Saviez-vous qu’en 1916, à Unicoi (comté de l’État du Tennessee, aux États-Unis), une éléphante prénommée Mary a été condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait ? Eh oui, en Amérique, à cette époque-là, on ne rigolait pas avec la loi, même en ce qui concernait les animaux à qui ont accordait, suivant la croyance populaire, une conscience morale. La plupart d’entre eux devant alors être exécutés, il y aurait eu, d’après l’excellent narrateur et dessinateur David Ratte (1), des bourreaux assermentés qui devaient parcourir tout le pays pour appliquer la sentence suprême à ces bestioles assassines, à la suite de décisions issues des procédures fédérales. C’était d’ailleurs le métier du jeune Jack Gilet : un type un peu paumé qui aimait tellement les animaux qu’il ne voulait pas qu’on les abatte comme des bêtes…
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Cette série policière concoctée par la dessinatrice Annie Goetzinger et le scénariste Pierre Christin (dont l’association a déjà produit nombre de chefs-d’œuvre du 9e art comme « La Demoiselle de la légion d’honneur » ou « La Voyageuse de la Petite ceinture ») se veut volontairement – et subtilement – désuète : mêlant toujours aussi habilement comédie sentimentale, investigation policière et chronique sociale d’une époque disparue. Ça sent si bon la France, du début des années 60 !
Quittant son 12ème arrondissement parisien, cette belle femme blonde âgée d’une quarantaine d’années qu’est Édith Hardy marche sur les traces du Nestor Burma de Léo Malet : elle se rend dans les beaux quartiers, place Vendôme, où un prestigieux joaillier lui confie une affaire, aussi cocasse que douloureuse, concernant la réapparition surprise de diamants volés à une grande famille juive de collectionneurs mélomanes, laquelle a été exterminée par les nazis pendant la guerre.
Si, pendant les premières pages, notre charmante détective se balade une nouvelle fois dans le décor humain et urbain d’un Paris d’après-guerre parfaitement recréé, elle va vite devoir se rendre en Algérie, pays ravagé par ce que l’on appelait alors les «événements» : l’histoire prend, alors, une tournure politique en lorgnant du côté des romans d’espionnage à la John LeCarré ; le sens narratif aiguisé du scénariste de « Partie de chasse » et de « Valérian » permettant aussi, finalement, de dresser le magnifique portrait d’une femme évoluant dans un monde en pleine mutation.
Et, bien entendu, on ne peut être qu’admiratif devant le graphisme raffiné et élégant d’Annie Goetzinger ! Comme à son habitude, la dessinatrice « modiste » (elle a notamment conçu les costumes de la première adaptation théâtrale française d « Autant en emporte le vent » et a souvent collaboré avec le Musée du costume) excelle dans la représentation stylisée de ses personnages et dans la réalisation artisanale de ses couleurs pastel…
Gilles RATIER
« Agence Hardy » T7 (« Les Diamants fondent au soleil » par Annie Goetzinger et Pierre Christin
Éditions Dargaud (11,99 €) – ISBN : 978-2205-06709-5
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