules – rappellent par leurs arborescences nos propres os. Tout au long du texte, elle avait réussi à faire corps avec les mots de Morrison, sa musique intérieure, sa folie de la syllabe. De manière générale, elle a compris le texte de Morrison car elle a plongé tête la première dans la folie noire de son délire alors que Nikolavitch est resté sur la berge en « interprétant » ce qu’il « croyait » voir. Mais il n’a rien vu. Ou il a vu que là il ne serait pas à la hauteur, que ce n’était pas du « petit texte », et que le meilleur moyen de s’en sortir, c’est encore de faire son malin, pour que l’épate fasse oublier un cruel manque de talent d’écriture.

Autres exemples : « Scored with a soundtrack of wheezing calliopes and Wurlitzer steam organs played backwards » devient chez Nikolavitch : « Rythmées par les orgues de barbaries déglingués et les juke-boxes ». ??? Où est passé « Wurlitzer » ? Croit-il que Morrison a inscrit ce nom parce qu’il n’en avait rien à foutre ? Cela fait partie de l’intention littéraire et poétique de Morrison. C’est ce nom et pas un autre, qui roule ainsi bizarrement (le « wu », le « rl », le « itzer ») et met en valeur les mots alentours. C’est de la poésie. Poésie psychotique, mais poésie en prose. Pire : où est passé le « backwards » ? Nikolavitch, en enlevant ce mot pourtant primordial, fout tout en l’air : cette musique issus de machines rouillées est jouée À L’ENVERS. Nous sommes dans la folie pure. On imagine les horribles sons s’échappant d’orgues de barbarie régurgitant ce qu’ils devraient dérouler : toute cette folie, Nikolavitch la fout aux ordures, délestant Arkham de sa charge terrifiante et changeant le vieux Wurlitzer par des… juke-boxes !!! Mais où ? Quoi ? Comment ? Où a-t-il vu des juke-boxes ? De l’horreur totale on passe à la Foire du Trône, avec de telles imbécillités. C’est lamentable. Françoise Effosse-Roche, elle, avait proposé : « Rythmée par la bande-son asthmatique des Wurlitzer et des orgues de barbarie passée à l’envers ». No comment.

Enfin, les titres des chapitres sont aussi une catastrophe. Après « Un Bozzo et au lit », on a droit à : « Descente dans un nid de coucous » pour « Down on Jollity Farm » (« À la ferme du bonheur » selon Effosse-Roche) : allusion facile au film de Forman avec lien pour l’asile mais qui balaye l’idée forte de « ferme » dans le sens horrifique de la littérature fantastique. Puis « Au bonheur de la petite dame » pour « Her Special Day » (« Son plus beau jour » selon Effosse-Roche) : non mais c’est quoi ces trucs de beaufs ? « Au bonheur de la petite dame » ? Mais il a fumé la moquette ou quoi ? Enfin, « Le Joker asticote les asticots » pour « Joker Maggot » (« Maggot » = « Larve », « Larve de Joker » selon Effosse-Roche) : apparemment, là aussi, Nikolavitch est passé totalement à côté de la métaphore du Joker emprisonné dans ses bandages telle une chrysalide s’apprêtant à renaître, et au lieu d’envisager Morrison, il nous sert un jeu de mots digne du Hérisson… Franchement, ça craint, y en a marre, maintenant, hein…

Je ne défends pas quelqu’un contre quelqu’un d’autre. Je n’accule pas quelqu’un pour le bien d’un autre. Je pose juste une question primordiale pour l’existence réelle de la culture et pour le respect des auteurs. Pire, je me dis que si Nikolavitch a autant foiré ce texte, alors comment ne pas douter du reste de son boulot sur « Batman » pour ces albums ? Reste le sens général et la beauté des dessins ; c’est toujours ça… Mais restons vigilants sur la qualité des traductions, et arrêtons de suivre les modes et les mouvances qui nous disent ce qui est bon ou non, par habitude débile et souvent mercantile. Pauvre Alex, je viens de lui tailler un costard pour l’hiver, et je ne vais pas me faire des amis, après avoir écrit tout ça. Mais je m’en fous, on pourra me traîner dans la boue ou me traiter d’artiste raté, au-delà de moi et de mes p’tits goûts et de mes gnis et de mes gnas, il y a la nécessité impérieuse de se battre pour le respect des Å“uvres et une réelle transmission de la culture. Ce qui vient de se passer là ne doit plus arriver. Avec tout ça, j’ai oublié de dire que les illustrations de John Van Fleet pour cet épisode hors normes sont fabuleux, d’un hyperréalisme malsain à souhait : incroyable. Vive Batman, vive Morrison, vive l’Écosse, et vive les comics !

« Grant Morrison présente Batman » T2 (« Batman R.I.P. ») par Tony Daniel, Ryan Benjamin et Grant Morrison

Peut-être un peu difficile pour ceux qui ont eu la patience de lire cette longue digression sur la traduction de lire maintenant la suite de cette critique des « Grant Morrison présente Batman », mais c’est la vie… Que mon coup de gueule ne vous empêche pas de profiter au moins du sens général de l’histoire, de profiter des très beaux dessins de Kubert et de Tony Daniel qui lui succède avec brio, et d’admirer les belles couleurs de Guy Major et Alex Sinclair. Après un premier tome axé sur la descendance et l’avenir de Batman, ce deuxième volume contient le virage à 360° pris par Morrison avec pourtant les mêmes éléments de l’intrigue. Dans un mouvement contraire, il est maintenant question de l’ascendance de Batman, et de sa mort. En deux cycles, Morrison a littéralement retourné le personnage, l’écartelant entre son passé et son futur tout en synthétisant son histoire générale. On ne peut pas dire qu’il ait ménagé sa monture ! Durant tout ce deuxième album, Morrison resserre le rythme et l’intrigue, et tout s’accélère inexorablement. Sans rien vous raconter de l’histoire, je peux tout de même vous dire qu’il y sera question du Gant Noir, de Mayhew, du père de Bruce, de l’expérience tibétaine du Thögal et du Batman de Zur-En-Arrh.

 

Morrison n’a ni lésiné sur les effets, ni triché. Il n’a pas hésité à user de sa belle noirceur pour insuffler à la série un retour d’ombre implacable. Par exemple, cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un Joker aussi terrifiant, transcendé il est vrai par les superbes dessins de Daniel et une mise en couleurs très réussie car ultra-contrastée sans être trop pop. De beaux passages de frayeur, donc, et une réussite esthétique sans faille, ciselée et nerveuse. Morrison nous entraîne dans la folie intime des personnages sans nous laisser d’autre choix que de vivre les choses de l’intérieur. En fait, la révolution est plus profonde qu’il n’y paraît – ce qui prouve une nouvelle fois la subtilité de ce scénariste pourtant sans concession – et c’est bien tout l’univers de Batman qui vacille tout en se recentrant. R.I.P., Batman ? On sait bien que cela n’est jamais totalement vrai, mais là aussi Morrison se démarque en jouant moins que les autres avec les grosses ficelles habituelles. Tout ça est un peu plus complexe, et les frontières de la compréhension sont parfois refoulées dans le délire, comme ce « mini-Batman » que Morrison ose mettre en scène alors que n’importe qui aurait reculé par peur du ridicule. Ici, ça fonctionne. Tout fonctionne. Parce que Morrison a réussi ce qu’il avait déjà fait dans « Arkham Asylum » : une totale remise en question des choses tout en les creusant plus profondément qu’aucun autre. Certes, sa contribution à la série régulière semble moins puissante que le fameux « Arkham », mais elle est nourrie par la même intention envers les personnages, où tout peut basculer à tout moment, toutes les certitudes s’effondrer pour laisser place à des vérités dérangeantes. Ce ne sont pas les mêmes œuvres, mais elles opèrent dans deux champs qui se rejoignent grâce à l’implication et à la sincérité de l’auteur. Vous trouverez aussi dans cet album quelques croquis et recherches des auteurs, ainsi que des couvertures d’Alex Ross. Le troisième tome de « Grant Morrison présente Batman » sortira en octobre 2012.

« Batman L’Encyclopédie »

Voici un ouvrage qui offre une très bonne synthèse de l’univers de Batman en 200 pages. Pour les jeunes générations, c’est aussi une excellente occasion de découvrir ce personnage emblématique sans faire l’impasse sur son passé. À la fois thématique et chronologique, cette encyclopédie propose de très nombreuses rubriques qui passent au crible tous les éléments qui – de près ou de loin – touchent au fameux super-héros créé par Bob Kane. Évidemment, le personnage de Bruce Wayne/Batman est en lui-même décortiqué, que ce soit par son histoire, son caractère, son costume, et bien sûr tout l’univers technologique qui a été déployé autour de l’homme-chauve-souris : gadgets, armes, véhicules, sans oublier la batcave. Mais il sera bien sûr aussi question des différents Robin, d’Alfred, de Batwoman, des co-équipiers occasionnels de Batman mais aussi de ses super-ennemis, le Joker en tête, avec un récapitulatif de leurs parcours respectifs. Chaque rubrique regorge de multiples informations qui éclaireront ceux qui veulent tout savoir sur tout ce qui concerne le héros.

 

La création de Batman est abordée, ainsi que l’évolution de son costume, de son attirail. Au fil de l’encyclopédie, les différents âges (Âge d’Or, d’Argent, de Bronze, Sombre et Moderne) sont synthétisés pour offrir une meilleure vision d’ensemble. Les plus grands faits marquants de sa carrière sont décrits, avec à chaque fois qu’il le faut le résumé et le décryptage d’un épisode clé. Abondamment illustré, ce livre sait aussi sortir de son rôle purement encyclopédique pour faire la part belle aux artistes ayant œuvré sur le personnage, notamment dans de belles doubles pages donnant toute leur ampleur aux illustrations retenues. Une chronologie générale des origines à nos jours est aussi présente, ce qui fait bien sûr partie des qualités synthétiques de cet ouvrage. Et pour ceux qui en voudraient encore plus, il y a encore des pages entières de citations inhérentes à Batman, et de nombreux autres aspects de son histoire qui sont proposés. Encyclopédie touffue sans être étouffante, ce « Batman L’Encyclopédie » offre un bon équilibre assumé entre texte et images, ainsi qu’un panorama exhaustif allant jusqu’au relaunch de 2011. Une bonne nouvelle, donc, pour tous les fans de Batman désirant améliorer leur connaissance du personnage et avoir une meilleure vue d’ensemble du mythe.

 

« First Wave » T2 par Rags Morales, Phil Winslade, Jason Starr et Brian Azzarello

Le second volume de « First Wave » est paru avant cet été, bouclant cette saga originale où Batman combat aux côtés de deux autres héros de l’Âge de Platine et d’Or : Doc Savage et The Spirit. Jusque-là, Doc Savage était surtout réapparu chez Marvel dans les années 70 avant de revenir de manière sporadique dans le giron de DC dans les années 80 puis 90. Quant au Spirit, sa présence dans cette série s’explique entre autres par le « renouveau » que lui a récemment apporté Darwyn Cooke chez DC. Ajoutez à cela un certain revival de l’Âge d’Or dans le monde des comics actuels, et vous comprendrez qu’il n’en fallait pas plus pour que ces deux héros dissemblables rejoignent l’un des fleurons de l’Âge d’Or de DC : the Batman. Une idée encore incongrue il y a quelques années et qui trouve sa place aujourd’hui. Il faut dire que c’est Brian Azzarello qui est aux commandes, et que le spécialiste du récit noir s’est amusé comme un petit fou (quoique…) à faire revivre ces légendes d’un temps révolu mais ne cessant de susciter un certain intérêt, comme je le disais dans mon récent article sur « Turf ».

 

J’avoue platement que j’ai moins aimé ce second tome que le premier, trouvant qu’Azzarello se perd un peu, justement, et s’est retrouvé malgré lui dans une spirale quelque peu ingérable. Il mène son récit de manière frontale, mais il a mis tellement d’éléments en jeu qu’il ne réussit finalement pas à tout creuser comme il le faudrait – ou du moins comme certains fans l’espèreraient. Le Spirit y est moins exploité (et c’est dommage, Azzarello ayant réussi une réappropriation plutôt sympa du personnage jusque-là), la part belle étant faite ici à Doc Savage. Que les fans de Batman se rassurent, celui-ci est toujours présent, mais peut-être pas autant qu’on l’aurait souhaité. En même temps, il était normal que l’homme de l’ombre s’efface un peu pour remettre en valeur le Spirit et Doc Savage qui ont bien besoin d’une sérieuse remise en lumière. La fin de cette mini-série est donc un peu foutraque, mais on s’amuse bien, sans que ce soit non plus inoubliable, le feu d’artifices usant peut-être trop d’artifices… Pour les fans, sachez qu’en octobre paraîtront les tomes 1 de « First Wave présente The Spirit » et « First Wave présente Doc Savage », des spin-off dont la parution se poursuivra en 2013, proposant trois tomes pour chacune des séries. Les visuels dévoilés font envie, c’est tout ce que je peux vous dire…

« The Dark Knight Rises » par Christopher Nolan

Ce film m’oblige à pousser mon second coup de gueule de cette chronique, même s’il sera moins virulent que le précédent, car « The Dark Knight Rises » est loin d’être un mauvais film, et j’ai plutôt passé un bon moment, Nolan arrivant même à assener près de 3 heures de spectacle sans qu’on voie le temps passer – ce qui n’est pas rien. Mais j’ai tellement entendu et lu de critiques à gauche à droite disant que c’était un film très sombre, intense, excessif, bref, une fin de trilogie qu’on n’oubliera pas de sitôt, que je me pose maintenant bien des questions… Certes, on ne rigole pas à tous les coins de plans, certes on ne s’ennuie pas, certes ce n’est pas un mauvais film, mais de là à y voir un joyau de noirceur qui nous donnerait une indigestion par son intensité, il y a un pas que je ne franchirai certainement pas ! Comment les médias de notre société si violente peut-elle voir en cet opus une finalité de l’intensité noire alors qu’elle reste malgré tout bien superficielle et ne va pas creuser très loin, trimballant même son lot de clichés et de ficelles périmées qu’on n’a plus envie de voir ? Si l’on parle de noirceur, je trouve que rien que par la présence du génial et regretté Heath Ledger dans le rôle du Joker dans le précédent opus de Nolan (« The Dark Knight » de 2008) était bien plus noir. Et au-delà du film de super-héros – mais pour rester dans la science-fiction – si vous voulez vraiment voir un film avec Michael Caine qui regarde la noirceur en face et qui jette un regard sans concession sur les dangers de notre époque, alors je vous conseille de visionner le très bon « Children of Men » d’Alfonso Cuarón (2006). Par rapport à ce film, « The Dark Knight Rises » ressemble à une grande boîte de Lego où nos peurs sont très cadrées, voire normées. On ne tremble à aucun moment. Et les vraies réussites du film ne font pas oublier ses faiblesses parfois pénibles. Comme je l’avais dit pour son précédent « Batman », Nolan nous sert finalement une mise en scène assez puérile.

 

Malgré un vrai sens du spectacle et une capacité à entretenir constamment l’intérêt du spectateur, Nolan n’évite pas les maladresses et même les séquences bêtifiantes. Ainsi, alors qu’il n’a que très peu de temps pour envoyer paître une bombe nucléaire très loin de Gotham afin d’éviter une catastrophe sans précédent, Batman prend tout de même le temps de parler à Gordon pour lui livrer à moitié son secret, et se paye le luxe d’une dernière drague avec Catwoman..! Si tout ceci était aussi « noir » qu’on nous le vend, Batman n’aurait pas flingué un quart du temps qu’il avait pour sauver l’humanité en déversant son lot de clichés pour que le spectateur ait son pesant de grands sentiments et d’image du héros-chevalier. Finalement, malgré notre nouvelle ère d’effets spéciaux, le film de super-héros nouvelle génération en est encore à ses balbutiements, loin d’être devenu adulte, et nous sert les mêmes clichés cinématographiques que dans les années 40… Malgré l’âge adulte des comics et les effets spéciaux modernes, l’émancipation ne s’est donc toujours pas faite, ce qui donne encore des spectacles où fascination et ridicule se chevauchent. On n’échappe pas notamment à tous ces moments de naïveté patriote ou existentielle – voire amoureuse – qui décrédibilisent toute la charge du film, sans parler de l’étude psychologique des personnages au ras des pâquerettes. C’est dommage, mais bon… Et puis depuis le début de la trilogie, je ne suis vraiment pas convaincu par le choix de Christian Bale dans le rôle de Bruce Wayne… Quant à la présence de « notre » Marion Cotillard dans le film, que dire d’autre qu’elle est fade, qu’elle joue son agonie de manière ridicule et que de toute façon on en a marre des Cotillard, Tautou, Cornillac, Dujardin et compagnie ?

 

Pourtant, comme je l’ai dit au départ et malgré ces grosses réserves, je n’ai pas trouvé le film imbuvable, et ait même passé un bon moment, notamment grâce à Michael Caine qui – bien qu’il cabote un tout petit peu sur l’émotion facile – reste Michael Caine, incarnant un Alfred très vraisemblable. Il y a aussi Gary Oldman qui est toujours aussi impeccable dans le rôle du commissaire Gordon, aussi parfait dans ce rôle que ne le fut Ledger dans celui du Joker : c’est lui ! Une mention spéciale aussi à Anne Hathaway qui campe une Selina Kyle/Catwoman très sobre et pourtant très proche du personnage ; elle fait ici preuve de quelques nuances dans son jeu pour exprimer la complexité de son personnage, et nous fait même oublier ses deux petites oreilles de chat factices portées en serre-tête – mais qui après tout sont très mignonnes et apportent un petit clin d’œil décalé ! Enfin, Tom Hardy fait un Bane plus qu’acceptable. Et pour vous prouver que même si je suis un sale intello imperméable à l’amour des bagnoles et autres motos je suis capable de m’amuser en jouissant de certains plaisirs de l’entertainment, je trouve que la moto à gros pneus de Batman est carrément trop trop cool ! Les moments où Batman ou Catwoman la chevauchent sont à chaque fois l’occasion de trépigner de plaisir face aux mouvements de cette incroyable machine que Nolan met très bien scène. Allez, j’ai été un peu dur, mais c’est pas si mal que ça… si on n’en demande pas trop.

Cecil McKINLEY

« Grant Morrison présente Batman » T1 (« L’Héritage maudit ») par Andy Kubert, J. H. Williams III et Grant Morrison Éditions Urban Comics (22,50€) – ISBN : 978-2-3657-7040-8

« Grant Morrison présente Batman » T2 (« Batman R.I.P. ») par Tony Daniel, Ryan Benjamin et Grant Morrison Éditions Urban Comics (22,50€) – ISBN : 978-2-3657-7056-9

« Batman L’Encyclopédie » Éditions Huginn & Muninn (27,00€) – ISBN : 978-2-3648-0031-1

« First Wave » T2 par Rags Morales, Phil Winslade, Jason Starr et Brian Azzarello Éditions Ankama (15,90€) – ISBN : 978-2-35910-329-8

« The Dark Knight Rises » par Christopher Nolan (Warner Bros.)

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22 réponses à Spécial « Batman »

  1. Julien dit :

    Chapeau le mouillage de maillot pour « The Dark Knight Rises » ! Ha vous n’avez pas apprécier le film, mais vous l’appréciez quand même… faudrait savoir au bout du compte ?! Arrêtez donc de jongler.
    Bale a encore mieux tenu son rôle par rappor aux deux précédents volet. Nolan l’a simplement fait sortir de l’ombre du manoir et de la Bat-cave , mais ses vieux os rouillés ne font pas mine et le font retomber encore aussi bas que les égouts de Gotham où Bane le (biiiiiiip – on ne sait jamais pour ceux qui n’ont pas vu le film ) et l’envoie dans une prison avec un trou pour rejoindre la lumière.. Le Bruce Wayne ressemble à celui du Dark Knight Returns : cheveux blancs (pas trop,; les temps suffiront pour le flm ) , et pas mal de rides , on remplace le coeur mal en point par un genou « Iron-manisé » ! Et on n’énerve pas un oscarisé !

    Marin Cotillard tient très bien son rôle. Freeman et Caine impeccables, un bonus pour Caine. Anne Hattaway n’a pas eu besoin de miauler comme Pfeiffer et Halle Berry, ni d’avoir la queue d’un chat ou un fouet. Et elle n’a pas de serre-tête, juste des lunettes avec une certaine vision ( mais laquelle ? Nolan ne le montre pas ) , quand elle les redresse , ça fait oreilles de chat ! et bravo à la performance physique de Matt Hardy dans le rôle de Bane. Et idem à Joseph Gordon Lewitt qui après avoir incarné le « Cobra » dans GIJOE , pris en main par Nolan dans Inception, garde le même impact dans le rôle de Blake.
    Après on peut chipoter sur les origines de Bane ..; voilàààààààà sans plus.
    Tout fonctionne sur les 2h20 -30 de film ! Jusqu’à la Fin ! Et allez savoir si Alfred n’a pas eu un mirage en voyant son ancien maître et Séléna.. ! Histoire de se rendre heureux.

    Ce film est aussi complet que les AVENGERS. Bat-man est déjà prévu au « remake » du « reboot » pour le futur projet des tiroirs de la DC : : J. L . A !

    • Cecil McKinley dit :

      Bonjour Julien,
      Merci de votre commentaire: je sens derrière celui-ci le p’tit énervement du fan qui a adoré le film, et je n’ai rien à dire contre ça, je comprends parfaitement. Mais si vous avez lu toute ma chronique, vous avez dû voir que je ne suis pas du genre à ne pas mouiller le maillot; pour le film, je ne jongle pas, il y a juste que j’ai trouvé le film inégal, d’où une critique contrastée. Que vous ne soyez pas d’accord et que vous ayez adoré le film, c’est cool, après c’est une question de goût, mais je suis sûr que vous-même il y a des films dans lesquels vous avez adoré des choses mais aussi regretté d’autres… Ici c’est le cas pour moi, et je suis loin de certains critiques qui ont vraiment descendu le film. On est d’accord sur Caine, Freeman ou Hathaway qui – bien vu de votre part – n’a pas besoin de miauler (Halle Berry ayant été la pire dans ce rôle: aussi ridicule que le film en lui-même). Je ne dis pas que Bale ne joue pas bien, je trouve qu’il a plus le physique pour jouer Peter Parker que Bruce Wayne. Quant au « serre-tête » de Catwoman, oups, oui, je crois que ma myopie m’a empêché de bien comprendre le truc des lunettes, à moins que ce soit mes yeux qui aient été trop obsédés par son corps moulé de latex pour tout regarder en détails… Hum. Donc, oui, je trouve que c’est un film assez chouette, mais qui est loin d’aller dans la noirceur annoncée et qui n’évite pas certains clichés (les scènes de prison et d’évasion sont vraiment cuculs, quand même). Finalement, c’est un film qui s’adresse essentiellement aux ados, mais on peut aimer Batman et en attendre quelque chose même quand on est un vieux nul comme moi, non?
      Bien à vous,
      Cecil McKinley

  2. Renaud dit :

    Hé bien vous envoyez du bois ! Surement à juste titre d’ailleurs.
    Pour en revenir au film, je le trouve plus qu’excellent, dans le sens où je ne trouve pas le film noir du tout, mais plutôt un hommage au bon vieux western ou au film de guerre. Bref, un autre aspect du Dark Knight qui m’a beaucoup plu et finalement revoir un copier coller du Darknight m’aurait gonflé.
    Bravo à Tom HARDY pour une superbe performance masquée et surtout bien burnée.
    Maintenant NOLAN a réussi sa trilogie qui va rester un maître étalon du genre….
    Peut être NOLAN qui a quand même livré un extraordinaire « Inception » entre ses deux Darknight n’aura pas eu le temps de peaufiner quelques détails dont celui regrettable de la gestion du temps. Difficile de croire au blocus d’une mégalopole américaine durant 5 mois sans que l’armée américaine tente un petit quelque chose…. 2008 Darknight 2010 Inception 2012 Dark night rises.
    Pas vu mieux en matière de blockbuster, mis à part Watchmen…

    • Cecil McKinley dit :

      Bonjour Renaud.
      Oui, j’envoie du bois, comme vous dites, car avec quelques amis castors nous avons une haute idée et une soif légitime de culture, au-delà des apparences et des réputations. Vous devez le savoir si vous êtes un fidèle de ma chronique, je suis plutôt un gentil garçon et on ne peut me taxer de polémiste, puisque j’ai dû me me fâcher une petite poignée de fois en plus de 300 articles et que je préfère consacrer mon espace d’écriture à de belles choses plutôt que de batailler bêtement.
      Mais là trop c’est trop.
      Pour en revenir à vos commentaires sur le film, oui, je comprends totalement qu’on l’aime et qu’on ait envie de le défendre, lui et la trilogie Nolan. Mais finalement, même si je ne suis pas « totalement conquis » par le film, on ne peut pas dire non plus que je le descende vraiment en flammes! Votre remarque sur le côté plus « western » que « noir » de cet opus est intéressante et non dénuée de vérité, je me rallie à cette réflexion.
      Bon été plein de comics,
      Bien à vous,
      Cecil McKinley

  3. darklinux dit :

    Bon, je dis pas mal, j’applaudie des deux mains car non seulement c’est argumenté, jamais gratuit, mais vous donnez des boutons à un certain lectorat qui se croit encore « geek » et qui n’aura jamais la demi cojones de vous le dire en face.
    Bravo Monsieur

    • Cecil McKinley dit :

      Bonjour Darklinux,
      Merci de votre commentaire très sympathique. Ça me fait plaisir de constater qu’on ne se méprend pas sur mes intentions. Je ne sais pas si le silence assourdissant qui entoure mon coup de gueule est dû à un manque de cojones, mais cela me va très bien comme ça: la dernière chose que je voudrais serait que cet espace devienne le terrain de jeu débile des cadors des forums (aaargh!) plutôt que de rester ce lieu d’amour de l’art et de la culture que j’essaye de maintenir depuis des années. Cela me conforte aussi dans l’idée que mes lecteurs sont décidément bien plus dignes et réellement passionnés que cette cohorte!
      Quoi qu’il en soit, merci encore…
      Bien à vous,
      Cecil McKinley

      • darklinux dit :

        En parlant de « cadors » cela discute ferme sur un trop célèbre forum d’ex geek, ils refusent de vous reconnaitre une quelconque légitimité au minimum critique et je cite un des participants il vous traite de <> ; avec la condescendance digne d’un ex ministre UMPiste, que voulez-vous, certains lieux de discussions online sont pire que le PCF des années 1950. Encore une fois votre texte essaye de faire bouger les lignes et cela déplait.

        • Cecil McKinley dit :

          Hello Darklinux.
          Ah oui, ça réagit tout de même? Bon… Si ça déclenche des réactions et des débats constructifs, tant mieux! Et puis si l’on m’y traite de jenesaisquoi, ce n’est pas bien grave, surtout si cela vient d’une personne qui fait penser à un ex-ministre UMP (là, ça devient même un compliment!). Je me doutais bien qu’en écrivant tout ceci il y aurait ce genre de réactions et que je puisse me prendre des retours de bâton, même violents. Vous avez bien compris l’intention de mon article: faire bouger des lignes qui semblent être toutes tracées, parfois en dépit du bon sens. Je me rends bien compte que ma critique est véhémente, et que mon flot énervé peut faire oublier aussi que ce n’est pas une charge aveugle contre Nikolavitch (je dis même qu’il a fait et peut refaire de bonnes trads, même s’il m’a sérieusement énervé), mais surtout une charge contre CETTE traduction de Nikolavitch, précisément. Après, on pourra me traiter de prétentieux ou d’incapable, ce n’est pas ça qui est important. Ce qui est important, ce sont les exemples précis que je donne, et qui – me semble-t-il – parlent d’eux-mêmes. On peut m’attaquer, me contredire, me détester à cause de mon article, peu importe: la seule chose qui importe, c’est le texte de Morrison. Qu’on ne se méprenne pas: si Nikolavitch avait respecté les ormes, Wurlitzer, la musique passée à l’envers (je ne donne que ces trois exemples mais la trad fourmille de ça), j’en aurais été le premier ravi et j’aurais applaudi. Mais là, franchement, il a abusé…
          Encore merci de vos commentaires amicaux.
          Bien à vous,

          Cecil McKinley

  4. darklinux dit :

    Troisième nouvelle du front de ce trop célèbre « forum », les modos veulent envoyer leurs obligés (j’utiliserais bien un autre mot, mais j’ai un certain sens de la moralité) essayer d’argumenter que faire ce peux, mais les « pauvres » d’esprits ont semble-t-il oublié leur rhétorique (en ont-ils eu une ?).
    Au fait, comme cela est bizarre ils trouvent que vous fermez tous sens de la discussion (dixit). Bref, agité, agité… ça remue les idées reçues.

    • Cecil McKinley dit :

      Hello.
      Je n’ai jamais fermé aucune discussion: la preuve, c’est que je réponds à tous les messages qui me sont adressés. Mais chaque chose en son temps: écrire un article, ce n’est pas papoter ni fermer le dialogue; après, parler de l’article, y a pas de problème!
      Ce qui est drôle, c’est qu’avec seul un gros coup de gueule en plus de 300 articles où j’ai toujours parlé en toute passion, je vais passer pour un gros polémiste frustré… Comme si la véhémence n’était que l’apanage de certains…
      Enfin bon! Ils peuvent s’exciter, moi je m’en fous… Je ne vais pas dire que j’ai été émerveillé par cette trad alors qu’elle m’a donné des boutons…
      Bien à vous,
      Cecil McKinley

  5. Axel dit :

    La critique c’est bien. L’incitation à la haine, le coté agressif et racoleur beaucoup moins. Comme j’ai pu l’écrire sur un forum « geek et trop cool »:

    « Ces exemples sont parlant par contre la volonté de se payer le traducteur/adaptateur est flagrante. Mais je peux comprendre sa déception face à se travail qui l’a déçu par contre sa critique face à une certaine communauté geek est risible. (Obtenir le soutient de Darlinux là par contre, on ne peut lutter).  » Des propos aussi extrêmes ne peuvent pas avoir un écho positif d’un coté ou d’un autre.

    Quelle est cette communauté geek ? Cette ambiance de théorie du complot est charmante sur le papier mais méfiez vous moi j’ai connu des modos « geek » qui n’hésitez pas à écraser des chiens pour se faire respecter. Darklinux nous te surveillont.

    Un membre actif du PCF.

    • Cecil McKinley dit :

      Bonjour Axel,
      Merci de votre commentaire. Contrairement à ce qui semble commencer à se dire, je ne refuse aucun échange ni discussion. Mais pour l’instant, les échos que j’ai des réactions çà et là à cet article (outre une réaction contre ma véhémence que je peux comprendre) semblent ne prendre que ce qui les arrange, déformant mes propos. Ainsi, je n’ai foncièrement rien contre les geeks, et je ne dis pas dans mon article « tous les geeks sont des cons, exterminons-les », je dis que SOUVENT (pourquoi lisez-vous TOUJOURS?), les forums sont pollués par certains pénibles: c’est bien pour ça qu’après quelques visites j’ai fini par arrêter d’y aller, las des lol & co et des batailles pour savoir qui aura raison, etc. Pour tout vous dire, il y a certains geeks que je trouve fort sympathiques, mignons comme tout en cosplay, par exemple.

      Quant à l’incitation à la haine, le côté agressif et racoleur, je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Oui cette traduction m’a mis en colère: pas déçu, en colère. Ne confondez pas haine et colère, cela n’a rien à voir. Je n’ai pas traité Nikolavitch de con en disant qu’il fallait l’abattre, j’ai dit qu’il faut arrêter de l’encenser pour tout et n’importe quoi, et que là, franchement, qu’est-ce qu’il a foutu??? Ça fait des années que je ne suis pas fan de ses trads, mais je ne me suis jamais mis en colère bêtement pour le plaisir de descendre, ici, si je me suis mis en colère, ce n’est ni pour racoler ni pour appeler au meurtre, c’est pour mettre le doigt sur un problème qui pose la question de ce qu’on lit. Et quand je vois autant de différences entre ce texte original si incroyable et cette trad’, oui ça me fout en rogne.
      Et s’il faut faire mon autocritique (au-delà du fait que moi aussi je puisse foirer totalement un article – je ne parle pas de celui-là), je pourrais dire que oui, ok, le coup de « Questions pour un champion », c’est pas très glorieux, mais qu’il m’a tellement foutu en rogne que c’est parti tout seul. Pardon pour ça. Mais pour le reste… Ça ne vous parle pas, vous, ne serait-ce que le « Clickety-clack-tack » changé en « plic ploc »? Pourquoi avoir remplacé une si belle onomatopée en un truc aussi plan-plan?

      Comme vous, je ne crois à aucune théorie du complot de quoi que ce soit. Et contrairement à ce que vous croyez (oui, je sais, c’est peut-être pas évident pour certains, mais c’est vrai), je n’ai pas voulu me « payer Nikolavitch », je n’ai rien contre Nikolavitch, je ne suis pas fan de ses trads, mais ça c’est mon problème, à partir du moment où il fait bien son boulot, je n’ai rien à dire, on s’en fout de mes petits goûts perso, ça n’intéresse personne. Peut-on comprendre que – par amour des comics – je ne souhaite qu’une chose: que Nikolavitch nous propose les meilleures trads possibles pour notre plaisir à tous, mais qu’en même temps je puisse avoir été aussi horrifié par cette trad que j’en ai poussé un cri? Car là il a vraiment chié dans la colle et que ça fait chier, on attendait de lui un truc classe – que je suis sûr qu’il est capable de faire – et pas une réinvention incompréhensible du texte.

      Alors si ma véhémence a blessé des gens et Nikolavitch en premier, j’en suis désolé et leur assure que je ne partirai en guerre contre rien ni personne suite à cet article et ses retombées. Qu’on ne se trompe pas sur moi et mon combat. Mon combat c’est de défendre les textes et les Å“uvres, pas de me sentir exister parce que je « me fais un traducteur ». Je ne me fais rien du tout, mais tout autant que j’accepterais et comprendrais qu’un lecteur pourra me pourrir, moi, McMachin, parce que je n’ai pas compris un comic (et ce sera bien qu’il le fasse si ça arrive et si ses arguments sont bons), autant on doit pouvoir lire mon article comme le droit à un vrai coup de gueule appelant à une vigilance sur le niveau culturel de ce qu’on nous donne à lire, et non un appel à la haine. Car contrairement aux si gentils modos geeks dont vous parlez qui « n’hésitent pas à écraser des chiens pour se faire respecter » (effectivement, je vois ça, vous avez raison, les geeks sont cools! et merci au passage pour le chien!), je ne veux ni écraser Nikolavitch ni ne le traite de chien. Je ne connais pas Darklinux, mais le fait que vous le « surveilliez » comme vous dites en fin de mail, comme un avertissement, me fait penser que mon coup de gueule qui engendre tant d’émois et d’indignation n’est finalement pas grand-chose par rapport à ce genre d’ambiance… délétère! Et c’est vous qui me parlez d’être cool? Vous surveillez, mais vous surveillez qui, et vous faites quoi? Vous êtes qui? Le commissaire des comics VF? Qu’est-ce que c’est que ces manières du bloc de l’Est? Au début, même si j’ai des choses à redire sur votre réaction, j’avais plutôt un a priori positif sur votre message, car il a le mérite de faire débattre et je comprends qu’on me contredise ou qu’on me fasse remarquer mes dafauts. Mais arrivé au bout de ma réponse, j’ai quelques doutes sur ce que vous entendez par « geek » et « cool ». Moi je ne suis peut-être pas cool, mais je ne « surveille personne » (j’hallucine!).

      Si vous ou d’autres trouvez ma colère inacceptable et me traitez de tous les noms ici ou ailleurs, peu importe: comme je l’ai dit, ce n’est pas moi qui suis important, c’est le texte de Morrison. Alors surveillez-moi moi aussi, écrasez-moi comme le chien que je suis (wouaf wouaf!), mais réfléchissez aussi un peu. Je suis près à dire que la colère n’était peut-être pas le meilleur moyen d’exprimer ma… colère, je comprends que ça fasse réagir, mais revenez – et revenez seulement – aux exemples concrets que je donne. Et demandez-vous si y a pas de quoi se foutre en rogne. Lisez le fond et non la forme, et comprenez la forme.

      Allez, je ne vous surveille pas, profitez-en, vous pouvez aller me pourrir où bon vous semble!
      Sans rancune,
      Bien à vous,
      Cecil McKinley, membre du PCF (Parti des Chiens Fracassables)

  6. Axel dit :

    Moi aussi je vais citer des exemples:

    « et la vox populi décrète telle traductrice irrecevable et tel traducteur « trop cool ». Je sais que Nikolavitch fait partie de ces traducteurs qui font généralement « l’unanimité » dans ce genre d’endroits. »

    Qui est cette population ou cette communauté contre qui vous vous mettez en opposition ?

     » Ce « monstre » littéraire, Nikolavitch »
     » C’est une trahison prétentieuse. De la merde. »
    « je me dis que si Nikolavitch a autant foiré ce texte, »

    Qui êtes vous pour insulter le travail de ce traducteur (dont je ne connais pas le travail). De l’insule et des propos agressif ce n’est pas ce que j’appelle de la véhémence. Que vous interprétiez le travail de Morrison d’une façon differente c’est votre droit et de mettre en exergue les points que vous trouvez raté dans le travail de Kinolavitch pourquoi pas mais cette volonté de lui chier à la gueule ne fait que desservir votre critique et VOTRE interpretation du texte.

    « Si vous ou d’autres trouvez ma colère inacceptable et me traitez de tous les noms ici ou ailleurs »

    Pour l’instant il n’y qu’une personne qui est condescendante et insultante. Et c’est dommage car on sent le potentiel de la critique.

    « Vous surveillez, mais vous surveillez qui, et vous faites quoi? Qu’est-ce que c’est que ces manières du bloc de l’Est? »

    Je ne fais que réagir aux posts (PCF,complots…) de Darklinux (avec une tentative d’humour) qui est bien connu d’un certain forum ou ils aiment venir dénigrer encore et encore sa population tout en continuant à nous faire part de critique assez étrange sur le fond comme sur la forme. (Le chien écrasé c’est tiré d’une histoire vrai mais c’était une vanne aussi).

    Relax on est sur la toile à parler d’un media qui nous interesse tous.

    Peace.

    • Cecil McKinley dit :

      Re, Axel.
      Je préfère largement ce message-ci de vous.

      Je ne comprends pas votre truc d’une communauté que je viserais. Je n’ai rien contre aucune communauté, car dans chaque « corporation » ou « groupe » il y a toujours des gens géniaux et des gros nazes. Il y a des geeks super sympas et passionnés et d’autres psychorigides incapables de parler d’autre chose que de leur collection de comics pas écornés. Il y a des chroniqueurs BD horribles et d’autres qui valent le coup (je vous tends la perche). Cette « vox populi », c’est justement ce qu’on a l’habitude d’entendre et de lire un peu partout, c’est tout. Il est de « notoriété publique » que Nikolavitch est un bon traducteur sur lequel il n’a rien à dire. Je dis que – comme pour moi – ce n’est pas vrai. Si un mec se fâche parce que je foire un article, je pourrais le comprendre. Et si je le mérite, eh ben tant pis pour moi, ça me fera réfléchir pour faire mieux la prochaine fois.

      Vous voyez comme ça va vite: je n’ai jamais traité Nikolavitch de monstre: ce « monstre littéraire » dont je parle, c’est le texte en lui-même, c’est un terme positif qui veut dire que Morrison a engendré là une créature textuelle fantastique.
      « C’est une trahison prétentieuse. De la merde. » Bah oui. Je réitère. Qui je suis pour dire ça? Moi. Je ne suis peut-être pas le meilleur chroniqueur du monde, mais ça fait 30 ans que je lis des comics, j’ai écrit des centaines d’articles sur ce sujet, et ai interviewé de nombreux auteurs pour mieux comprendre leur travail (Gaiman, McKean, McCloud, Talbot, Cho, O’Neil…), et surtout je sais lire! Je veux que vous m’expliquiez pourquoi « Clickety-clack-tack » est devenu « Plic Ploc » avec Nikolavitch. Je veux bien qu’on me rembarre, mais personne ne me répond rien sur l’essentiel. Oui, on a compris, je suis un vilain qui mord, c’est pas bien, pour qui je me prends, ok, ok, ok. Mais quelqu’un va-t-il enfin donner un putain d’avis sur ce genre de chose concrète que je n’ai pas inventée? Trouvez-vous que ce soit une insulte que de dire que là, oui, je ne vois pas où est la bonne traduction dans « Plic Ploc »: toute la musique de Morrison a été effacée, et pour quoi? Même si vous dites ne pas connaître son travail (ça c’est con, vous auriez plus d’assise si c’était le cas), vous ne trouvez pas que là, oui, c’est foiré? Que « Plic Ploc » c’est du caca, par rapport au fabuleux « Clickety-clack-tack »?

      Je veux bien qu’on me dise que j’y ai été fort, mais « insulte » n’est-il pas un mot aussi violent que ce que j’ai écrit et qui fait frémir? Il n’y a aucune insulte dans le sens premier du terme, dans cet article. Et je n’ai pas envie de le traiter de con parce que je ne le pense pas. Il n’est pas question de mon interprétation à défendre contre celle de Nikolavitch, je n’interprète rien, je me donne même la peine de mentionner le texte en VO pour que nous puissions tous comparer le désastre de visu. Encore une fois, on peut ne pas être d’accord avec certains passages de mon article où certains verraient effectivement des choses que je n’ai pas vues ou que je ne comprends pas comme il le faudrait. Mais moi je parle des citations en VO. On s’en fout de mes petites interprétations. Si ça donne du plaisir de lecture à certains, tant mieux, mais pour moi l’important est bien plus ces exemples qui parlent d’eux-mêmes, non?

      Enfin, si j’ai parlé de colères et de gens qui me traitent ailleurs, c’est par rapport aux retours que j’ai. Et voyez comme je sais dire que je me trompe: ne connaissant pas toute la faune des forums ni Darklinux ni cette histoire de chien, je n’ai pas vu une seconde que c’était plus de la blague qu’autre chose, ces histoires de toutou et de surveillance, et l’ai pris au premier degré (même si je vous ai répondu un peu par l’humour avec mon PCF).

      Bon, bah voilà, comme vous dites y a pas non plus à partir en vrille exponentielle, et pour vous prouver que je ne vous en veux pas et que je ne ferme pas du tout le dialogue, je vous adresse un amical wouaf wouaf!

      Bien à vous,

      Cecil McKinley

  7. Salut Cecil,

    Nikolavitch, j’aime bien son travail. Pourquoi ? Parce qu’il fait de l’adaptation, pas de la traduction. Je préfère une VF qui prend des libertés et qui donne un résultat percutant à une VF servile qui colle à la VO et qui est chiante comme la mort.

    De toute façon, je n’ai lu ni la trad de Niko ni celle de Françoise. Pour être honnête, j’ai trouvé cet épisode chiant comme la mort et je l’ai lu en diagonale quand je me suis tapé la VO.

    Amitiés.

    • Cecil McKinley dit :

      Hello Edmond.

      Eh bien voilà, c’est bien d’avoir des avis divergents, certains qui m’appuient, d’autres non, et d’autres encore, comme toi qui dis que de toute façon ce texte t’a fait chier. Je trouve ça bien, preuve que même si j’adore ce texte je puisse comprendre que d’autres ne l’aiment pas.
      Après, oui, finalement tu apportes une bonne synthèse en parlant du nÅ“ud du « problème »: le fameux débat entre « adaptation » et « traduction ». J’avoue que mon goût va à l’inverse du tien (et ça c’est pas un problème), car j’aime la traduction fidèle et ai beaucoup de mal avec les adaptations. Je trouve qu’il faut être sacrément costaud et écrire soi-même pour se permettre d’adapter.

      Amitiés itou,

      Cecil McKinley

  8. Cecil McKinley dit :

    Après ces quelques échanges et après avoir reçu quelques captures d’écran d’extraits de forums sur ma boîte mail, j’ai fini par aller voir ce fameux forum où on m’appelle « le type » (je dois être con, mais je trouve ça rigolo). Certains (une minorité) disent quand même qu’au vu des exemples précis que je donne, ma colère est compréhensible sur certains points, d’autres (beaucoup) sont littéralement outrés par ma violence insupportable (ce qui me fait dire qu’à l’heure où l’on ingurgite nos repas sans que l’appétit soit vraiment coupé par les horreurs syriennes à la télé, on a totalement perdu l’habitude des batailles littéraires apportant pourtant de la vigueur pour la bonne santé de la culture, au point de s’insurger à la première colère contre les chouchous). Encore une fois, je comprends qu’on soit en désaccord avec le ton colérique de mon article. Mais on ne parle pratiquement que de ça, et jamais de « Clickety-clack-tack » et de « Plic Ploc ». Moi je ne parle que de ça.

    Mais, plus préoccupant pour moi (et je crois que décidément c’est pour ça que je n’aime pas les forums, même si, oui, Axel, il s’y trouve aussi des gens formidables), je m’aperçois que beaucoup réagissent avec un bel aplomb alors qu’ils ne font que déformer ce que je dis. On évacue ma colère, je parle du reste. Je veux bien qu’on critique ma colère, mais j’aimerais bien qu’on me lise et pas qu’on m’interprète. Concrètement:

    - On me dit que je ne suis pas crédible parce que je connais la traductrice de la trad’ que je défends contre celle de Nikolavitch. Alors que si je l’ai précisé, c’est bien pour ne rien cacher et qu’on ne vienne pas me dire après que je ne suis pas honnête, défendant les copines sans le dire. Sachez que même si je la connais, soyez sûrs que si elle avait traduit « Plic Ploc » et Nikolavitch « Cliquetis-clac-tac », j’aurais dit qu’Effosse-Roche a assassiné Morrison et que Nikolavitch a fait du super boulot. Je déteste moi-même qu’on m’encense parce que je suis un ami et non sur mon boulot.

    - On dit que je ne suis pas pertinent parce que Nikolavitch n’est pas quelqu’un de prétentieux. Je l’ai croisé à Angoulême, et oui, je pense comme eux, il a l’air gentil et érudit. Je n’ai jamais dit qu’il était prétentieux, j’ai dit que sa traduction était prétentieuse, adaptant – et non traduisant – Morrison ainsi, changeant ses mots par les siens, et quels mots… Ça sent le contentement de la bonne trouvaille alors que c’est complètement à côté de la plaque. Moi je veux bien, comme Tourriol, qu’on préfère l’adaptation à la traduction; mais alors à ce moment-là il faut que l’éditeur écrive dans les crédits de l’album « adaptation », et pas « traduction ».

    - Je suis risible et pas crédible parce que je ne condamne qu’un petit bout de phrase, ce qui ne rend pas compte de l’ensemble (faudrait un peu que j’ouvre les yeux au lieu de critiquer par le petit bout de la lorgnette). Mon article était déjà assez long comme ça sans que je commence une liste exhaustive, interminable et assommante pour les lecteurs. Il me semble que la petite dizaine d’exemples que je donne peut pousser à se demander: si c’est comme ça pour ça, alors quid du reste? Et je dis bien que tout le reste – au moins le Clown – est comme ça. Moi, personnellement, ça me fait me poser des questions sur tout le reste de l’album: s’il a pu faire ça là-dessus, pourquoi pas ailleurs?

    - Certains me critiquent sur mon analyse de la traduction avant de dire en fin de message qu’ils n’ont pas lu la VO (!!! super crédibilité, les gars!). Et on me dit que je découvre que la traduction c’est une adaptation. Bah oui. Mais non. Il y a traduction et adaptation, c’est bon, je ne suis pas débile, je dis juste que cette adaptation est catastrophique.

    - Je n’ai aucune objectivité car je trouve tout génial chez Morrison. Je fais un copié-collé de ce passage de mon article: « Très objectivement, s’il n’y a pas à systématiser le génie d’un auteur aussi reconnu que Grant Morrison (j’avais moins aimé son « JLA » malgré de très bonnes idées), on doit avouer que son travail sur « Batman » a été important pour l’histoire contemporaine du personnage ». Ils ne savent pas lire, ou quoi?

    - Il paraît qu’il faut pas déconner parce que je compare Morrison à James Joyce. Mais je n’ai jamais dit ça!!! Ce serait très con! Je dis juste que – comme dans certains textes de Joyce, « Finnegans Wake » pour ne pas le citer – le texte est ici articulé autant par le sens que par sa musique, une intention littéraire qu’on retrouve chez certains auteurs anglophones attachés à une certaine « mystique païenne ancestrale » transcendée par un redoutable souffle moderne.

    - On me dit que je n’ai pas du tout capté le côté parodique du texte. Bien sûr que si. C’est une farce sombre. Mais qui dit farce ne veut pas dire Patrick Sébastien. Ici, Morrison distille une farce d’angoisse. Et c’est ça qui est cool, justement.

    - (Celle-là, je l’adore): Je raconte n’importe quoi parce que je présente Morrison dans la continuité de Miller. J’ai écrit: « Morrison a réellement apporté quelque chose de fort à « Batman », continuant de loin ce qu’avait amorcé Miller en termes de noirceur. » Mais ils ne savent pas lire, ou quoi? « Continuer DE LOIN » en termes de « NOIRCEUR »: ça veut dire que Morrison est dans la droite lignée de Miller, ça? Non. Ça veut dire que Morrison a apporté une noirceur qu’on n’avait plus vraiment trouvée depuis Miller. Après, on peut être en désaccord avec ça. Mais pas me faire dire ce que je n’ai pas dit. Évidemment que Miller et Morrison n’ont rien à voir!!! Je dis que Morrison est un auteur noir! Capito?

    - Enfin, Nikolavitch lui-même qui – au début – a plutôt bien réagi, faisant preuve d’humilité et amorçant quelques mea culpa (bravo), a fini par craquer (mais je ne lui en veux pas, c’est de bonne guerre) en m’en balançant des vertes et des pas mûres. Qu’il se sente blessé, je veux bien le comprendre, et pour tout vous dire, ça ne me fait pas plaisir, je ne m’en réjouis pas du tout. Mais son argument – par exemple – qu’il a mis « saules » au lieu d’ »ormes » parce qu’il croyait que c’était ça sans vérifier prouve une partie de son sérieux dans l’affaire, mais surtout (je le cite): « les ormes ayant été éradiqués par une maladie il y a des décennies, je ne sais pas s’il en reste quelque part » !!! Heureusement que Morrison n’a pas parlé de dinosaures, sinon on aurait eu droit à des lézards!!! Je n’ai pas lu Pavic mais Meyrink, oui. Mais bref. Je ne vais pas répondre à ces attaques une par une, car il faut bien qu’il se défende, mais il se trompe de combat et de personne. Il aura beau me dire ce qu’il veut et ci et ça, je m’aperçois une nouvelle fois que ni lui ni les autres ne me répondent sur ne serait-ce que ce putain de seul exemple: pourquoi avoir changé le génial « Clickety-Clack-Tack » par « Plic Ploc »? Et après il s’étonne que ça gueule? Tu as raison, Nikolavitch, mon « absence de conscience des failles structurelles de (mon) discours est très inquiétante », je dois être un petit facho de gauche qui s’ignore, jouissant d’un double langage où je me masturbe de satisfaction sans me rendre compte que je suis tombé bien bas, pour en arriver à écrire de pareilles bassesses… Ok je t’ai bien botté le cul, dans mon article. Tu as le droit d’être de mauvaise humeur tout comme ta trad’ m’a mis de mauvaise humeur. Mais je ne savais pas qu’en criant au scandale pour défendre un auteur on était forcément malsain et immature, un pauvre être bouffi d’orgueil masochiste… Décidément, il ne fait pas bon se révolter contre le nivellement des esprits par le bas… Si ce coup de gueule révélait le pauvre frustré névrotique que je suis, quel talent ai-je eu de faire illusion pendant 6 ans et 300 articles où j’ai toujours défendu les belles choses positivement ! On ferait mieux de s’interroger sur le fait qu’un non-polémiste comme moi pique une telle colère… Enfin, me dire que je joue le pourfendeur masochiste et fausse victime alors qu’il finit sa réponse en rappelant que je lui fais penser à ces fils d’officiers qui l’ont méprisé à cause de son nom yougoslave quand il était à l’école, voilà qui est parfait! Parce que j’ai osé dire que sa trad’ c’est de la merde, me voici même comparé à un militaire limite fasciste, et que mon discours doit certainement lui rappeler les heures sombres des temps de guerre! Ah le vilain nazi que je suis! Dans son sursaut final, Nikolavitch dit que je suis un petit bourgeois qui se crois gardien de la culture et qui adopte une posture qui lui rappelle Alain Soral. Je le cite d’autant plus volontiers que ça me fait bien mal au c.. de me faire comparer à ce « mec ».Franchement, même si je ne l’ai pas épargné et qu’il me répond vertement avec ses sous-entendus de supériorité, je ne vais pas jusqu’à aller dire que Nikolavitch est un facho. Lui si. Qui va le plus loin de nous deux? S’il trouve que mon coup de gueule est violent, qu’il ne se croit pas plus digne et plus haut que le dangereux névrosé que je suis, car moi je ne lui fais pas porter mes blessures identitaires. Moi aussi on m’a appelé « rosbeef » à cause de mes origines britanniques. Je ne vois pas ce que ça vient faire ici; on tombe bien bas. Pardon pour ma colère. Mais toi pardon pour ta trad’.

    Désolé pour ma colère qui a blessé. Mais pas désolé du fond de mon discours. Pas du tout. Plic. Ploc.

    Bisous à tous,

    Cecil McKinley

    PS:
    Et j’oubliais: dans sa réaction Nikolavitch en profite pour dire qu’il ne connaissait pas notre « obscur site » (tout de même le premier portail web BD depuis 2001, et de toute façon même si nous l’étions, obscurs, est-ce là un argument? C’est le plus voyant et le plus « important » qui détient la vérité et qui a le droit de s’exprimer?) et qu’il n’aime pas Moliterni, pour les mêmes raisons débiles que ceux qui ne l’ont pas connu ni voulu reconnaître ce qu’il a fait. Ce n’est pas parce que j’écris ici que j’ai la même vision de la BD que Moliterni (et d’ailleurs, quelle vision: la légende faussée du vieux réac bloqué à l’âge d’or, ou celui qui parla dès 1989 de Kent Williams qu’il adorait, ou Dave McKean avec qui il déconnait à Amadora?). Sans Moliterni qui défendit les comics dès les années 60, ayant été le premier à inviter Hogarth, Eisner ou Bodé en France, emmenant Dionnet, Pratt & co pour rencontrer Kirby à New York en 72, les comics auraient-ils eu la même histoire en France? Je ne pense pas. Claude ne fut pas le meilleur scénariste du monde, je suis d’accord. Mais c’est oublier un peu vite la création de « Phenix », et l’expo BD de 1967 aux Arts Déco, son travail éditorial à « Pilote » où il sauva la mise à Pratt et Tardi dont Dargaud ne voulait plus, les aiguillant sur (A Suivre)… On connaît la suite… Sans ces pionniers, pas de Nikolavitch, pas de McKinley; du moins… pas comme ça!

  9. Je précise ma pensée : à titre personnel, je trouve que « plic-ploc » traduit très bien le son de la pluie.

    • Cecil McKinley dit :

      Hello Edmond.
      Mais je suis d’accord avec toi: à titre personnel, je trouve aussi que « plic-ploc » traduit très bien le son de la pluie. C’est parfait! Mais là où ça me gêne terriblement, c’est quand l’adaptateur (oui, je vais arrêter de parler de traducteur) adapte tellement qu’il en dénature l’auteur.
      Que je sache, Morrison n’a pas choisi « Flic-Flac » ou une onomatopée dans le même genre de son et de longueur. Pour vous, c’est anodin ou accessoire, que Morrison se soit fait chier à trouver une aussi jolie mécanique que « Clickety-clac-tac »? Car justement, Morrison n’a PAS choisi l’onomatopée qui rappelle le plus le son de la pluie, non, même pour cela, il a choisi de construire une onomatopée rythmique-hypnotique assez longue, pas juste deux gouttes, mais une danse de gouttes exprimant elle aussi la folie. Qu’on ne me dise pas que tout se vaut, que « Plic » vaut bien un « Clac », comme si un auteur comme Morrison ou Gaiman écrivait au petit bonheur la chance et que tout ça n’a pas beaucoup d’importance. Je suis très étonné de devoir batailler sur ce genre de chose, comme si mon exemple de « Dodes’kaden » dans l’article ne suffisait pas. Si Kurosawa a construit son titre ainsi pour rappeler le bruit du tramway qui passe, je ne vois pas l’intérêt de l’adapter par « tchou-tchou ». C’est pareil. Haro sur la poésie des artistes?
      « Plic-Ploc », c’est la petite pluie tranquillounette. Ce n’est pas la pluie du Joker et d’Arkham. On n’est pas dans « Martine à la ferme », quand même! « Clique-tic-clac-tac » participe du reste de la musique hypnotique du texte dans son ensemble. Ça fait l’ouverture et la fermeture du texte, comme une petite musique intérieure un peu folle, qui donne le ton, dès le départ, pour nous plonger sans préavis dans la folie. Quand on a la chance de bosser sur un auteur qui nous sort du « Clickety-clack-tack », je trouve ça dramatique de l’appauvrir autant avec un plic & plouc.
      Mais, Edmond, même si l’on n’est pas forcément d’accord, toi au moins tu me parles du réel sujet de mon article, et je t’en remercie vivement. Car c’est bien fait pour moi, je me suis mis en rogne et je récolte les réactions outrées, ça j’accepte, mais je ne comprends vraiment pas pourquoi on ne me parle que des conséquences et non de la cause, ne retenant de moi que « oh il est pas cool, le mec » et en éludant les exemples précis que j’ai donnés et qui me mettent en rogne. Et pour couper court à toute idée d’acharnement bête de ma part, sache que je ne souhaite qu’une chose: que Nikolavitch adapte le mieux possible à l’avenir afin de nous donner de beaux moments de lecture. Alors que j’ai déjà chroniqué des dizaines d’albums « adaptés » par lui sans forcément apprécier son boulot, je n’ai jamais moufté; si, une fois, un tout petit peu. Là, si j’ai explosé, c’est qu’il y a une raison, quand même… Et je serai le premier à l’applaudir s’il nous pond un chouette truc. Je n’ai rien contre lui. J’en ai après sa trad-ci. N’est pas Manchette qui veut.
      Bien à toi,

      Cecil

  10. juju dit :

    Bravo à l’auteur pour ce coup de gueule que j’ai trouvé très bien argumenté avec des exemples pertinents. De mon côté étant récent lecteur de comics (on commence bien quelque part), je me pose de plus en plus la question de passer à la VO car je goûte assez peu les adaptations et j’ai la chance de plutôt bien comprendre la VO.

    • Cecil McKinley dit :

      Bonjour Juju,

      Merci de votre message, et surtout de votre ressenti qui parle plus de mes arguments que de ma colère qui apparemment incommode beaucoup le consensus… Et que vous trouviez mes exemples pertinents ne me fait pas moins plaisir, car au-delà de tout regard superficiel, oui, j’ai écrit cet article en ayant un vrai travail intellectuel, et non en vomissant des choses qui n’ont jamais été dans mon estomac. Pour le reste, si vous comprenez plutôt bien les VO, alors pourquoi pas tenter le coup, cela pourra vous éviter quelques déconvenues!

      Bien à vous,

      Cecil McKinley

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